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lieux communs (et autres fadaises)
19 février 2015

ne vous retournez pas

IT FOLLOWS
de David Robert Mitchell

Chez Metrop*litan (le distributeur du film), ils ont un(e) attaché(e) de presse qui frise le génie -celui (ou celle) qui a su orchestrer  (mettre en place) cette unanimité de trompettes critiques louangeusisissimes (excepté, grosso modo, Pierre Muratchounet, mais c'en était presque trop prévisible) mérite vraiment des applaudissements tout aussi unanimes, et, allons-y, une standing ovation. (Je viens de vérifier, il semblerait que c'est un (attaché) et qu'il s'appelle Pascal Launay). Clap clap donc.-
Du coup c'est vrai que j'en avais très très très envie, et que j'ai profité de ma pause dominicale au FICA (le dimanche ici, c'est l'hor-reur!) pour filer jusqu'à Besac pour le voir, malgré un avis téléphonique rapide mais plutôt refroidissant de Dominique, qui l'avait vu hier. Passant outre, j'y ai donc pourtant couru.
Vous ne pouvez pas ne pas connaître le pitch (allez, peut-être que vous avez été dans le coma pendant quelques mois.... alors c'est juste pour vous au creux de l'oreille) : une bande d'ados américains, dans une petite ville américaine typique (on s'attendrait presque à voir écrit dans le coin "Haddonfield, Illinois") est la proie de "croquemitaines" qui se transmettent (ou dont on se débarasse, au choix) en faisant l'amour. (Et il n'y a que celui -ou celle- qui est contaminé qui peut voir "ce" qui le suit et le harcèle -et espère le boulotter, ou un truc du genre).
Ca commence classique : nuit d'été, quartier résidentiel, porte qui s'ouvre et nymphette en nuisette qui s'enfuit dans les rues, qu'on retrouvera au petit matin sur la plage, morte. Et ça continue dans la même ambiance : on fait ensuite connaissance de l'héroïne, celle qu'on va suivre pendant tout le film, d'abord avec un jeune homme en train de faire crac crac, puis en position moins agréable lorsqu'elle se retrouve attachée sur une chaise par le jeune homme en question  qui lui promet de ne  lui faire aucun mal, mais qui doit quand même lui expliquer le problème en détail, pour qu'elle tente d'y faire face. L'héroïne, donc, qui tente de faire face, aidée de ses copains/copines, ami(e)s d'enfance, voisin(e)s, sa bande quoi. (Comme l'a fait remarquer un critique, il n'y a pratiquement ni adultes ni enfants dans cet univers-là : que des ados, un micro-univers d'ados, avec des inquiétudes d'ados, des réactions d'ados, mais beaucoup moins stupides et clichetonnés que la majorité des ados vus au cinéma dans les films d'ados pour ados (à la différence que le réalisateur a déclaré avoir voulu -enfin- faire un film d'ados pour les adultes...)
Le film est malin, il faut le reconnaître, traçant son petit bonhomme de chemin horrifique (très légèrement horrifique, je vous rassure : ni sadisme crade ni sanguinolerie gore ni tripaille glauque à la mord-moi-le saw, le film est juste interdit aux moins de 12 ans) et tout aussi légèrement fantasmagorique, en suivant une très bonne idée de départ, mais qu'on a ensuite le droit de trouver pas forcément toujours aussi hyper-bien exploitée que ça par la suite (on a toujours l'impression que le réalisateur "en garde sous le coude", qu'il pourrait sans problèmes aller plus loin, plus fort,  mais qu'il se contente de ça, même si c'est déjà très bien, alors que ça aurait  pu être très mieux.)
C'est vrai qu'il y a des lointains petits airs d'Halloween, comme un clin d'oeil amical et complice à Papy Carpenter (le décor, les protagonistes, et, progressivement et de plus en plus au fil du film la musiquette électronique et plutôt bien foutue qui enveloppe tout ça) mais sans "le" croquemitaine, figure une indivisible et matricielle du serial-killer, (résumé-type : un méchant psychopathe extermine toute une flopée de jeunes gens de façon(s) violente(s) et horrible(s)), puisqu'on en aurait plutôt ici un certain nombre (chacun le sien) pas vraiment horribles ni spécialement défigurés. Inquiétants. Lentement inquiétants. Juste, ils marchent. (ce qui laisse aux victimes potentielles le temps de prendre un peu d'avance). On serait plus dans un patelin à la David Lynch (qui veut la peau de Laura Palmer) plutôt qu'à la Wes Craven (quoique... des ados qui rêvent... peut-être... qu'ils sont en train de rêver... hmmm where are you Freddy ?  Ne manqueraient plus que le pull rayé et la main en fer... mais manquerait alors l'humour grinçant, le sarcasme, que ne pratique pas en apparence David Robert Mitchell).
Disons, répétons, que le réalisateur est un petit futé, qui a bien assimilé ses bases et ses références, et nous concocte un univers à la fois très déjà vu et rebattu, mais pourtant éclairé plaisamment avec sa petite lampe-torche individuelle, son pinceau lumineux perso, toiletté avec sa musiquette à lui, et qu'on y prend plaisir, sans qu'on sache vraiment sur quelle étagère pouvoir le ranger par la suite. Quel est le pourcentage de "sérieux" ? Moi qui suis extrêmement bon public (je pleure quand il faut pleurer, je ris quand, etc.) là je dois dire que je n'ai -me semble-t-il- pas du tout eu peur. Ou alors presque pas. Ces zombies-là sont plutôt minimalistes, et impressionnent plus par leur obstination, leur détermination, que par les effets spéciaux ayant contribué à leur apparence. Ils sont à la fois présents et singulièrement absents, inexpressifs. ils sont juste là, on n'y peut rien, c'est inévitable, ils finissent toujours par être là, par y arriver. Et ces pauvres ados n'ont pas grand-chose à y faire, à part fuir et/ou  tenter d'avoir des rapports sexuels (que voilà un dilemne cruel pour la prude et puritaine Amérique contemporaine : le cul comme remède à la possession fantastique... fallait y penser, non ? (mais bon Pierre M. trouve ça dégueulasse).
Les Inrocks ont trouvé ça sublime (et le disent en gros sur toute la largeur de l'affiche) Mais paresseux aussi (et cajoleur) -c'est dit en petit dans l'article- . On a un peu l'impression que tous les journalistes ont peu ou prou fumé la même moquette,comme s'ils n'étaient pas allés voir un film de djeunz qui se font agresser par une entité maléfique depuis... oh au moins 30 ans! et que du coup ils se sont tous mis à ronronner d'aise en faisant quasiment sous eux de bonheur...
David Robert Mitchell a sans conteste réussi son coup, et moi, je crois qu'il faut que j'y retourne, pour savoir vraiment ce que j'en pense, et essayer de voir ce que les autres y ont vu...

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... J'ai touché l"fond l'a piscine..." (air connu)

 

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