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lieux communs (et autres fadaises)
11 octobre 2020

sans faire de vagues

094
ONDINE
de Christian Petzold

Christian Petzold (Transit, Phoenix), Paula Beer (Transit, Frantz), Franz Rogowski (Transit, une valse dans les allées), j'étais très partant, pour moi ça démarrait très bien... "Sous les meilleurs auspices". Ondine ? J'en avais vu une version il y a quelques années au CDN, je me souviens qu'il y avait de l'eau, de l'amour, et de la mort... Le contrat est tenu : de la mort, de l'amour, et de l'eau. Beaucoup de chaque.
J'aime beaucoup le cinéma de Christian Petzold, même si (ou, peut-être justement, parce que) il fait des films pas très aimables. Des histoires d'amour mais jamais rectilignes. Avec de la violence, et de la douleur beaucoup plus que de la douceur (même s'il y en a aussi, quand même, eh oh, quand il y a de l'amour il y a aussi de la douceur, mais bon, plus ou moins quoi). Longtemps la muse de Christian P. a été Nina Hoss (5 films en commun, tout de même, entre 2003 et 2014), mais, depuis deux film (Transit et celui-ci), il semble qu'elle ait été remplacée par la touchante Paula Beer, sans doute moins polaire en apparence, mais il ne faudrait pas trop s'y fier. Elle recompose avec Franz Rogowski le couple du précédent Transit (et j'adore cet acteur -découvert en 2015 dans le déjà germain (et tambour battant)  Victoria- autant pour son jeu, que sa façon de parler), passant ainsi d'une dystopie à un conte fantastique (mais le résultat est un peu le même, non?)
Paula interprète Undine (la version allemande), une jeune femme qui fait des conférences sur l'histoire et l'architecture de Berlin(s), après la réunification (même si je nne suis pas très sûr vraiment compris l'utilité de cette "spécialisation", et son rapport avec l'histoire qui nous concerne), jeune femme qui au début du film vient de lancer un ultimatum à son amant, Johanes, en lui signifiant que s'il l'abandonne elle sera obligée de le tuer, (et effectivement il l'abandonne), puis qui va rencontrer Christoph, (qui vient d'assister à une de ses "conférences"), un jeune scaphandrier avec qui elle va illico re-plonger dans une histoire d'amour. fin de l'acte 1.
Il y a beaucoup d'eau dans le film (Ondine, normal), successivement un aquarium, une piscine, et un lac de barrage (pas forcément dans cet ordre) et de l'amour et du mystère, dans lequel une figurine de scaphandrier, offerte par Christoph à Undine, tient une place importante... Christian Petzold parvient, avec beaucop d'intelligence à insérer la thématique intemporelle du conte (la malédiction, la fatalité, la force de l'amour, les fantômes) dans un film au réalisme fort, "normal", contemporain, ancré dans une matérialité incontestable, terre-à-terre.
Car c'est de l'eau que vient le fantastique, la magie, le mystère  (avec, à chaque fois, quelque chose de littéralement surhumain qui s'y produit) et qui vous laisse, à la fin du film, les yeux dans le vague, dans la lumière trouble  de la presque obscurité subaquatique, avec le bruit des bulles qui remontent vers la surface (et les rencontres qu'on peut y faire).
"Les fantômes, dit Christian Petzold, sont des apparences qui ne veulent pas disparaître : ils n’acceptent pas d’être morts. Ils essaient désespérément de redevenir des êtres humains, mais personne ne veut d’eux.".
Et j'ai, bien sûr, repensé à Yella.
Et j'ai pensé aussi à la chanson de Gréco (écrite par Manset)
"Aimez-vous les uns les autres ou bien disparaissez
Sans faire de bruit sans faire de vagues
Sans faire de bruit sans faire de vagues..."

2054006

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