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lieux communs (et autres fadaises)
6 août 2020

une change, l'autre pas

066
BELOVED
de Yaron Shani

Un film imparfait, qui m'a fait ronchonner pendant mais m'a plu de plus en plus à chaque fois que j'y repensais, après.
D'après ce que j'avais compris, il s'agissait de "l'autre moitié" de l'histoire racontée dans Chained : après la version "du mari", celle "de la femme" (quoique je me demandais bien comment il allait pouvoir ficeler ça), eh bien, finalement, pas tout à fait : si on retrouve effectivement Avigail (souvent) et Rashi son mari (beaucoup plus en pointillés), on va surtout suivre l'histoire de deux soeurs, Na'ama et Yasmin, dont le père est résident à l'EHPAD où exerce Avigail, et dont l'une, au moins, sympathise avec elle, tandis que l'autre semble être en révolte permanente envers le monde entier...
Une bonne partie du film sera (aussi) consacrée à Avigail et à ses "amies" (qui étaient mentionnées à plusieurs reprises dans Chained et provoquaient d'ailleurs, on se demandait bien pourquoi,  l'ire de Rashi), dans un genre de trip communautaire peace & love que j'ai trouvé très (trop ?) "film de femmes", et qui m'a évoqué le féminisme doux de Une chante, l'autre pas, d'Agnès Varda (d'où le titre de ce post) que j'étais allé voir en salles lors de sa sortie (il y a longtemps, j'étais jeune...).
Un procédé récurrent dans le film et qui m'a gêné : le floutage régulier de certains visages (des hommes, souvent) et/ou de certaines parties du corps (dans Chained ça se produisait  pour masquer les zigounettes des jeunes gens, là à la rigueur je peux comprendre, mais ici le réalisateur en use et en abuse, sans qu'on comprenne vraiment à chaque fois pourquoi : par exemple il montre un groupe de femmes entre elles, qui s'affranchissent des conventions, et s'accordent une liberté à laquelle elles ne sont pas trop autorisées d'habitude, que ce soit par la société ou par leurs maris, et donc, par exemple, elles s'ébattent seins nus, et voilà que le réalisateur nous floute les zones litigieuses... Enfin, il faut assumer ses  choix : soit il montre soit il ne montre pas, mais s'il choisit de montrer, c'est ridicule de le faire à moitié (oui mais non...) C'est une tartufferie, pareil pour les visages des résidents de l'EHPAD (notamment le père des deux soeurs) régulièrement transformés en spectres peu ragoûtants par le floutage de leur visage, non, vraiment, je crois que c'est la première fois que je vois ça, aussi systématiquement, et ça dessert le film... (et ça m'inquiète pour le troisième, qui sort en septembre...)
Autant Chained était testostéroné autant Beloved est progestéroné (j'ai tapé dans gougueul "hormone féminine", le mot me manquait) maternel, maternant, enveloppant, (surtout dans sa période Varda ou "les amies de mes amies...") même si parfois aussi violent (une scène d'engueulade homérique entre les deux frangines), Na'ama concentrant en elle presque autant de violence que Rashi dans le premier film. (L'actrice qui l'incarne m'a fait penser à une autre, une anglaise, dans les films de Ken Loach, de Mike Leigh, dont je ne suis pas parvenu à retrouver le nom) et qui en fait le personnage le plus fort du film (Avigail passant du coup légèrement au second plan, contrairement à ce que voudrait nous faire croire l'affiche...).
Un film plus fort que ce qu'on pourrait croire, qui a le mérite en tout cas de prendre le temps d'infuser dans nos esprits... (Ce que femme veut...) et qui zappe (c'est habile) tout simplement en hors-champ ce que la conclusion du premier pouvait avoir de... définitif.

 

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