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lieux communs (et autres fadaises)
8 janvier 2015

je suis charlie

charlie-hebdo-mahomet

oui ce soir Je suis Charlie
j'ai appris les choses en début d'après-midi et je n'ai pas tout de suite compris de quoi il s'agissait vraiment. Juste les mots fusillade et Charlie-Hebdo. Puis le nombre de nouvelles, de minutes en minutes, m'a fait lire plus attentivement les articles. J'ai vu les mots 12 morts et les noms de Wolinski, Tignous, Charb, Cabu.
Assassinés par deux hommes cagoulés, armés de kalachnikov et de lance-roquette. Des mecs entraînés, visiblement. Qui ont commis froidement cette boucherie au nom de la vengeance du prophète.
J'ai passé le début de soirée à regarder les infos sur les différentes chaînes, puis tenter de regarder les journaux télévisés. je dis bien tenté de. TF1 a bien fait son putassier racolage habituel (j'avais l'impression d'être dans le film Night call), l'odeur du sang, la fange nauséabonde, la gourmandise des vautours qui presque se pourlèchent les babines, l'appel à la trouille, barricadez-vous et restez-ci pour regarder, "ils" n'ont peut-être pas encore fini,France 2 a été un poil plus digne, France 3 idem, tandis que, sur Canal, De Caunes ne savait pas trop sur quel pied danser, ni quel ton adopter, tandis que, juste après, Yann Barthez a été le plus juste, passant des images d'archive concernant chacun des membres de Charlie assassinés, et répétant juste ces mots "ils ont été assassinés ce matin".
Ces mots invraisemblables.
Assassinés. Ces hommes qui faisaient partie de notre vie, qui nous accompagnaient depuis si longtemps (j'ai commencé à acheter Charlie dans les années 70), ils ne dessineront plus, ils ne me feront plus marrer chaque mercredi matin ou presque en découvrant le une de Charlie-Hebdo. Ils sont morts parce qu'ils dessinaient, parce qu'ils s'exprimaient, juste. Un stylo contre une kalachnikov. On parle d'eux, on parle des deux flics exécutés eux-aussi, mais il y a encore six autre personnes, des anonymes, des gens de l'équipe du journal, je pense, on n'en a rien dit de plus.
J'ai pleuré en voyant ces images, j'ai pleuré aussi en voyant l'ampleur des manifestations qui ont suivi. Des milliers de personnes qui se sont retrouvées, à Paris, et dans les autres grandes villes aussi, qui tenaient leur pancarte "JE SUIS CHARLIE", des bougies, en silence. Calme et dignité. Solidarité aussi, envers chacune des victimes de l'attentat, et façon de dire, nous sommes unis, unis pour faire face. La récupération politicienne faisait hélas aussi partie du lot de ces réactions. Celle du "nouveau président" de l'U*MP, notamment, m'a spécialement levé le coeur (on ne change pas les habitudes) et j'ai zappé. Mais, plus tard, j'ai même regardé un morceau du discours de Hollande.
Attentat, attentat meurtrier. Le plus meurtrier en france depuis 1960. Ce qui est paradoxal, et les aurait fait sans doute marrer, les mecs de Charlie, c'est qu'ils vont être les objets d'une journée de deuil national, que pour eux les drapeaux vont être en berne trois jour, que la quasi-totalité du monde politique va venir défiler et se prosterner devant leurs dépouilles, alors que, de leur vivant, ils (ceux de Charlie) n'auront cessé de dénoncer la connerie, religieuse, politique, de batailler, de ferrailler, de dénoncer...
Malou, tout à l'heure au téléphone, me parlait d'"orphelins". Oui, c'est ça, c'est bien ça, comme si on avait perdu quelqu'un de la famille, quelqu'un de proche, de très proche, mais ça multiplié par un, deux, trois, quatre... Des frères, des complices, des amis proches. On est choqués, perdus, sonnés.
C'est pour ça que ça fait du bien de se retrouver sur cette place, à dix-huit heures, ce jeudi soir, il fait noir, il pleut, une forêt de parapluies, on se serre comme pour se tenir chaud, on se parle, on se rapproche, oui on se réchauffe, c'est le premier rassemblement citoyen, celui à l'initiative des syndicats, et demain soir il y en aura un autre, au même endroit, à l'initiative de la municipalité et du PS (ce qui ne s'est vraiment pas fait souvent sous nos contrées!), et dimanche , ecore un autre, semble-t-il...
On se retrouve, on se parle, on écoute la brève mais touchante intervention d'un syndicaliste, et j'ai encore les larmes aux yeux, sous la pluie, à la fois par la teneur des mots qui sont prononcés, et par le fait de partager ce moment, cette ferveur...

une-charlie-hebdo

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