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lieux communs (et autres fadaises)
9 septembre 2020

expulsion(s)

79
POLICE
d'Anne Fontaine

Cas d'école. Pendant le film, tout va bien, c'est plutôt bien goupillé, j'aime bien cette idée de nous faire revoir la (les) même(s) scène(s) sous tous les angles, Efira, Gadebois, Sy en flics, un trio qui peut sembler surprenant sur le papier mais qui fonctionne à l'écran (même si la romance Sy/Efira semble plaquée un peu artificiellement), les scènes s'enchaînent, le timing fonctionne, on est tendu quand il faut, énervé quand il faut, souffle coupé quand il faut, on verse même presque une petite larmichette, et quand on arrive au bout, que les lumières se rallument (même pas trop tôt, pour une fois), bref, on est un spectateur content, qui vient de passer une bonne heure quarante de sa vie de spectateur... Bon, tout n'est pas parfait, hein, il y a des facilités, des maladresses, voire des invraisemblances, et puis les choix musicaux semblent un chouïa too much, mais bon on sort la tête légère et d'assez bonne humeur, on en a eu pour ses sous (de spectateur) ...
Et voilà que, sitôt dans le hall, on se retrouve comme dans les aventures de Tintin, avec un ange sur l'épaule droite et un diablotin sur la gauche. L'ange, encore sous le charme, continue de passer de la pommade (c'était vraiment bien, hein ?) mais le diablotin,  pas dupe, le zyeute avec ses petits yeux rouges, et commence à donner des coups de fourche en ricanant (mon pauvre mais tu t'es fait rouler dans la farine, manipuler dans les grandes dimensions...), et on se sent soudain un peu perplexe, spectateur le cul entre deux sièges, l'ange met du baume et lance des pétales, et le diablounet lance du poivre dans les yeux, greville avec sa fourchette, et vous souffle à nouveau au creux de l'oreille, en vous re-piquant,  que oui vous vous êtes fait ma-ni-pu-ler... Ah bon ?
Ah mais non rétorque le chérubin, pas du tout, c'est un film qu'il faut percevoir et accepter dans sa dualité (il y a deux parties nettement marquées : avant la nuit et pendant la nuit, avec même une coda, tiens, après la nuit, mais ce n'est pas de ça que cause l'angelot : il veut parler du grand écart entre film populaire et film d'auteur) dualité mon cul persifle encore le mini méphisto en fourchicotant encore un peu, et en rajoutant que s'il y a bien deux parties la réalisatrice s'est aussi complètement vautrée dans l'une (Martine flic) que dans l'autre (Martine a un cas de conscience), ce à quoi le white angel, perdant son angélique patience, fait pffff! n'importe quoi! en haussant les épaules et en se retournant pour ne plus le voir...
Voilà, on n'est pas plus avancé, on est quand même assez d'accord avec l'un comme avec l'autre... comment trancher ?
Pour se faire une idée plus précise, on va alors sur allocin*che voir les critiques des spectateurs (c'est un test imparable) : sur les 86 critiques (à l'heure où ces lignes sont écrites) il y a 6 ***** et 20 zéro étoile... trois fois plus de trolls (qui d'ailleurs en majorité dézinguent plutôt Omar Sy que le film lui-même...) Y a pas à tortiller, je suis spontanément toujours du côté du faible et de l'opprimé et je vais donc le défendre, et donc tendre la main à mon angelot en lui donnant raison, et balancer l'autre d'une pichenette.
Les choses ne sont pas si simples, bien sûr. Anne Fontaine (dont certains critiques ont écrit -à raison- qu'elle a une carrière en dents de scie) serait plutôt ici sur une pointe que dans un creux : un film impressionnant, des acteurs (quoiqu'en pensent les trolls) qui assurent (même si les deux sur l'affiche -Efira et Sy- ne se reconnaissent pas immédiatement, et le troisième (Gadebois) ne se ressemble pas tout à fait -dans le film-), des parti-pris culottés (le début multi-angles, le huis-clos dans la bagnole, le choix d'intégrer un personnage opaque (qui ne parle pas - enfin, que personne ne comprend-), un angle d'attaque intéressant (les flics -et fliquettes- dans leur vie privée sont aussi malheureux que vous et moi, bon, Ladj Ly l'a fait il n'y a pas si longtemp dans Les Misérables, hein), mais la réalisatrice se trompe en en rajoutant dans le pathos (l'avortement) et la bluette (la roucoulade Omar et Virginie).
Avec la question du quatrième personnage (présenté en tant que tel dans le film, il a droit comme les trois autres a son prénom en grand, Tohirov) un beau ténébreux (interprété par Payman Maadi, découvert -avec barbe- chez Ashgar Farhadi dans A propos d'Elly (2009) et Une Séparation (2011), merci Imdb, je me disais bien que son visage me disait quelque chose...) qui n'est, finalement, qu'un Macguffin hitchcockien : un élément exotique, extérieur, mystérieux, (il est tadjikh) dont on ne comprendra jamais hélas ce qu'il était vraiment et ce qu'il voulait dire (à quoi bon alors le faire parler ?) mais qui permet au scénario (au film) d'exister (sans lui on perdrait 50% de l'intérêt que présente l'histoire...).
Un bon film, puissant quand il est noir et dolent quand il est rose, qu'en fin de compte j'aurais envie de revoir (ce qui est plutôt bon signe!)

Pourquoi j'ai donné ce titre à ce post ? Parce que, très intelligemment, Anne Fontaine joue sur les trois significations proposées par notre cher Larousse:

Expulsion :

1. Mesure administrative obligeant un étranger en situation irrégulière, ou dont la présence peut constituer une menace pour l'ordre public, à quitter le territoire national.

2. Action et procédure qui ont pour but de libérer des locaux d'un occupant sans droit ni titre ou ayant perdu tout droit à se maintenir dans les lieux.

3. Évacuation par les voies naturelles d'un élément contenu dans le corps.

(cqfd)

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noir

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... et rose (Quand Omar rencontre Virginie)

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Le quatrième homme (Tohirov)

Commentaires
C
voui voui, aux ADC, nous sommes extrêmement sensibilisés aux problèmes féminins!
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H
thématique des films amis du cinéma de la semaine<br /> <br /> Police : pilule<br /> <br /> La femme des steppes : test de grossesse<br /> <br /> Enorme : pilule ET tests de grossesse
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