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lieux communs (et autres fadaises)
31 mars 2014

carpes (semaine latino 3)

L'ETE DES POISSONS-VOLANTS
de Marcela Said

Décidément, cette 3ème Semaine du Cinéma Latino s'annonce de haute volée... Ce soir, je viens de voir ce film chilien, qui, lui aussi, s'ouvre sur des plans superbes (je ne peux pas réutiliser tout de suite "magnifique"!)  d'eau puis de brume, pour nous narrer l'histoire d'une adolescente, Mane, et d'un certain été (relativement pluvieux, d'ailleurs) (tiens, comme dans Tanta Agua mais pas du tout du tout de la même façon)
Troisième film sur quatre, aussi, à évoquer/dénoncer les rapports de domination (riches / pauvres, oppresseurs / opprimés). Les opprimés sont ici les descendants des indiens Mapuches, dépossédés par les riches propriétaires fonciers du sud chilien, qui les tolèrents -tout juste- sur les terres qui apparetnaient pourtant à leurs ancêtres.
La jeune fille se révolte contre son père, qui lui, n'a qu'une idée en tête : éradiquer les carpes qui prolifèrent dans ses étangs. Il y a aussi le jeune Pedro, qui est employé par le père, qui fait partie des Mapuches, qui va se rapprocher de la demoiselle, et va jouer un rôle important dans la suite de l'histoire.
Le film joue de l'antagonisme très fort entre cette nature sublime (eau, brume, joncs, forêts) et sublimement filmée et le comportement détestable -et, malheureusement habituel- des arrogants - et terre-à-terre- propriétaires. Pierre après pierre (ou écaille après écaille) la tension monte, inexorablement, et la fascination gagne, de ce qui nous est montré, ou pas, sans qu'on l'on ne comprenne tout, ou pas.
Magnifique, quoi!

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30 mars 2014

chienne (semaine latino 2)

WORKERS
de Jose Luis Valle

Encore un film qui vous empoigne dès l'ouverture. Un plan magnifique, clin d'oeil involontaire, sans doute, au Five de Kiarostami,  d'oiseaux sautillant au bord de la mer, la plage ainsi longée en travelling, puis coupée par une haute jetée en ciment, elle aussi surmontée de multiple oiseaux, qu'on longe, puis d'un haute palissade, au travers de laquelle une femme, avec un enfant, observe ou parle quelque chose ou avec quelqu'un, de l'autre côté, qu'on ne voit pas, pour terminer sur un homme, assis seul lui aussi sur la plage... Magnifique!
On va ensuite suivre, alternativement, Rafael, un vieil homme qui a décidé de s'acheter des chaussures parce qu'il compte , dès le lendemain, demander à son employeur (un fabriquant d'ampoules qui commence par PHIL) une retraite visiblement bien méritée, et, ailleurs toute une série d'employés de maison, aux ordres d'une vieille peau richissime et mourante, flanquée d'une chienne efflanquée dénommée Princesa, parmi lesquels une femme, qu'on identifiera assez vite comme la femme de Rafael (ils se sont, apprendra-t-on, séparés après la mort accidentelle de leur fils de 3 ans, 30 ans auparavant...)
La vieille va mourir, léguant sa fortune à sa chienne, puis à ses employés, si par malheur la chienne venait à décéder, de mort naturelle, bien entendu, tandis, qu'en face, Rafael se voit signifier le refus de son départ à la retraite pour cause de papiers manquants (il est immigré clandestin), et se voit forcé de rempiler pour une durée indéterminée. Jusqu'à une double conclusion qui fait sourire jusqu'aux oreilles (pour une fois que les petits gagnent contre les gros! même si, comme me l'a dit Hervé, "on sait bien qu'il s'agit d'un conte!")
C'est filmé de façon magnifique (oui je sais, j'utilise cet adjectif déjà pour la troisième fois, mais c'est mérité), en plans-séquences que d'aucun trouveront lents, d'autres fastidieux, et d'autres, enfin (dont je)... magnifiques! (un plan fixe, ainsi, d'un bout de rue de Tijuana, avec la tombée progressive de la nuit et tous les micro-événements qui peuvent s'y dérouler m'a ainsi tout spécialement fait jubiler).
Culotté et couillu! (et amphore d'or au Festival de Groland de Toulouse, comme l'avait été l'année précédente Le grand'tour, je ne peux donc qu'applaudir...)

