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lieux communs (et autres fadaises)
11 mars 2013

guéridon

LA FILLE DE NULLE PART
de Jean-Claude Brisseau

Très étonnant. J'avoue que j'avais abandonné Brisseau il y a quelques temps déjà (sur un grotesque Les savates du bon dieu), et que ses sulfureuses ou vendues comme telles réalisations suivantes, je m'en étais tenu à l'écart (non par risque d'excommunication prononcée à la baîonnette et au goupillon par ma copine J.  dite "Grou-Grou", mais simplement parce que a) ça ne m'intéressait pas et b) de toute façon ça n'est jamais arrivé jusque chez nous...)
Ce dernier film, couronné à Locarno par Apichatpongounet présentait un cas de figure sensiblement différent puisque les odeurs de souffre postpubères en semblaient a priori exclues, et nous l'avons donc programmé dans le bôô cinéma, sans d'ailleurs provoquer les foudres démissionnaires de J. que nous avions un moment craintes.
Etait-ce parce que juste avant le film on nous a projeté la bande-annonce de La religieuse (où, entre parenthèses,  Huppert et Bourgoin semblent vraiment déguisées, et les ébats saphiques et encorenettés que j'avaient fantasmés n'étaient finalement pas aussi loin que ça du compte du tout, fermons la parenthèse), toujours est-il que j'ai vu en La fille de nulle part un film plein de... ferveur, et pour filer la pieuse métaphore, entre jansénisme et illumination mystique (vous voyez, dans le genre Ste Thérèse d'Avila, les yeux pâmés, Jésus mon amour, toute une imageie sulpicienne à la fois dévote et charnelle).
Et pourtant, au départ, sur le papier, le film ne laisse aucune chance : un prof de maths à la retraite, veuf, recueille chez lui une fille qui vient de se faire tabasser sur son palier, qui va l'aider à écrire son prochain bouquin de philo, sur le thème des croyances. Et voilà qu'il se met à se passer des trucs zarbis dans l'appart. Ouah! Quand on sait que les rôles principaux sont tenus par le réalisateur -à mi -chemin physiquement entre Gros gégé et un camarade jurassien que je surnommerais Groumph - et son assistante, que le film a été tourné dans l'appartement même du réalisateur, avec trois euros six cents (modernisons les expressions) on devrait logiquement être tenté de fuir.
Sauf que pas du tout. On est fasciné (même si j'avoue qu'au début, les échanges philosophiques sur le contenu du bouquin m'ont semblé passablement abscons, mais, finalement, c'est comme si j'avais regardé du Béla Tarr non sous-titré) oui, sidéré, médusé, attendri (l'usage de la musique de Malher y est sans doute pour quelque chose, tellement c'est doux) par cette variation aussi personnelle qu'économe sur l'amour fou, et la façon dont il perdurerait entre deux êtres au fil des siècles par alternance, l'un étant forcément plus vieux que l'autre à chaque fois, mais les rôles également s'inversant. Un peu de Bresson, un peu de Garrel, et beaucoup de Brisseau aussi (vous souvenez-vous de Céline ?), où il serait question de la force que génère le besoin de créer.

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