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lieux communs (et autres fadaises)
24 octobre 2018

y avait un makabe...

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INVASION
de Kyioshi Kurosawa

Quand j'étais plus jeune et que je lisais de la science-fiction, j'ai toujours eu un faible pour les histoires de fin du monde et d'invasion extra-terrestre, et quand j'ai pu en voir au cinéma, évidemment, je m'y suis précipité. J'ai pu voir, dans le désordre, les différentes versions de Body snatchers (idiotement traduit par "profanateurs de sépulture", alors qu'on n'en voit pas la queue d'une -de sépulture- maiscomme beaucoup d'autres idioties, celle-ci est passée à la postérité), celle de Philip Kaufman en 1978, puis un peu plus tard l'original, de Don Siegel, en noir et blanc (1956) tard un soir au ciné-club je pense, et enfin le remake d'Abel Ferrara en 1993 et vu le résumé, je pensais que ce film-ci en était plus ou moins un...
Pas tout à fait.
(Invasion est quand même un remake, celui du film précédent de Kurosawa, Avant que nous disparaissions, qui était l'adaptation de la pièce de théâtre du même nom, sauf que le réalisateur a changé de point de vue, les aliens dans le premier, les terriens dans celui-ci)
S'il y a bien des extra-terrestres qui prennent progressivement possession (belle allitération postillonnante) des humains, ils ne le font pas via les cosses de haricots géantes qui m'avait tant impressionné dans les "body snatchers" précédents oh les délices de la s-f parano des années 50!), simplement (au début du film en tout cas) ils les déshumanisent, ils leurs volent des concepts en leur appuyant le doigt sur le front, en dépossédant ainsi leurs propriétaires (une jeune fille, ainsi, ne reconnaît plus son père, puisqu'on lui a pris le concept de "famille"). "On" c'est surtout un homme, Makabe, chirurgien nouvellement arrivé dans l'hôpital où travaille Tatsuo, le mari de l'héroïne, Etsuko. Etsuko réalise que les gens autour d'elle sont en train de changer (normal, on leur vole leurs sentiments) et qu'il ne s'agit que de la première étape de la véritable invasion. tatsuo sert de "guide" à Makabe, en lui fournissant des proies auxquelles il peut vider la tête (mais qui servent en réalité à assouvir de mesquines vengeances de la part de Tatsuo). mais ce sera bien, me semble-t-il, le seul alien qu'on verra dans le film.
Le film est le remontage d'une série télé de 5 épisodes, ce qu'on ressent un peu au niveau du montage (et de la durée aussi). Si le début est vraiment efficace et anxiogène, les enjeux narratifs se diluent un peu ensuite, et la fin carrément, (je trouve), tire en longueur. J'ai toujours la même réserve vis-à-vis de fils de KK : un je-ne-sais-quoi qui m'empêche d'adhérer complètement au projet (c'était déjà le cas dans le précédent Creepy), dans l'esthétique, peut-être, avec cette lumière volontairement moche et froide, dans la construction aussi, avec cet effritement des enjeux dramatiques et leur progressive mise en sur-place ou quasiment.
Mais j'aime énormément le parti-pris d'un fantastique "à l'ancienne", sans aucun effet spécial ou presque, où ce qu'on ne voit pas pourrait être bien plus terrifiant que ce que le réalisateur nous montre, où l'amour triomphe -dans une certaine mesure- et où certaines répliques m'ont donné envie de les retenir ("J'avais sous-estimé la force de l'amour..." ou  "Jamais un extra-terrestre ne tomberait dans un piège aussi grossier"), sans oublier la noirceur foncière du constat (Kurosawa n'est pas un optimiste, et il a bien raison).
Et il faut reconnaître qu'il est super-doué pour foutre la trouille.
Catherine, qui l'a vu avant moi, m'a dit s'être un peu endormie au début, moi ce le fut plutôt vers le milieu : à nous deux, on devrait pouvoir se reconstituer le film en entier (mais je continue de penser que les 2h20 n'étaient pas indispensables...)

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