Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
lieux communs (et autres fadaises)
28 août 2019

réunion de parents

135
JOEL
de Carlos Sorin

J'aime le cinéma de Carlos Sorin, dont on a programmé régulièrement les films depuis Historias Minimas (2003, 16 ans d'amour!) qui vont du très bon à l'excellent (j'avais adoré La Fenêtre). Il nous revient, sept ans après Jours de pêche en Patagonie (dont le titre original était juste Dias de pesca, sans Patagonie donc) avec Joel, une enfance en Patagonie (dont le titre original était Joel, sans mention de Patagonie non plus) comme si les distributeurs successifs avaient tablé sur l'exotisme de ce mot pour attirer les spectateurs.
(en Patagonie, c'est vrai, les paysages sont magnifiques, mais il fait aussi très froid). Et, tant qu'à coller un sous-titre, autant qu'il soit juste, et le film aurait plutôt du s'appeler alors Une scolarité en Patagonie (ce qui, je le reconnais, était beaucoup moins glamour.)
Très souvent, les films de Carlos Sorin évoquent le lien familial (parental, filial), et nous faisons la connaissance de Cecilia et Diego (elle est prof de piano et lui bûcheron), un sympathique jeune couple (c'est vraiment la sensation qu'on a, dès les premières images du film, tant ils sont filmés avec bienveillance) sur le point d'adopter un jeune garçon (le Joel du titre), avec juste une petite hésitation à propos de l'âge du bambin en question (ils avaient souhaité 4 ou 5 ans, et voilà qu'on leur en propose un de 8, qui s'avèrera d'ailleurs en avoir 9), mais qui ne durera pas longtemps tant, visiblement, est fort leur désir d'adoption.
Ils vont donc chercher Joel, et le ramènent à la maison, après un ultime entretien avec la juge qui les informe qu'il s'agit d'une période "d'essai" de six mois, avant que soit prononcée l'adoption définitive. Joel est un enfant peu expansif (mais le peu qu'on connaîtra de sa vie "d'avant" explique un peu cela), Cécilia et Diego (le couple est formidable je le redis) font tout ce qu'ils peuvent pour que les choses se passent le mieux possible...
Et le film qu'on craignait un peu (enfant rebelle, difficultés d'adaptation, parents débordés /effondrés) ouf! n'arrive absolument pas. Et Carlos Sorin commence à nous raconter une toute autre histoire. Une histoire d'école, d'instiutrice modèle, de directeur nouvellement nommé, d'inspectrice "serviable", de parents d'élèves inquiets d'abord puis carrément hostiles, qui vont faire monter en chantilly saumâtre l'"intégration" de Joel dans sa nouvelle école... J'avoue que cette partie m'a rappelé une réalité "pédagogique" vécue de l'intérieur, dans un temps (que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître) où, dans une autre vie, j'ai, justement pratiqué ce métier, et je peux vous dire que le processus que décrit Sorin n'est pas exagéré, et tout ça m'a rappelé assez exactement des situations vécues - de l'emballement des parents face à un problème donné (qu'il soit réel ou imaginaire) au faux-culisme de l'institution, en Patagonie ou en France c'est bien tout pareil-.
Un film qui, ironiquement,  coïncide quasiment avec la fin des vacances (si j'avais encore été en activité, ça m'aurait peut-être un peu attristé...) Un film, enfin, dont la fin grande ouverte m'a laissé, justement, un peu sur la mienne, (de faim).

5868916

Commentaires
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 384 527