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lieux communs (et autres fadaises)
8 juillet 2014

dépoussiérer la poussière

THE HOMESMAN
de Tommy Lee Jones

Il y a des films, comme celui-là, qui vous subjuguent, d'autant plus fort qu'on ne s'y attendait vraiment pas. Oui, une magnifique et grosse claque. (on pourrait même aller jusqu'à la paire, allez). Tommy Lee Jones est un acteur que je connais depuis longtemps, et que j'ai vu se bonifier en vieillissant, au fil des films. Il est magistral, ici, dans ce rôle de vieux bougon briscard qui lui semble aussi confortable qu'une paire de pantoufles, mais j'avoue que, sur le coup, il est incontestablement supplanté par Hilary Swank, que je ne connaissais pas ou presque, et qui est extraordinaire, dans ce rôle de vieille fille de l'Ouest, quasiment Calamity Jane, souhaitant épouser des hommes qu'elle fait fuir. ou qu'elle épouvante...
Le film commence à un point A (un "patelin" où des femmes sont devenues folles, qu'il faut alors convoyer dans un autre patelin, appelons-le B, dans une carriole pourrie) et continue so itinéraire donc jusqu'à ce fameux point B, où il se termine ou presque (on a à peine  l'amorce du voyage-retour). C'est Hilary qui conduit l'attelage, bientôt rejointe par Tommy qu'elle a sauvé d'une mort imminente, et dont elle achète les services accompagnatoires pour la somme de 300 dollars, payable à réception des dames zinzin par l'épouse d'un pasteur (Meryl Streep, à la fin, magnifique, comme d'hab').
Une trajectoire linéaire (d'ici à là, trois folles plus ou moins furieuses dans une prison sur roulettes, une virago et un bandit), magnifiée par l'horizontalité minimaliste des paysages que le convoi traverse (la lumière et les cadrages relèvent du grand art, plans en scope de paysages coupés en deux par une ligne d'horizon avec pas grand-chose d'autre dedans, mais à chaque fois c'est grandiose).
On pense à La dernière caravane, de Kelly Reichardt, mais en moins désespéré, ou à Gold de Christian Petzold mais en moins... goguenard (?) -quoique-, ces revisitations lo-fi de nos westerns d'antan, sans vengeance, sans bon ni brute mais avec beaucoup de truands, sans quelques dollars de plus non plus (le fait d'être dans la dèche semble être une caractéristique commune aux personnages de tous ces films) ont un parfum délicieux de nostalgie, en même temps qu'une belle envie de réalisme (ils en rajoutent avec enthousiasme sur la crasse, les cheveux sales, les vêtements douteux).
Et Tommy Lee Jones est très fort à ce petit jeu (du coup, j'ai envie de voir son premier film, alors que je n'avais pas eu envie de le faire quand il était sorti). Le cadre, je l'ai déjà dit, est magnifique (c'est toujours délicat de reprendre ces critiques au bout, ni vu ni connu, d'une dizaine de jours, je vous précise donc que c'est là que se situe la coupure / la couture) et la magnificence du paysage (et l'intelligence de la façon dont il est "occupé") suffit pour suppléer au refus d'emphase, au rabotage des ressorts scénaristiques habituels à ce genre (le "western"). Je le répète, il s'agit d'un trajet, d'une trajectoire (ou de deux, plus tôt), d'un itinéraire, cinématographiquement cartographié, avec ses "points de vue" et ses "lieux-dits" (ou passages obligés) à intervalle réguliers, mais en mode mineur (traiter l'excès a minima, ça reviendrait donc à faire un truc... "normal" ?). Oui, à part une scène flamboyante et nocturne dans un hôtel (ou le personnage de Tommy Lee Jones fait péter les coutures du costume dans lequel il se retenait depuis le début), on assiste à un splendide exercice de modération (et il n'y a que quelques lettres à rajouter au mot pour le transformer en modernisation... )
Mister Jones, chapeau ! (de cow-boy, bien évidemment !)

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