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lieux communs (et autres fadaises)
25 mai 2014

xanax

DEUX JOURS, UNE NUIT
de Luc et Jean-Pierre Dardenne

Dans les films des Dardenne, il faut
1) Olivier Goumet et/ou Jérémie Rénier : c'est chose faite (à 5' de la fin, mais bon)
2) le plat pays qui est le leur : contrat accompli ici aussi
3) une héroïne, jouée par une actrice filmée amoureusement, et transcendée (Emilie Dequesne, Cécile de France, Déborah François) : ici, Marion Cotillard, qui est magnifiquement touchante tellement elle est juste
4) du filmage de dos, caméra à l'épaule, plus ou moins obstiné (et plus ou moins saoulant)
5) des salauds ordinaires, et des gens, plus ou moins malheureux, tout aussi ordinaires
6) un dilemne, ou un cas de conscience, ou un questionnement éthique : ici, il s'agit, le temps d'un week-end, de contacter 14 personnes avant un (re)vote, pour savoir si elles préfèrent garder leur prime de 1000€ ou éviter le licenciement d'une de leurs collègues...
7) au bout, une Palme d'or, ou un Prix du Jury, ou autre distinction honorifique lors de leur présentation au Cannes de l'année (là, on saura demain soir...)
Oui, y a que les imbéciles qui changent pas d'avis... (Là, je parle pour moi, et pas pour les protagonistes du film, quoique). Le résumé de l'anecdote, la présence de Marion Cotillard, les relents de ce cinéma dit "social" ne m'attiraient a priori pas vraiment. Mais dans "cinéma social" il y a, d'abord, "cinéma". Et force est de le leur reconnaître, cet indéniable talent de mise en scène, de mise en images, de mise en émotion, qui fait qu'en cinq minutes chrono j'étais happé, fasciné, kidnappé, béat.
Les acteurs y sont pour quelque chose, mais la réalisation aussi, je le répète. Sandra (Marion Cotillard, avec sa petite queue de cheval et son maillot rose) va faire du porte-à-porte, tout au long de ce week-end, avec des hauts et des bas (pourquoi en Belgique les sonnettes sont-elles si hautes ?) pour rencontrer un par un ses collègues de l'usine, ceux et celles qui ont déjà voté pour garder la prime, et qu'elle espère faire changer d'avis en sa faveur.
Au début, on craint le "procédé", la monotonie, la redite, mais c'est compter sans les Dardenne(s). Ils font de chaque rencontre un cas particulier, une vraie personne, avec sa peau, ses yeux, son existence, même si esquissée en quelques minutes, et j'avoue que plus d'une fois les larmes me sont montées aux yeux.
Le compte à rebours s'égrène, et l'espoir reprend. Parfois. Parfois pas. Au fil des rencontres et des heures qui passent (contrairement au titre qui est faux, ça me chiffonne, il y a bien deux nuits, puisqu'il y a aussi la nuit de dimanche à lundi). Je dois avouer que je me demandais comment, avec un sujet pareil, les réalisateurs allaient pouvoir négocier la fin de leur film sans dommage(s). Que la balance penche d'un côté ou de l'autre, ça pouvait être vraiment casse-gueule. Et ils ont l'élégance extrême, comme disait Bashung de "délaissant les grands axes, prendre la contre-allée", dans une fin à double détente, magnifique. (ou les verticales qui tranchaient l'image en deux, pendant toute la durée, du film sont enfin abandonnées, au profit d'une superbe courbe ascendante... yes, comme qui dirait,de l'espoir chez les Dardenne!)

490001

Commentaires
P
Film très touchant mais là aussi un scénario approximatif avec un accéléré improbable avec tentative de suicide, hospitalisation et reprise des démarches en une soirée peu convaincant... mais Marion Cotillard d'une exceptionnelle justesse dans ce registre...
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