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lieux communs (et autres fadaises)
7 septembre 2013

la chute d'un corps

UNE PLACE SUR LA TERRE
de Fabienne Godet

On y est allés un peu par hasard (on avait des places à tarif réduit, il y avait une séance à la bonne heure...) sans rien savoir du tout du film, à part son affiche. Dès le début, j'ai senti que quelque chose se passait, quelque chose de fort que faisait résonner le personnage joué par Benoit Poelvorde, celui d'un "photographe alcoolique et raté". Je redis ici encore une fois l'admiration que j'ai pour ce bonhomme, surtout lorsqu'il est, comme ici, tout en retenue, minimaliste, clos. Grandiose. Ce mec-là a un charisme invraisemblable, et offre à son personnage une profondeur d'abîme, sans qu'on sache jamais exactement ni pourquoi ni comment il en est arrivé là. Il m'a véritablement scotché (je pense que j'ai passé la première moitié du film avec les larmes aux yeux, et cette chose, dans la poitrine, qui te broie un peu le coeur, sans que tu saches si c'est plus agréable que douloureux, ou le contraire. Un certain état de grâce cinématographique qui est au-delà du plaisir "normal" que peut offrir un film "habituel".)
J'ai du être sensible au fait que le personnage est photographe, "accidenté de la vie" (on n'en saura jamais beaucoup plus), qu'il s'occupe souvent du jeune fils de la voisine (qui n'est pas là souvent, -la voisine-), qu'il découvre la jeune voisine d'en face, joueuse de piano et suicidaire occasionnaire, et que de cette rencontre va naître quelque chose qui fait l'essence du film.
Je l'ai dit, la première partie du film, est, à mon sens, éblouissante (l'ironie amère de Poelvoorde, sur des dialogues très écrits, est fort réjouissante), et on peut, peut-être, regretter ensuite que l'histoire fasse un peu du sur-place, sans parvenir vraiment à se renouveler. Surtout le (beau) personnage de Poelvoorde, qui continuera imperturbablement d'écluser des godets. (C'est mon côté fleur-bleue youp la boum qui aurait sans doute voulu que tout se terminât merveilleusement bien). La faute peut-être au personnage de la jeune fille, qui reste elle-aussi peut-être un peu trop "en-dedans" pour justifier (ou pour nous permettre de mesurer l'intensité de ce qui se joue (de ce qu'elle provoque) chez le photographe. (Mais bon, c'est comme ça aussi dans la vie, quand on flashe quand on craque pour quelqu'un la personne en question ne justifie pas forcément l'intensité des transports qu'elle provoque, et la plupart du temps sans le savoir, hihi, j'en sais quelque chose puisque c'est essentiellement comme ça que je fonctionne, et toc.)
Mais bon je suis aussi extrêmement maladroit pour tenter de retranscrire ce qui, d'abord, a relevé pour moi de l'émotion pure (et l'utilisation de la musique de Phil Glass, celle de The Hours si je ne m'abuse a contribué à me perdre encore davantage), et ce n'est pas le fait d'utiliser des mots comme "mesurer" ou "justifier qui arrangera  les choses. Juste rajouter, par ce que j'ai oublié d'en parler, des affectueux décrochages qu'apporte le jeune Mathéo, le fils de la voisine, celui qui se déguise de temps en temps en princesse...
Il y a beaucoup beaucoup de malheur (et de souffrance, pas forcément dite d'ailleurs) dans le film (comme dans la vraie vie ?), pour chacun des personnages, et dans la plupart des situations. Et chacun doit faire avec. Certains font des photos (celles du film, d'ailleurs, sont très belles), boivent un coup, d'autres jouent du piano, ou font des fouilles sous-marines... il y a également beaucoup d'autres choses qui sont tues, et c'est ce qui fait la beauté et la force de cette histoire peut-être d'mour, en tout cas de recherche (affective ou un autre qualificatif qu'on aurait du mal à préciser, mais que je n'ai pas vraiment de mal à comprendre, re-hihi)
C'est en tout cas un magnifique  portrait d'homme blessé, magnifiquement incarné, porté, habité par Benoit Poelvoorde, qui vaut à coup sur infimiment mieux, que par, exemple la critique extrêmement mesquine qu'en fit, au hasard, Téléramuche.

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