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lieux communs (et autres fadaises)
30 novembre 2016

vendre les fermes

UNE VIE
de Stéphane Brizé

Stéphane Brizé, après le triomphe -justifié- de La loi du marché (et le couronnement consécutif, tout aussi justifié, de Vincent Lindon)  s'est lancé dans l'adaptation du premier roman de Maupassant (que j'avoue n'avoir jamais lu), a été recalé pour la sélection française de Cannes 2016, mais sélectioné pour celle de la Mostra (Venise). Et voilà que tout le monde ou presque lui tombe sur le rable : "Adaptation empâtée", "affectée et ringarde", "fatalisme dénué d'émotion", "vision du féminin forcément datée", "maniérisme", "anti-académisme appliqué"... Eh Oh Ca suffit, hein! (Et encore, je n'ai parcouru que les critiques lors de la sortie du film... celles de Venise étaient, me semble-t-il, encore plus vachardes et salopes... (Les critiques, de plus en plus en plus souvent, j'ai envie de les attraper et de les gifler. Ou bien de les prendre par les pieds et de leur taper la tête par terre jusqu'elle s'enfonce dans le sol, comme les autruches.)

Comme l'annonce clairement l'affiche, le film est centré sur Judith Chemla, et c'est une fort bonne chose. Je crains toujours les films où on voit les personnages vieillir et finir avec force perruques à cheveux gris et maquillages ridulatoires en plastoche (je suis toujours désolé par la dernière scène de The Hours, avec une Julianne Moore précisément dans cet état, qui pouse même le souci de réalisme jusquà sifflotter du dentier...). Et bien là, le vieillissement passe très bien, et on y croit, de a jusqu'à z (oui, Judith Chemla est répétons le absolument magnifique) peut-être parce qu'il est plus "stylisé".
La vie d'une femme, donc, de sa sortie du couvent pleine de jeunesse de grâce et d'illusions, à sa vieillesse solitaire et butée, mais toujours avec un minimum d'illusions. Sur un écran carré, ou presque, qui resserre ainsi le cadre jusqu'à l'étouffement, concentrant/condensant ainsi l'affect (il semblerait que le mot ne s'emploie qu'au singulier...) et toutes ses manifestations.
C'est un film "en costumes" (et, autour de Judith Chemla, tous les personnages sont au diapason : Jean-Pierre Darroussin -que je n'ai pas immédiatement reconnu- et Yolande Moreau en parents aimants mais maladroits, Svenn Arlaud, Finegan Oldfleid, Clothilde Hesme en mari, fils, et mailleure amie) et en décors naturels "d'époque", ("classiques" pourrait-on dire), pour une narration qui  l'est moins. J'aime le parti-pris de Stéphane Brizé de "tuiler" très souvent les scènes (le son de la séquence précédente vient mordre sur la suivante) mais, justement, sans craindre d'en ellipser d'autre, passant sous silence des événements importants, ou les évoquant juste par un bref plan fixe.
(Quelqu'un a évoqué l'Andréa Arnold des Hauts de Hurlevent, et c'est tout à fait juste).
C'est vrai que la demoiselle n'aura pas eu vraiment de chance dans cette Vie-là, justement, qui fut la sienne, en butte qu'elle fut au mensonge, sous toutes ses formes, avec constance, avec acharnement, avec application : de la part de son mari, de sa bonne, de sa meilleure amie, de sa mère même, et, tout au long de la deuxième et douloureuse moitié du film, de son propre fils, Paul.
Un film, donc, qui vaut, à mon sens, beaucoup mieux que ce qu'en ont bien voulu dire les critiques à bouche en cul-de-poule et à escarpins vernissés.

109001

(et l'affiche en est juste , qui nous montre Judith Chemla cadrée de très près, detrois-quarts dos, et -on imagine- en caméra portée...)

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