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lieux communs (et autres fadaises)
29 mars 2015

peliculas latinas (1)

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Premier jour. Un joli film cubain "né sous une bonne étoile". Très, oui, très joliment filmé (et on voudrait nous faire croire qu'à Cuba ils sont pauvres!), l'histoire d'un joli couple (elle -dixit Joseline est "belle de partout"- tandis que lui -les yeux la barbe les frisettes- est mimi joli tout plein, et bien tout autant joli de partout qu'elle en ce qui me concerne, j'aimerais bien avoir un profesor comme lui) un peu à l'étroit dans sa maisonnette-hangarounet, où s'entassent les lits de la grand-mère un peu acariâtre et de la (grosse) fillette née d'un premier mariage de elle (à tel point qu'ils sont obligés d'aller forniquer ailleurs, les pauvres, même pas tranquilles chez eux), et un peu à l'étroit aussi dans ses finances : l'argent est rare et tous les moyens sont bons pour le faire rentrer, même ceux "que la morale réprouve" (ou que la policia verbalise). Elle travaille dans une usine vide, qui "attend sa réouverture prochaine", lui est instit et apprend, notamment à nager à ses élèves sur des chaises au fond d'une piscine sans eau... Un film doux, coloré, ensoleillé, verdoyant, épicé, tendre... Un peu indolent aussi, question scénar (tout est pratiquement joué dès le début, et pas grand chose ne sera solutionné à la fin, la vie continue, l'herbe est verte et les tracts continuent de pleuvoir), où quelques péripéties joueraient le rôle de glaçons dans un cocktail genre Cuba libre,  parfait pour ouvrir cette semaine sud-américaine.

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Là, c'est le deuxième jour, et ça rigole déjà nettement moins. Un film expérimental brésilien (si si) qu'on annonce de 1h35 mais qui m'a paru en durer deux. L'histoire d'un conducteur de tram et d'une surveillante vidéo du trafic, "librement adaptée d'une nouvelle d'Edgar Poe", et filme en -petit- format carré (arrondi dans les coins) format parfait par exemple, pour une scène de photos style photomatons ("changez de coiffure"). On s'ennuie assez longuement et assez longtemps (Il est seul, il est taciturne, ils se croisent, elle le draguouille, il ne répond pas à ses avances...), le format et le cadrage insistent sur la solitude et la mornitude et la démoralitude du héros (et donc du spectateur), oui on s'ennuie, et pourtant, et pourtant...  Soudain joue un certain effet de sidération, (à partir, me semble-t-il d'un plan magnifique de deux visages qui se croiseront jamais) où le spectateur (moi, donc) se sent moins exclus, et est comme pris par la main. Ou peut-être accepte de jouer le jeu. Il y a des chansons brésiliennes (qu'en principe j'abhorre, mais qui là sont tellement décalées qu'elles en deviennent savoureuses, une sur "quel bonheur" et l'autre sur "il est bon de se rappeler qu'un verre vide est rempli d'air") qui font penser que peut-être l'imperturbable et keatonien sérieux du récit (et de son personnage principal) ne seraient en fin de compte qu'un clin d'oeil complice déguisé. Ca vous donne en tout cas envie de lire cette fameuse nouvelle.