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28 mars 2014

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LE SENS DE L'HUMOUR
de Marilyne Canto

Un film joli, simplement. Ou, tout autant, simple, joliment. Un film à 3 personnages : Elise, la femme, jeune veuve, Léo, son fils, et Paul, le nouveau copain. Trois personnages pas forcément si simples en apparence, servis par trois acteurs remarquables : Marilyne Canto est Elise, Antoine Chappey est son amoureux (il l'est aussi dans la vraie vie) et, si tous les deux sont bouleversants de justesse, ils sont éclipsés par le jeune Samson Dajczman, parfaitement bluffant pour un non-professionnel (et un premier rôle au cinéma).
Faire son deuil, la réalisatrice en avait déjà parlé dans un très beau court-métrage, en noir et blanc, Fais de beaux rêves, sur cette situation autobiographique pour elle. Avec Maud Ameline, sa co-scénariste, elles ont tricoté une belle chronique de vie, à base de quotidien, de "routine", de gestes affectueux, de choses dites (pas toujours aimables) et non-dites (pas forcément désagréables) où les trois personnages mettent en place la partition de la petite pmusique que sera vraismeblablement bientôt leur vie commune...
Et, dans le bôô cinéma, on était encore plus contents de pouvoir accueillir la réalisatrice, Marilyne Canto, et la co-scénariste, Maud Ameline, pour échanger , justement, sur le beau film qu'on venait de voir, et la façon dont ces choses-là se font (écriture, mise en scène, tournage).
Conversation que les veinards (dont je ne faisais hélas pas partie, pour cause de travaillage le lendemain) ont pu continuer chez Claude W., autour d'un, paraît-il, fameux osso-bucco et de moult et moult desserts, nous confirmant, a posteriori, combien ce petit bout de femme (Marilyne C.) était absolument délicieux...

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28 mars 2014

essorage (semaine latino 1)

LES BRUITS DE RECIFE
de Kleber Mendonça Filho

Il y a certains films où on a du mal a rentrer, et d'autres qui vous happent, dès le générique, irrémédiablement (et jubilatoirement) et c'est le cas de ce très sonore et cinématographique Les bruits de Recife. Une scène d'ouverture très forte avec juste des photographies en noir et blanc de gens qui vous regardent dans les yeux, accompagnée d'une musique obsédante et de plus en plus forte, qui vous laisse augurer un film... qui n'est pas du tout ce que vous allez voir, mais vous met illico dans une sorte de transe, un état de réceptivité optimale pour ce qui va suivre.
Un film choral, dense, intense, avec plein de personnages en rapport ou pas les uns avec les autres, et une multitude de vignettes, de micro-incidents, qui viennent ajouter leur petite musique propre, leur petit bruit à eux, aux joyeux (?) vacarme ambiant. Tout ça dans une zone urbaine à la superficie assez réduite,  à peine un quartier, juste quelques rues qui en font le tour. Une femme qui a du mal à dormir à cause d'un chien qui aboie, un jeune homme qui cherche à savoir qui a piqué l'auto-radio dans la voiture de sa nouvelle copine avec qui il vient de passer la nuit, des vigiles qui prospectent chacun des habitants de la rue s'ils souhaitent qu'on assure leur protection, voilà quelques lignes de résumé(s) qu'on pourrait faire.
Mais le film est beaucoup plus que ça, brassant tout  un tas d'images plutôt réalistes et contemporaines, "prosaïques", rassurantes, et les enrobant dans une pâte sonore extrêmement (et brillamment) travaillée (le film a récolté des prix un peu partout dans tous les festivals où il a été projeté avant qu'on daigne le sortir en France), mais en y instillant, progressivement, insidieusement, des éléments "fantastiques" (d'abord de brèves images inquiétantes, puis des séquences carrément terrifiantes) qui viennent contaminer, irradier cette masse narrative qu'on pourrait presque, sans cela, qualifier de banalement chorale.
Comme l'an dernier, ce sera le premier film vu de cette troisième semaine latino qui en restera le souvenir le plus fort).
Incontestablement, un film ambitieux, fascinant, qui pousse au maximum, en même temps que le bouton du son, le rhéostat de nos petites angoisses urbaines civilisées. ("Et j'ai pu dire en sortant "c'est mon film brésilien préféré de tous les temps...")

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24 mars 2014

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24 mars 2014

playlist

Les 25 préférées sur le mix mars 2014 (par ordre alphabétique)

1 (If there's) no hope for us Arab Strap
2 Appelle quand tu te reveilles Renan Luce
3 Bagdad Mixatac
4 Birgham Mixatac
5 Box and knife Malcolm Middleton
6 Crappo the clown Malcolm Middleton
7 De ceux Fauve
8 Death love depression love death Malcolm Middleton
9 Dream sequence Arab Strap
10 Jacob and the angel Suzanne Vega
11 Je mange Oldelaf
12 King creole Chicros
13 Kleenex Oldelaf
14 Loterie Fauve
15 Love on the run Malcolm Middleton
16 Painkillers and alcohol Judah Warsky
17 Phobic Mixatac
18 Red travelling socks Malcolm Middleton
19 Sea of love The National
20 Stink Arab Strap
21 Subset of the world Malcolm Middleton
22 The League Nasser
23 Une belle fille comme moi Bernadette Lafont
24 We're all going to die Malcolm Middleton
25 White Lilly Laurie Anderson

