lumumba
017
LES HABITANTS
d'Alex Van Warmerdam
Je continue mon exploration (ici ma revisite) de l'oeuvre de cet inconoclaste hollandais (les deux mots peuvent être successivement nom et adjectif). Celui-ci était le tout premier vu du réalisateur, à sa sortie, en 1995, (le bôô cinéma n'existerait pas encore avant belle lurette) et je l'aime toujours autant. Un groupe de gens vivant dans un embryon de lotissement (une arbrisseau a poussé dans une bétonnière abandonnée) qui se limite à pas beaucoup plus d'une rue (avec un coin de, pour pouvoir y tourner), à côté d'une forêt très Magrittesque avec un (tout petit) lac au milieu. Quelques familles "subtilement dysfonctionnelles" -j'ai décidé d'écrire ça dans chaque post à propos des films de AVW, parce qu'elles le sont quasiment toujours-, surtout celle du gros grand boucher érotomane, de son épouse qui aspire à la sainteté et de leur fils à lunettes et en vélo qui se grime en Lumumba. Et de leur statue de St Antoine. Ajoutez un facteur très curieux (joué par Van Warmerdam en personne), un garde-chasse très tatillon et très myope (et très frigide, face à son épouse très incandescente) et vous aurez à peu près l'essentiel de la population de ces habitants-là. Au milieu de leur nulle part. Et que, oui, j'aime toujours autant. Filmage au cordeau (très tendance "ligne claire") dialogues à l'économie, humour sans ménagement (tendance météo "froid et sec") et désespoir à peine agrémenté d'un demi-sourire en coin, avec de subits et inattendus surgissements poétiques. A recenser d'urgence, donc.