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lieux communs (et autres fadaises)
30 mai 2017

taxi téhéran

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UN JOUR NOUVEAU
de Reza Mirkarimi

Tombé dessus tout à fait par hasard (et sans rien en connaître) par le biais d'un lien de visionnement viméo gracieusement envoyé par le distributeur (merci Zootrope). Le héros, un délicieux papy iranien (à la barbe rase et à l'oeil de gazelle) est un -peu bavard ni amène- chauffeur de taxi iranien. Une jeune femme, visiblement mal en point, lui demande d'abord de l'emmener à l'hôpital pour y accoucher, ensuite de l'accompagner pour y entrer car il n'est pas envisageable qu'elle puisse le faire toute seule (là-bas ça ne rigole pas avec les "droits" de la femme et la toute-puissance de leurs maris, une femme ne peut entrer seule à la maternité pour y accoucher sans être accompagnée de son mari, c'est comme ça). Younes (le chauffeur de taxi) s'exécute donc, et l'enchaînement des circonstances va le faire prendre pour le mari de la jeune femme. il va alors s'agir d'attendre, pour les formalités, pour la paperasse, pour les différents examens et interventions qui vont suivre. Younes est pris pour le mari, joue le jeu et ne fait rien pour détromper ses interlocuteurs. Le film restera vague et peu explicatif sur les pourquoi et les comment (ce qui est arrivé à la jeune femme, mais, tout autant à propos de Younès, du reste de sa vie, en dehors de l'hôptal et de son taxi, qui restera, de la même façon presque complètement hors-champ), et se concentre sur le maintenant, la succession des instants présents et des lieux qui les contiennent (beaucoup de portes qui s'ouvrent et se ferment, de vitres, de parois, de reflets).
Le film est centré sur un personnage féminin, qui est comme un écho d'un regard plus vaste, sur la condition féminine en Iran aujourd'hui (c'est le titre original du film), condition qui n'est pas la plus souriante qui se puisse envisager. On les verra ainsi toutes, dument enfoulardées (pas un cheveu qui dépasse), à la fois victimes des institutions et donnant parfois l'impression de perpétuer  elles-mêmes cette oppression. L'autre rôle féminin principal du film est d'ailleurs celui de l'infirmière-chef, que le réalisateur sait plutôt subtilement nuancer et faire évoluer tout au long de son film.
Un film sur les non-dits : non seulement à propos des personnages principaux, mais bien aussi ceux d'un pays tout entier, aujourd'hui, où la liberté des réalisateurs ne tient d'ailleurs bien souvent qu'à un fil (ou un poil de barbe d'imam).

today-40ab9

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