23 mars 2014

comme des voleurs

Si, étymologiquement, une musique peut être déconcertante, peut-être alors qu'une danse pourrait être déballetante ? ou détutuante ? sans doute un nouvel adjectif qu'il faudrait pour qualifier ce magnifique et singulier Salves (déjà, accorder deux adjectifs au masculin singulier à une titre féminin pluriel…) de et par et avec la Compagnie Maguy Marin (la chorégraphe elle-même était là, assise dans la salle, et est venue saluer à la toute  fin des rappels qui furent enthousiastes, certes, mais pas excessifs,  moins dithyrambiques, par exemple, que ceux provoqués par Kader Attou et sa compagnie Accrorap quelques semaines auparavant.)
Il semble que pas mal de spectateurs aient été désarçonnés, déstabilisés, (déçus ?), de voir un spectacle qui n'était pas de la "vraie" danse. Et pourtant…
Un plateau comme en chantier, en construction : des cloisons  grisâtres percés d'ouvertures, au travers desquelles on entrevoit des tas de planches qui vont servir à construire les éléments du décor (des "tables", principalement, de nombre, de taille, et de situations variables) où vont évoluer les huit interprètes.
Si la mise en route est "gentille", se faisant sans bruit et en pleine lumière, avec l'arrivée successive des danseurs sur le plateau (le premier sort des coulisses, les autres sont assis dans la salle), chacun suivant et repassant à l'autre (au suivant, justement) un "fil" plus ou moins (in)visible, la suite va plonger le spectateur dans une obscurité, ou semi-obscurité, percée de plus ou moins brèves trouées lumineuses permettant d'appréhender des micro-(s)cènes, des détails, des fragments, sortant brutalement de l'ombre et y retournant quasiment aussi sec.
Des gestes, des actions, des mouvements, qui vont ainsi se succéder, s'organiser, se répéter, à l'identique ou avec des variations, proposant au spectateur des lambeaux de fiction, des morceaux d'histoires, qui se jouent, se rejouent, se déjouent, noir/lumière/noir, dans une ambiance qui serait assez justement celle des rêves -ou des cauchemars-, avec cette façon qu'ont les images de l'inconscient de biaiser, de parfois s'organiser de façon récurrente, insistante, obsessionnelle, d'inquiéter sourdement en générant parfois un éclat de rire, quasiment à l'improviste ou en vous permettant de vous réveiller -clic!- quand ça devient trop pesant et que le coeur s'emballe… Répétitions ? Des tableaux qu'on trimbale, des tables qu'on met (ou qu'on essaie de mettre), des assiettes qu'on casse, des yeux qu'on cache, des gestes qu'on esquisse, d'autres qu'on esquive... Et des icônes aussi -des clichés- La liberté guidant le peuple, la statue de la liberté, une phrase de Beckett, Marianne, un ancien et honni président de la république, Elvis, bref des représentations, des signets, des citations, en rapport avec l'art, la culture, la politique, l'individu... qu'on verra, passer de mains en mains , repasser, être affichés (revendiqués ?), être accrochés, tenir, puis tomber, se casser, être ramassés...
Ca n'arrête pas de circuler dans tous les sens clic clac noir lumière noir, et j'avoue avoir pris un énorme plaisir -cérébral- à tout ce chahut très minutieusement organisé, même si , comme Emma me l'a fait ensuite remarquer fort justement, cette dégustation intellectuelle  ne s'accompagne pas d'une autre "véritable" émotion, comme pouvait en produire le spectacle de Kader Attou, pour ne citer que lui (rien que ce mec qui danse avec ses bras, au début, par exemple, et j'en avais les larmes aux yeux). non, pas ici d'émotion "douce". On est là, happés, scotchés, sidérés, malmenés plus ou moins, spectateurs. Comme pris en otage par la nuit, le bruit, séquestrés dans une boucle de cauchemar.
D'autant plus que la bande-son (cinq gros magnétos à bande sont installés sur le plateau, à intervalles réguliers) incite encore moins à la rigolade : bruitages électroniques, rumeurs, voix plus ou moins indistinctes, fracas, hachis sonore (il s'agirait plus exactement de lasagnes soniques, d'ailleurs, au vu de l'épaisseur, de la densité, de la texture sonore créée -pétrie- par Denis Mariotte)  perpétrant et entretenant  le malaise, les questions qu'on se pose,  les tentatives de rationalisation, l'effet de sidération induits par le déroulement de l'ensemble...
Et le spectacle se termine -ils ont finalement réussi à mettre la table, et celle-ci occupe toute la largeur du plateau- par une sorte de happening-défoulement (on se jette des choses dessus, on fait gicler de la peinture sur les gens et sur le décor, on se poursuit, on se frappe à coup de massue en plastique, on se colle des tartes à la crème sur la figure, qui semble dire "ah, vous en vouliez du spectacle, et bien prenez-vous ça en pleine figure!") où le son devient énorme et quasiment préjudiciable au système auditif du spectateur moyen (et tout ça se fait en pleine lumière, plus aucune coquetterie d'éclairage ou de clignotement, dans une méta-violence (parce que la fausseté de celle qui surgit sur le plateau est revendiquée, par opposition à l'autre, la "vraie" omniprésente partout et ailleurs que sur ce plateau) qui évoquerait plutôt un jeu joyeux de sales gosses qui se lâchent qu'une revendication politique ou un manifeste esthétique. Quoique.
Une libération. Une explosion. Une déflagration.

 

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22 mars 2014

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