Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
lieux communs (et autres fadaises)
18 décembre 2019

carwash

206
BRAQUER POITIERS
de Claude Schmidt

Hé bé... (je n'en suis pas encore tout à fait revenu). Je pensais pour cette année cinématographique du moins, avoir atteint les confins du c'est bien mais c'est spécial avec le (très touchant) Bel Eté, de Pierre Creton, mais j'avoue que, là, on est encore plus loin... Si (Normandie oblige) Le Bel été pouvait être qualifié d'à l'ouest, on est ici, cette fois, à l'ouest de l'ouest (même si, géographiquement, stricto sensu, ça n'est pas vrai...). On serait même à l'extrême bord du cinéma : un pas de plus et on tombe dans le vide. "Ailleurs".
On est donc à Poitiers, en compagnie de deux hurluberlus belges, chargés par un mec en costard (Marc Barbé, toujours aussi idoinement inquiétant), de récupérer l'argent d'un propriétaire de carwash(es), il y en a plusieurs), en le séquestrant chez lui "à l'amiable" dans sa belle propriété (le monsieur en question s'appelle Wilfrid, et c'est un gentleman, poète, jardinier, châtelain... et très seul.)
Nos deux pieds nickelés tatoués et amateurs de bière font donc la connaissance de leur hôte raffiné, et ce sont deux univers qui se frottent (qui s'entrechoquent, qui se télescopent)... D'autant plus que les deux belges font rapidement rappliquer deux copines "cagoles" décidées à les aider à prendre les choses en main un peu plus sérieusement (en ce qui concerne le comptage de l'argent, notamment, et de la notion de "séquestration", aussi...). Les choses s'organisent, et évoluent encore avec l'arrivée de deux jeunots, revendeurs de shit, engagés par les deux belges à une fête locale pour surveiller Wilfrid, afin qu'ils puissent, eux, prendre du bon temps avec leurs copines...
Ceci est un canevas. Et c'est visiblement ce dont disposaient les acteurs pour donner vie à leurs personnages, dans ce qu'on devine être des improvisations devant ladite caméra posée, en plan fixe. Des fois ça fonctionne, et d'autre y a pas forcément grand-chose à dire. Il nait pourtant à la vision de ce film lo-fi, de cette narration bancale, une sensation étrange, l'émanation d'un charme qu'on peut qualifier de "rugueux" (et c'est rien de le dire).
Wilfrid s'épanche, il parle beaucoup, se dévoile, agace les uns, arguigne les autres, et finalement c'est un peu comme si c'était lui qui séquestrait, à sa façon, tout ce beau petit monde. En en faisant son auditoire captif. (Et, pour la petite histoire, dans la vraie vie, c'est Wilfrid qui a sollicité le réalisateur, mis à disposition sa demeure et sa propriété, et co-financé le film, et la réalité n'aurait donc pas grand chose à envier à la fiction...)
Braquer Poitiers est à l'origine un moyen-métrage de 58 minutes, auquel le réalisateur, (pour lui donner une durée "viable" en exploitation) a adjoint un genre de coda, (toujours à l'initiative  de Wilfrid), un petit film nommé Wilfrid. Où le Wilfrid de Braquer Poitiers invite les protagonistes du premier film chez lui, pour une grosse teuf à l'occasion de l'inauguration d'un four à pain  (pour une soirée dont il serait un peu le maître de cérémonie) . Reviennent donc les acteurs qui ont interprété les personnages, qui interviennent donc en tant que personnages. et ça fait un drôle d'effet...
C'est... émouvant (tristounet) et on se dit que, même si les films n'ont a priori rien en commun, c'est, finalement, un film qui parle très bien de la solitude, aussi fort que pouvait le faire Seules les bêtes. Mais pas du tout avec les mêmes moyens (ni les mêmes outils). Ni, évidemment, les mêmes intentions.
J'en suis resté pourtantn allezs savoir pourquoi, un peu sur mon quant-à-moi.
Un film qui m'a intrigué, titillé, mais qui ne m'a pas fasciné, voilà.

0416302

 

Commentaires
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 384 631