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lieux communs (et autres fadaises)
26 janvier 2021

poulailler 24

("les nouvelles sont mauvaises d'où qu'elle viennent...")

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EshmcH2W4AAGnaz

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Top 42

"Vous en aviez marre des tops de fin d’année ? Vous aviez raison. Une année, ça reste un vulgaire calendrier, 365 journées qui s’enchaînent à la suite et rien de plus. Mieux vaut ouvrir la focale et considérer notre vie entière. Ah, vous en avez marre des tops, tout court ? Dans ce cas, on ne peut rien pour vous car, de notre côté, ça nous amuse. Surtout le Top 42 des chansons majeures qui ont marqué notre existence. Vaste chantier. Vertigineux challenge. Pas si difficile, pourtant.

Mais pourquoi 42 titres et pas 10 ou 50 ?

Est-ce parce qu’il s’agit là du nombre fétiche des geeks ? De la réponse Google à la recherche suivante : "La grande question sur la vie, l’univers et le reste" ? Non. Amis scientifiques, on se détend tout de suite. Bien avant d’apprendre la dimension symbolique de ce chiffre mythique, on avait fait un calcul nettement plus basique.

Voilà comment procéder :

Prenez six heures pleines de votre temps libre/de travail, si possible quand vous avez besoin de chasser les idées noires. Discutez avec un(e) ami(e). Promettez de lui transmettre un premier Top de 31 titres au terme de ces six fameuses heures. Ne regardez aucune de vos playlists. Seule votre mémoire compte, faites-lui confiance. Vous dessinez alors le Top 30 (n’essayez pas de n’en retenir que 10 ou même 20, c’est un crève-cœur et on ne souhaite même pas aux plus fillonistes d’entre vous de vivre ça) auquel s’ajoute le fameux titre additionnel dont il serait trop douloureux de se séparer. Clairement, à ce stade, vous avez fait le plus dur.

Laissez ensuite passer un mois entier. Votre mémoire musicale fera le boulot à votre place pour faire apparaître à la surface les chansons que vous aviez oublié lors des six premières heures. Il s’agira souvent des plus anciennes, ou du moins les plus éloignées de votre fil d’actu (d’ailleurs, Facebook et même YouTube n’existaient peut-être pas encore). Seules dix d’entre elles devront figurer parmi les heureuses élues. Vous en êtes donc à 41 titres. Vous approchez du Graal.

Il suffira ensuite d’une semaine pour seller le sort de votre Top 42 car le mélomane que vous êtes se souviendra forcément d’une chanson jusqu’ici oubliée. Si vous ne la trouvez pas, redoublez vos efforts. Traquez-là. Elle est là, à la portée d’une playlist ou d’un bac à vinyle, faites un effort. Une fois que les retrouvailles auront lieu, cette chanson intégrera peut-être même directement le Top 20, tant vous voudrez vous racheter de l’avoir laissée de côté, tant votre amour pour elle vivra une seconde jeunesse.

OK mais quelles chansons choisir : les plus importantes ou les plus belles ?

Vous avez pleuré à l’enterrement d’un proche car la sono diffusait "Angels" de Robbie Williams et vous associez désormais chaque écoute de cette chanson en supermarché à ce moment fort. Dans ce cas, que devez-vous faire ? L’intégrer ou pas ? Ce tutorial apporte une réponse claire : non, c’est insuffisant. La seule fonction de madeleine de Proust est une négation de votre statut de mélomane, que vous avez patiemment acquis.
A l’inverse, vous entendez un morceau de jazz ou de métal et vous êtes époustouflé(e) par la dextérité des musiciens ou la structure de la composition. Est-ce que cette fois, ça suffit ? