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lieux communs (et autres fadaises)
27 septembre 2020

lance-flammes

085
EMA
de Pablo Larrain

Ema est un film duel (et c'est lui qui choisit les armes). Hétérogène (mais pas hétéronormé, hihi). Et la bande-annonce l'a bien compris, avec son mash-up de mélodrame familial et de danse contemporaine, qui, déjà, laisse perplexe. Du lard ou du cochon ? C'est rare, en plus, de voir dans un film argentin (ou, carrément, latino) une demoiselle aussi peroxydée et aussi... opaque. Dans une histoire qui, pendant un certain temps, l'est tout autant. Et ce n'est qu'à la fin que tout se met en place (la toute dernière scène est jubilatoire, mais ni Téléramuche ni Libéchounet, par exemple, n'ont jubilé).
Ce qu'on comprend, petit à petit : Ema (Mariana Di Girólamo, -incandescente à plus d'un titre-, impressionnante oui oui) est une jeune danseuse, mariée à Gaston un chorégraphe célèbre (Gabriel Garcia Bernal, que j'ai trouvé, comment dit-on ici... "reintri"). Ils ont adopté un jeune garçon (Polo) qu'ils ont fini par rendre (ça m'a fait penser à une planche des Frustrés, de Claire Brétécher), à cause de la violence du môme (il a notamment brûlé au visage la soeur d'Ema). Mais Ema regrette cet abandon, et ne va pas hésiter à faire tout ce qu'elle peut (payer de sa personne par tous les bouts) pour récupérer Polo.
Je penserai pendant longtemps que le fameux Polo est comme le quatrième homme de Police, d'Anne Fontaine, un prétexte, un leurre, un macguffin, jusqu'à ce que le film finisse par vraiment le prendre en compte, et le traiter en tant que "vrai" personnage, mais il faudra du temps...)
Le film, pendant un certain temps, est quasiment abstrait, et propre (propice) à toutes les interprétations, comme peut l'être, justement, une chorégraphie. Où le spectateur se raconte l'histoire qu'il veut bien se raconter. Par les couleurs, par l'éclairage, par la musique (très bonne scène où Garcia Bernal explique sa vision de la musique techno et son rapport avec la prison) par le montage, on a souvent l'impression de se trouver dans un clip géant. Géant comme le soleil qui trône en fond de scène lors d'un ballet récurrent.
Le film n'est pas aimable pendant un certain temps (les visages sont souvent fermés, les scènes de sexe sont filmées comme des bagarres, notamment une, essoufflante -presque terrifiante- où tout le monde baise littéralement avec tout le monde),  comme un rubik's cube dont on aurait pendant une heure quarante tournicoté et re les faces (violemment) colorées dans tous les sens, et qui finirait in extremis par reconstituer une image unie -et plausible- (et compréhensible).
Le film est excessif, agressif, rentre-dedans, (entre facticité et toxicité) mais Pablo Larrain ne nous a jamais habitués à la douceur (je frémis encore en repensant à El Club, que j'avais adoré), et, comme il est prouvé ici, la fin justifie les moyens...

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