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lieux communs (et autres fadaises)
26 février 2013

votre inquiétude ne me sert à rien

AMOUR
de Michael Haneke

Donc, j'ai fini par voir Amour, qui passait à Besac à une seule séance quotidienne (à 17h30, alors quer le film est long et qu'il neigeotait), et ce pour plusieurs raisons :
- il me restait une place de ciné à consommer impérativement jusqu'au 23 février (aujourd'hui donc, ceci est ce que nous nommons -private joke - dans notre jargon technique une date butwâr, qui m'aime me comprenne)
- ce qu'on pourrait nommer l'"effet-Césars" (5 tout de même qu'il en a raflés!) et la curiosité qu'il suscite
- le fait que j''adore aller au cinéma avec Emma (oui c'est comme ça)

Donc nous y voilà (dans la petite salle) et ça commence. déjà, ça m'agace un peu, ce générique minimaliste, texte en blanc sur fond noir, aucune musique, comme si ce grand rigolo de Michaelchounet nous poussait du coude en disant "Il est bien austère, hein, mon générique, préparez-vous à souffrir en silence, ach ach ach...". Mais, hop, tout de suite on est dedans (premier plan : une salle de spectacle, où les spectateurs -huhuhu- sont assis et nous font face, parmi lesquels on reconnaît nos deux héros Emmanuelle Riva et Jean-Louis Trintignant, qu'on ne quittera plus, d'ailleurs, jusqu'à la fin du film. Effectivement, après, je n'ai plus du tout pensé à rigoler, juste à penser que cette avalanche de Césars et de récompenses était plus qu'amplement méritée. ils sont tous les deux sublimes, il n'y a pas d'autre mot (et j'aurais bien ajouté quelques lauriers du même métal pour Isabelle Huppert qui joue leur fille) dans le quasi huis-clos de cet appartement aussi étouffant que mortifère (d'ailleurs, on sait dès le début comment ça va finir, et la caméra-scalpel de haneke va s'attacher à retranscrire impitoyablement  l'évolution du mal qui frappe Emmanuelle Riva, des premiers symptomes jusqu'à la mort.
Force est de reconnaître que c'est outrageusement bien filmé (de la même façon j'ai outrageusement bien pleuré -et je voyais bien, du coin de l'oeil, qu'Emma était dans le même état que moi, ô bonheur de la communion lacrymale -), et que, paradoxalement, ce film est sans conteste le plus "doux" de Haneke : pas de verre cassé pour mutiler, de rasoir pour trancher la gorge, de pistolet à tuer les cochons, de porte qui se ferme sur une scène d'inceste, et autres joyeusetés hanekiennes habituelles (je dois préciser que j'ai, par rapport à Haneke, les mêmes réticences que, par exemple, à un moindre degré, pour Jacques Audiard, dans ce rapport fasciné qu'il a avec la violence, mais qui se double , chez Haneke, d'une rigueur, raideur plutôt, de moraliste, qui se (com)plaît à mettre aux spectateurs le nez dans le caca de leurs contradictions (voyeurisme par rapport à ladite violence, notamment : en ce qui me concerne, j'ai décidé que je ne verrais jamais Funny games, par exemple), juste cette ligne tendue qui va de a la vie à b la mort, sans les effets malsains ou sadiques (gore ou trash) qu'il suscite habituellement.
Le film est bouleversant par ce qu'il a d'humain et d'universel, et ce à quoi il nous renvoie chacun. Et lorsque la parenthèse se referme, et que le réalisateur nous refait le coup du générique minimal et sans musique, c'est cette fois-ci plus justifié qu'à l'ouverture, puisque, après la mort, il s'agit de remettre le pied dans la vie. En parlant de musique, il est tout de même très malin, M.H, puisqu'on entend bien, de la musique, mais c'est de la "vraie", en situation, que les gens jouent en vrai, ou des vrais disques qu'ils écoutent, dans leur appartement. De la musique "de l'intérieur".
Un sacré film qui vaut mieux que toutes les postures poseuses et rigoristes que peut prendre son réalisateur.

20121556

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