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lieux communs (et autres fadaises)
2 mars 2018

je ne serre pas la main aux malfrats

031
NI JUGE, NI SOUMISE
de Jean Libon et Yves Hinant

Je l'attendais d'autant plus qu'Hervé l'a présenté comme quasiment son film de l'année. La presse et les échos critiques semblaient assez d'accord, l'Amphore d'Or au Festival de Groland, et le taux de remplissage de la salle en ce dimanche après-midi semblaient confirmer cet enthousiasme...
Le portrait d'une femme assez extraordinaire (qui a déjà eu droit à deux reportages dans Strip-Tease), une juge belge qui pète le feu, qui ne prend pas de gants, et mâche pas ses mots. On la suit au quotidien, face aux prévenus (en présence de leur avocat) qui défilent dans son bureau, et, parallèlement, sur le terrain, où elle a déterré (cela s'avèrera, un peu plus tard, être au sens propre -beurk-) une vieille affaire : l'assassinat, il y a une vingtaine d'années, de deux prostituées, affaire restée inexpliquée, mais pouvant être reprise aujourd'hui grâce aux progrès scientifiques et à l'adn.
C'est vrai qu'elle vaut le déplacement, cette brave dame (plus jeune j'aurais dit "qu'elle arrache"...), et qu'elle justifie le film à elle seule. Elle cache bien son jeu, au début toute en candeur, en sourires affables et en sucreries distribuées, c'est au bout du compte une maîtresse-femme. Et c'est vrai aussi qu'au début on rit beaucoup. C'est du bonheur de la voir procéder. On repense, au début,bien sûr, à Depardon et à ses multiples instants d'audience (quand le quidam, vous, moi, est confronté à l'instance judiciaire, qui n'en fait généralement qu'une bouchée) et chacun des personnages face à Madame la Juge fait son petit cinéma et produit son petit effet, de ce côté là c'est impeccable. Et puis on rit un peu moins. Et encore moins, c'est l'effet Strip-Tease prend le dessus, ce mélange de fascination et de gêne mêlés (Bourdieu et sa Misère du monde ne sont jamais très loin...).
Car on finit, ici, par être un peu gêné aux entournures par le fait que tous ces prévenus ou presque sont maghrébins (plus jeune, j'aurais écrit "rebeus"). Et le film se continue un peu lourdement par une séance d'exhumation dont le réalisme insistant ne s'imposait peut-être pas, avant de se termine encore plus maladroitement par une audition interminable (et interminablement sérieuse) d'une mère infanticide qui ne méritait pas forcément qu'on lui consacre autant de temps (comparativement aux autres prévenus).
Un film acide, dérangeant, drôle, poil-à-grattesque, paradoxal, qui mérite bien son slogan "Ce n'est pas du cinéma, c'est pire!", qu'on ne peut qu'aimer fort (je viens d'en revoir la bande-annonce, et c'est bien l'effet produit) mais dont je suis sorti un petit poil moins ravi que j'aurais souhaité l'être.

ni-juge-ni-soumise-1

 

 

 

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