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lieux communs (et autres fadaises)
27 novembre 2015

chipmunk

IN THE FAMILY
Patrick Wang

Ca y est, j'ai enfin réussi à le voir.
J'ai même bravé les éléments pour mériter cette séance à 14h au Kursaal (que j'avais inscrite sur mon agenda pour être sûr de ne pas l'oublier). je savais que le film était long (3h!), je connaissais les réticences d'Hervé concernat la seconde partie, mais, vous savez bien, il vaut toujours mieux se faire son avis propre, n'est-ce-pas ?
J'ai déjà dit ici tout le bien que je pensais des Secrets des autres, et ce premier film de Patrick Wang m'a mis quasiment dans le même état  d'enthousiasme cinéphilique et de surchauffe laudative.
(adresser ici une triple paire de gifles à Peauzitif, Les Cahiaîs, et le Mmonde, qui l'ont honteusement flingué, sans autre forme de procès que leur condescendance hautaine et méprisante.)

Le quotidien d'une petite famille, déjà. Sauf qu'ici le gamin (Chip) a deux papas : papa et papou. Sans en faire une montagne et en banalisant au maximum, il a deux papas, voilà. La maison, l'école, les week-ends, les repas de famille, l'histoire du soir, la nounou, juste le quotidien, simplement, quoi. Filmé avec grâce et attention.
Sauf que, bien sûr,  ça serait trop simple. Un des deux papas a un accident de voiture et laisse l'autre, Papou, tout seul avec l'enfant. Et ça pourrait continuer tout aussi simplement, sauf que. Le papa décédé n'a pas pensé a rédiger un testament et donc c'est sa soeur qui récupère tout : les comptes bancaires, la maison, tout, même la garde de Chip. La situation s'envenime rapidement entre Papou qui veut récupérer celui qu'il considère comme son fils, Chip, et les autres, qui le lui ont soustrait et comptent bien le garder. Chacun s'arc-boute sur ses positions. La situation se grippe inexorablement.
Dans le même temps, le réalisateur en profite pour, en quelques flash-backs judicieux (et très délicatement intégrés), nous raconter toute l'histoire de Papa, Papounet et Chip, depuis le début. La même façon de procéder (prière d'insérer pourrait-on dire dans le domaine de l'édition) sera utilisée, avec tout autant de bonheur, dans Les secrets des autres, avec juste un peu plus de procédés stylistiques (surimpressions, surtout).

Le film est long, mais jamais longuet. L'histoire est linéaire, quasiment rectiligne (hormis les quelques retours en arrière déjà évoqués) la narration en est simple et élégante (la façon de filmer le moment où papounet apprend l'accident de son compagnon, en est un exemple parfait), et le déminage de la situation est provoqué par un deus ex machina grisonnant et bonhomme, un avocat à la retraite, qui va prendre Papounet sous son aile, et voler à son aide, avec du papier et un stylo, en l'aidant à faire le point  pour organiser une audition (une confrontation) en présence de la partie adverse (sa soeur et son beau-frère et leur avocat, -abominable-).
C'est cette fameuse scène qui fait grincer des dents Hervé, et c'est vrai qu'elle est comme un bloc un peu lourd, de texture hétérogène,  inséré presque de force dans la fluidité du reste du récit. Une longue scène d'intérieur autour d'une table, bavarde, statique, certes, mais, pour moi, indispensable. Conventionnelle, -dans l'esprit des films de procès, elle donne la parole d'abord au méchant (l'avocat de la partie adverse) pour des questions affreuses, puis au gentil (l'avocat de Papounet), pour des questions qui vont rééquilibrer la balance-, mais formellement efficace (je me demande comment aurait pu se boucler le film sans en passer par là).

Quant à moi, je regretterai juste la rapidité du dénouement (j'ai pensé à la fin du poème de Victor Hugo : "Tiens, dit-elle en ouvrant les rideaux, les voilà.") mais cet arrêt sur image pour couper une scène en plein élan est, réflexion faite, tout aussi justifié -et pesé- que le reste.

Voilà un film qui m'a (pudique euphémisme) beaucoup touché, par cette simplicité et cette justesse, cette façon de parler de l'amour en général et entre hommes en particulier, et j'avais les yeux rouges et je reniflais lorsque les lumières se sont allumées, mais ma voisine aussi, et les copines de ma voisine qui sont arrivées ensuite pour discuter aussi (les vrais hommes, ça va pas au cinéma, et ça y pleure encore moins, non ? hihihi).

041675

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