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Là c'était gala, un film en sortie nationale, on avait même réussi à avoir une actrice présente pour rencontrer les spectateurs (mais ce qui n'a pas été un argument décisif pour augmenter leur nombre et leur motivation, tant pis pour eux). Téléramuche l'avait chroniqué-expédié en quelques lignes à la limite du mépris, mais bon ça n'est pas tous les jours qu'on a la chance de voir un film péruvien!, et on s'était donc lancés. le film a été -assez idiotement  je trouve- retitré Un octobre violet à Lima (qu'on pourrait davantage supputer chronique lysergique et hallucinatoire) et raconte les histoires de plusieurs personnages (un flic et sa femme malade, un supporter de foot et son copain en prison, un faux-monnayeur et son envie de participer à la Procession du Seigneur des miracles) toutes histoires qui vont se croiser bien sur lors de la séquence finale, celle de ladite procession filmée "en vrai" (ambiance qu'on pourrait rapprocher de celle de la Bataille de Solférino, par le nombre et la ferveur de ses participants). Si le film a l'énergie, le rythme et les cojones, il pêche néanmoins par quelques maladresse(s) (flottements question interprétation, complexification inutile de la temporalité, utilisation insupportable de l'Adagio d'Albinoni pour "dramatiser" la scène finale..., surgissement réguliers des poncifs qu'on se doit de trouver dans tout bon mélodrame) mais comme je le disais, on n'a pas tous les jours une actrice péruvienne, et toute mimi de surcroît, qui vous fait la gentillesse de se déplacer, alors n'imitons pas Téléramuche, et indulgeons, et attendons donc le prochain film du réalisateur!

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Troisième jour : Une avant-première ! Le nouveau film de Lisandro Alonso, qu'on aime énormément ici et dont on a passé tous les films ou presque dans le bôô cinéma (et qui sortira le 22 avril!). J'avoue que sur le papier ça me faisait un peur : Viggo Mortensen, des dialogues en danois, co-production d'une demi-douzaine de pays, le film avait-il vraiment sa place dans la semaine latino ? Dès le début, je dois dire que j'ai été rassuré et conquis. D'abord par le nombre de spectateurs à la séance, qui confirmait donc qu'on avait bien fait de prendre le risque, mais, surtout, par le film lui même. Dès le premier plan, on est happé. Sous le charme. Séduit. Un format pas courant (rectangulaire arrondi dans les coins, comme les vieilles diapos en kodachrome 64, dont il a d'ailleurs le rendu magnifique des couleurs), une caméra qui se pose et reste encore même quand le personnage a quitté le cadre (de très longues focales, pour de très longs plans, c'est ça le bonheur cinématographique, exacerbé chez Lisandro Alonso). C'est Viggo Mortensen qui est au centre du  projet -et y a  aussi apporté des sous- (il a même composé la -parcimonieuse- musique), et c'est  normal qu'on ne voit que lui ou presque pendant une grande partie du film. L'ambiance rappelle, par exemple, celle de La dernière piste de Kelly Reichardt (film "en costumes" mais minimalisé, western "déchenillé", comme on dirait ici). Ici, la Patagonie, la fin du XIXème, des soldats, argentins, danois.  Mortensen joue un gradé danois dont la fille s'est enfuie pendant la nuit avec un jeune soldat, et qui part donc à sa recherche à travers la pampa. Et c'est sublime. (quand je suis enthousiaste, je suis enthousiaste!). d'autant plus que la toute dernière partie vous oblige soudain, spectateur béat,
-1) à remonter votre mâchoire avec votre main pour arrêter de baver d'admiration
-2) à reconsidérer tout ce que vous venez de voir et à vous interroger
Ca, c'est du cinéma, et du grand!

 

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J'ai vu celui-ci juste après Jauja, et c'était peut-être une erreur. D'abord parce que Jauja m'avait fait vraiment beaucoup d'effet, et ensuite parce que celui-ci, même s'il a obtenu le prix de la meilleure photo à Venise, est tout de même très très aride, quasiment documentaire à peine scénarisé, et que, étant fatigué, j'ai donc hélas eu du mal à résister et oui j'ai honte j'y ai pas mal dormi. Je me suis réveillé sur une image finale qui m'a fait me poser des questions, une image rétrospectivement glaçante. Ah, c'est un film chilien, qui parlent de dames qui élèvent des chèvres et font du fromage dans la misère, et apprennent que, par décision gouvernementale, lesdites chèvres doivent être abattues parce qu'elles bouffent toute l'herbe. On est au temps de Pinochet, mais, là où vivent les trois soeurs, tous ces évènements se déroulent très loin, et leur écho n'en parvient que très assourdi. Du cinéma incontestablement courageux, pour ne pas dire vaillant. Chapeau, donc.

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