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lieux communs (et autres fadaises)
10 novembre 2019

casque de boxeur

170
HORS NORMES
de Olivier Nakache et Eric Toledano

L'autisme est un sujet rarement traité au cinéma (j'ai encore des frissons en repensant à l'insupportable Rain Man de Barry Levinson). (En fait, allocinoche m'apprend qu'il existe tout de même pas mal de films sur le sujet, même si beaucoup ne sont pas très connus.) Visiblement le sujet tient à coeur des deux réalisateurs, qui (re-merci allocinoche) en 95/96 avaient déjà réalisé un doc de 26' sur Stéphane et Daoud (les "vrais" gens de la vraie vie dont sont inspirés les personnages de Bruno et Malik), et l'avaient d'ailleurs intitulé On devrait en faire un film. Et c'est tout à leur honneur de ne pas en avoir remis une louche (remis une couche ?) en faisant clignoter le label "d'après une histoire vraie". (On ne l'apprend qu'à la toute fin du film, et encore, plutôt discrètement.)
Oui, Bruno, (Vincent Cassel, étonnant dans un rôle tout en douceur, comme éclairé de l'intérieur -presque un peu trop- un personnage à mi-chemin entre L'Abbé Pierre et St Vincent de Paul, sauf qu'il est clairement étiqueté feuj' ) et  Malik (Reda Kateb, excellent comme d'hab', qu'est-ce que j'aime ce monsieur, Reda donc, qui porte, lui, pour l'équilibre des forces, la casquette rebeu, même si en vrai, dans le film, il n'en porte pas lui, la casquette c'est Cassel qui l'a ...) "gèrent", et bataillent, sur le terrain, infatigablement... Car les deux assoc' qu'ils chapeautent ont pour mission de s'occuper des cas "graves" d'autisme, concernant des patients dont plus aucune institution ne veut, à cause de leur violence.
Le film nous les présente (Bruno et Malik) dans leur travail au quotidien, presque sous l'angle du reportage (caméra à l'épaule), et va s'attacher plus précisément à la relation de chacun des deux avec un autiste emblématique : pour Bruno, il s'agit de Joseph, un grand gaillard qui demande régulièrement s'il peut taper sa mère et qui ne peut s'empêcher de tirer la sonnette d'alarme dans le métro (joué par un "vrai" autiste), et, pour Malik, du jeune Valentin, avec son casque de boxeur, (à cause de sa propension à se taper la tête contre les murs ou quoi que ce soit d'autre qui se trouve alors en face de lui -qui lui est joué par un acteur, Marco Locatelli -le seul qui n'a pas droit à sa photo dans le trombinoscope du film sur allocinoche, que grâce lui soit rendue - qui m'a plutôt impressionné),  quoiqu'ici la situation est un peu plus complexe car elle se joue à deux niveaux : l'Escale est -d'abord- une association de réinsertion de jeunes en difficultés, employés comme référents individuels pour d'autres jeunes, mais autistes ceux-là, et nous suivrons donc aussi le parcours de Dylan, un jeune "en difficulté", chargé de s'occuper de Valentin, et ses premiers pas -pas faciles faciles car le jeune homme est du genre impulsif- dans le job. On suivra donc les progrès (ou pas) de chacun, pas à pas, et l'évolution de son comportement. Au jour le jour.
Tout ça compliqué par une "inspection" des services, par un service qui visiblement ne rigole pas, présenté par Bruno comme "la police des polices"  des services sociaux, et qui vont fouiner auditionner et tâtillonner un peu partout... Mais ni Bruno ni Malik ne vont baisser les bras, comme dans l'histoire du Tonneau des Danaïdes, qui fuit tout le temps et de partout, ils vont se mettre en quatre et vont continuer à s'affairer de tous les côtés, simplement, comme toujours, pour parer au plus presser. Ces deux grands bonhommes méritent l'admiration, et le film qui leur est consacré, à cet égard, est amplement mérité.
Un film que les deux réalisateurs confient avoir porté en eux (et préparé) depuis longtemps, avant même le méga-colossal succès d'Intouchables. Un film toujours touchant, souvent speed, stressant quelques fois, éprouvant à d'autres, et même parfois drôle, (de ci de là les réalisateurs ont glissé quelques scènes qui amènent le sourire et font du bien) mais si les spectateurs qui espèrent un comique à la façon du Sens de la fête  risquent d'être déçus (le sujet ici ne s'y prêtait pas vraiment). Alors en plus de la partie "faire le job", les réalisateurs ont rajouté un background, un récit parallèle sur la vie sentimentale de Bruno qui, je trouve, sonne moins juste que le reste du récit (est moins intéressant)...
Un film donc à recommander, en passant par-dessus les remarques récurrentes de yoplaboumisme et autres sucrerie lénifiante. Empathique et sympathique sont dans un bateau. (J'avoue que pour ma part j'ai suivi, au début, le film un peu schizophréniquement, avec le cerveau gauche qui suivait et s'émouvait et vibrait et réagissait au premier degré -l'ange sur l'épaule du Capitaine Haddock- ,et, en même temps,  le cerveau droit qui tentait de ricaner et de de ronchonner mouais cousu de fil blanc... trop facile... manipulation du spectateur... -le diable sur l'épaule du même- mais à qui étrangement on a vite rivé son caquet et scotché son clapet pour l'empêcher de continuer à grommeler et de nous gâcher notre plaisir, c'est tellement mieux de se laisser aller au bienheureux et affectueux premier degré... Bon d'accord, on voit de temps en temps le fil blanc qui dépasse, mais et alors, hein ?) Nakache et Tolédano ont la chance (et les moyens) de pouvoir faire des films grand public sur des sujets qui les touchent (et desquels, comme ici on trouverait scandaleux justement qu'on ne parle pas davantage) alors pourquoi s'en priver ?
Oui, des films qui font du bien.
(Et une pensée amicale et émue pour Hélène Vincent en maman de Joseph, pour Catherine Mouchet en médecin de Valentin, et -j'ai failli ne pas le reconnaître parce que je n'avais pas vu son nom au générique- pour Alban Ivanov en Menahem..., trois raisosn supplémentaires de voir le film, auxquelles on peut rajouter, tiens, le toujours aimé Frédéric Pierrot dans le rôle -ingrat- de l'inspecteur...)

3866005

l'un

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l'autre

2633779

et les deux ensemble...

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