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lieux communs (et autres fadaises)
7 juillet 2014

appétit

UNDER THE SKIN
de Jonathan Glazer

Que voilà un film singulier. Oui, le plus singulier, peut-être, depuis... pfffffh!
Je crois que je m'étais mélangé un peu les pinceaux entre les deux bandes-annonces, de celui-ci et de Lucy, de Luc Besson, à venir, pour cause de Scarlett Johansson, d'autre chose dont je ne parlerai pas, et, notamment,  de gros plan de pupille d'oeil...
Ici, dès le noir dans la salle, il faut un assez long moment pour comprendre ce que l'on voit. Au début, vraiment, on ne comprend rien,  c'est tout noir. La bande-son est elle aussi très énigmatique. Absconse mais fascinante. Puis surgissent des points de lumières, des sphères (ou objets célestes ?) sur fond très noir toujours... Je ne sais pas pourquoi, j'ai pensé soudain à 2001. Peut-être l'aspect "trip cosmique"...
Ensuite, on connaît ce qu'on voit, mais on ne comprend toujours pas (un motard, une femme morte). Et nous voilà face à la splendide  Scarlett J., sauf que pour une fois elle est brune. qu'elle se ballade, en Écosse, au volant d'un gros van, et qu'elle propose à des messieurs tout seuls de les déposer là où ils veulent aller. (J'ai pensé à Patricia Arquette dans le Lost highway de David Lynch, je ne sais pas trop pourquoi...)
On commence ensuite à comprendre un peu ce dont il s'agit, puisqu'assez vite elle leur propose d'aller "plus loin" avec elle : et, toujours suivant le même scénario, ils entrent quelque part,  la voilà qui commence à se déshabiller progressivement et à demander au mâle passager de la suivre, ce qu'il fait bien entendu en se déshabillant lui aussi, sauf qu'on est dans le noir, dans un noir très noir, liquide et inquiétant, d'autant plus que le monsieur, finalement désormais kiki à l'air (oui oui, c'est un FAQV, enfin, un peu...) s'y enfonce progressivement, sans avoir l'air de réaliser ce qui lui arrive, fasciné qu'il est par la plastique de mam'zelle Scarlett, qui, elle, se contente de marcher à reculons de fort hypnotisante façon, mais, elle, à la surface du même liquide noir... La musique alors est faite de crissements de cordes, exagérant encore ce climat d'attente et d'inquiétude.
Un homme, puis un autre, puis un autre... Si le modus operandi reste le même, le spectateur se pose des questions sur les motivations, les explications, les implications de ce qu'il voit, et qui pourraît n'être qu'un détail d'une narration plus complexe.
Le film progresse par touches (et le même mot pourrait, de plus, évoquer à la fois la pêche à la ligne et la drague, en discothèque ou ailleurs) successives (les gens qui abordent la demoiselle dans son van sont de vrais gens, qui, au départ ne savaient pas qu'ils étaient filmés) sans qu'on sache, à chaque fois, vraiment ce qui s'est passé, on est toujours dans une narration partielle, où manquent souvent de vastes pans narratifs, sans être complètement sûr qu'elle est rectiligne et chronologique (ni même, simplement, logique).
On est, face à cette femme splendide et vénéneuse, dans le même état de sidération que les victimes consentantes qu'elle prend dans ses filets : oui, parfaitement fascinés, on avance et on se rapproche, insectes immanquablement attirés par ce faisceau de lumière noire, qu'on sait mortifère mais dont on ne peut pas s'échapper.
Fascination est bien le mot, avec une pointe d'inquiétude tout le long du film, puisqu'on ne sait jamais vraiment le fin mot de l'histoire, délicieusement perdus , délicieusement inquiet dans le brouillard narratif de cette histoire, et celui, physique et frisquet de cette Écosse ("parce que c'est nulle part") humide et venteuse.
Un dépaysement absolu, qui fait -peut-être- regretter le retour, en fin du film d'une narration plus calibrée et sans doute trop explicative... Resteront longtemps dans la tête cette ambiance délétère, ce beau visage de femme, ces images magnifiques, envoûtantes, ensorcelantes... Oui, véritablement, un "ailleurs" de cinéma. Pas forcément une destination rêvée pour séjour de vacances, mais la perspective d'y croiser Scarlett J. ne justifierait-elle pas, à elle seule, le déplacement ?

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