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lieux communs (et autres fadaises)
25 septembre 2016

le coucou

JUSTE LA FIN DU MONDE
de Xavier Dolan

Ah... Xavierchounet et moi, c'est toute une histoire. Depuis son premier film (J'ai tué ma mère) qui ne m'avait pas plus emballé que ça (peut-être même bien agacé à vrai dire) j'ai quand même suivi l'intégralité de la production du "jeune prodige" (les guillemets sont juste un clin d'oeil amical), avec des fortunes diverses, des hauts et des bas : Si j'ai beaucoup de tendresse pour Les amours imaginaires (merci Loulou d'avoir insisté pour que je le regarde) et Tom à la ferme, je serais moins enthousiaste à l'égard de Mommy ou de Laurence anyways...
L'annonce du film à Cannes m'avait d'abord échauffé, puis intrigué (quoi? il adapte Lagarce , et avec un casting hyper-bankable -Baye cassel Cotillard Seydoux Ulliel-) comme le discours de Xavierchou lors de la remise de son Grand pris du jury (qui m'a d'abord beaucoup agacé puis beaucoup ému).
Je m'étais d'abord dit que je n'irais, puis, les semaines passant, j'en ai eu envie, un peu, puis de plus en plus. (J'ai découvert par hasard, dans le même temps,  que Ducastel et Martineau avaient réalisé un film du même titre, sur la même pièce, que j'ai donc acheté illico, et qui est filmé très simplement, en appartement, avec des comédiens de la Comédie Française, et où on retrouve très précisément la si touchante musique des mots et de la syntaxe de Lagarce... Le texte y est respecté au silence près.)
J'étais donc prêt, j'avais envie de me rendre compte,  pour le voir, enfin, et hier soir il y avait foule à l'avant-première dans le bôô cinéma...
Bien installé, dans de bonnes dispositions, j'ai basculé mon fauteuil en position chaise longue (oui oui, dans le bôô cinéma on peut!)et  je me suis laissé porter.

(...)

et, une heure trente et des poussières plus tard, j'étais encore assis au même endroit, réjoui et chaviré, attentif à suivre le déroulant  jusqu'aux toutes dernières petites lettres du bout du générique... Enthousiaste, allez, carrément. Il est écrit au début (du générique de début) d'après la pièce de Jean-Luc Lagarce. Lagarce, oui, certes, mais Dolan surtout. S'il a respecté la structure de la pièce et le déroulement de l'action, la succession des monolgues dialogués (à moins que ce ne fût l'inverse) il a quand même sacrément dolanisé le beau texte de Lagarce (je n'ai parlé ni de saccage ni d'irrespect).
On n'est plus tout à fait dans le jardin à Jean-Luc, qu'on connaît quand même un peu, et dont on aime les allées et contre-allées, les sentiers qui bifurquent, et les mauvaises herbes et l'apparent-et attachant- fouillis,  on est face à ce qu'en a fait Xavier, juste brin d'herbe arraché ici jusqu'à carrément un coup de tracto-pelle là-bas. Il nous a repaysagé tout ça (recontextualisé diront certains) mais je dois reconnaître que je ne m'y suis pas perdu. Plutôt retrouvé, même. Sans pouvoir vraiment expliquer pourquoi. Les très gros plans, les couleurs parfois dérangeantes, l'illustration musicale, la direction d'acteurs (qui s'en sortent tous plutôt très bien), les mouvements d'appareil, les détails,les éclats, tout cela participe à homogénéiser l'hétérogénéité (à moins que ce ne fût cf plus haut) de cette re-création moi c'est Xavier. Moi-même je ne devais pas être tout à fait dans le même état que d'habitude, par exemple j'ai adoré que la musique soit si forte, c'était... nécessaire, oui, il le fallait (et je ne suis pas peu fier d'avoir réussi à retrouver, sous ses nouveaux oripeaux techno une vieille chanson de Françoise Hardy, Une miss s'immisce, lors de la scène dite "du matelas", fort réussie par ailleurs).

C'est un film juste sur la difficulté de parler -ou le refus de le faire- appliqués de façon plus ou moins voyante à chacun des personnages (Xavierchou aurait pu choisir une autre chanson de Françoise Hardy : "Tout, dire tout vraiment des effets et des causes...") parfois presque cavalièrement, avec insistance et effets de surlignage, mais à d'autres moments avec une exquise finesse, une... retenue, oui, une pudeur, une délicatesse, qui font que, par miracle peut-être (qui sait), ça fonctionne.
Louis était venu pour annoncer sa mort prochaine à sa famille, et il repartira sans l'avoir fait. (Et j'ai été bluffé par la très dolanesque dernière séquence.) En plus tout ça se clôt sur un morceau de Moby que j'adore, donc, je ne pouvais sortir de là qu'enchanté. C'était le cinquième film de Dolan que je vais voir, et je pense que c'est celui qui m'a le plus séduit. Sans que je réussisse encore une fois à faire la part de la sincérité et de la roublardise.
(Et une méchante fée me souffle alors par dessus l'épaule "Tiens, au fait, comme chanson, il aurait pu aussi prendre du Sheila, non ? "La famille ça fait partie des p'tits soucis quotidiens, et pourtant c'est une vie qu'on aime bien..." " hihihi)

307679
l'affiche "officielle"...

juste-la-fin-du-monde-xavier-dolan
et, je pense, l'affiche Cannoise ?
(où les acteurs ne sont pas encore rangés par ordre alphabétique)

ps : et il me fait rire aussi, le (jeune ?) journaliste de Télérama qui qualifie Jean-Luc Lagarce de "dramaturge plutôt méconnu"...

 

Commentaires
P
Le journal du regretté Jean-Luc LAGARCE, éclaire le film<br /> <br /> J'ai aimé l'adaptation de Dolan ,avec l' émotion qui submerge, comme une vague, et qui donne sa vraie réalité à cette rencontre d'un dimanche en famille, banale et surtout pas,comme un concentré d'un rendez-vous crucial
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