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lieux communs (et autres fadaises)
23 juillet 2016

question de taille

DIAMANT NOIR
d'Arthur Harari

Ce film-là on ne l'a pas du tout vu venir. Ou plutôt il a surgi de nulle part, serti dans un écrin de critiques unaniment louangeuses. Assez intriguant pour avoir envie d'en savoir davantage... Niels Schneider (Les amours imaginaires, L'âge atomique, Les rencontres d'après minuit, une filmo plutôt classe et assez sexuée...) y tient le rôle principal, même si on a un peu de mal à le reconnaître puisqu'il n'y est plus blondinet (les cheveux noirs, ça vous change un homme).

Le titre du film n'a pas été choisi au hasard. il fait (doublement) sens. Le film étincelle. Comme le diamant il réfléchit la lumière mais imprévisiblement. Il la diffracte un peu dans tous les sens (comme les boules à facettes qui renvoient la lumière dans toutes les directions). Et le film à son tour réfléchit et renvoie la lumière, mais chacun se prend dans l'oeil ses eclats personnels (nous étions trois à discuter sur le parking à la sortie du bôô cinéma, et aucun(e) des trois n'en avait eu la même vision, ni la même interprétation. Histoires de facettes, comme si pour certains et comme ça pour d'autres.)

Ce qu'on peut juste dire, c'est que c'est extrêmement bien fait (bien poli, pour continuer de parler de diamant) et que la complexité de l'histoire enrichit encore le plaisir de la voir (il est question d'être attentif, mais aussi de croire ou pas à ce qu'on nous raconte, à ce qu'on nous montre -pas toujours, justement la même chose-, de s'immerger progressivement dans cette histoire familiale compliquée, de vengeance idem, et de braquage tout autant). Il faut, pour entrer dans la salle du coffre plusieurs sas et plusieurs codes successifs, et le réalisateur reproduit ce dispositif en l'appliquant à son récit, à chacune des facettes qui constituent l'histoire de Pier.

On y apprend, à propos du diamant, que si tout corps transparent a besoin d'un fond "sombre" pour pouvoir réfléchir, seul le diamant n'en a pas besoin. Il réfléchit par lui-même (mais, le film, lui, a bien utilisé un fond noir, très sombre en tout cas, pour nous renvoyer notre reflet ébahi).

Un excellent film, donc, qui sait rester parfois obscur -à dessein- dont je ne dirai rien de plus de l'intrigue, tellement Arthur Harari a su mettre en place un récit étonnant, qui bifurque à intervalles réguliers pour nous entraîner là où on n'aurait pas forcément pensé (à propos d'optique, j'ai déjà évoqué la diffraction, mais, il serait encore mieux, ici, de parler de polarisation (!).) La lumière zigzague, et le spectateur la suit du regard, mais il a souvent un rayon de retard) et on est délicieusement cahoté. le moment le plus brillant du film étant bien évidemment la scène de braquage qui ne va pas du tout du tout se dérouler comme prévu (et comme imprévu non plus) c'est vraiment du grand art.

Avec en sus le plaisir personnel d'y retrouver Abdel-Hafed Benotman (à qui le film est dédié, puisqu'il est mort après le tournage) à la fois en tant que scénariste (comme dans, déjà, Sur la planche) mais aussi en tant qu'acteur, rôle dans lequel il s'avère excellent, et dont je vous recommande encore une fois l'excellent Eboueur à l'échafaud, autobiographie déguisée en polar parue chez Rivages.

Brillant. (difficile de terminer autrement)

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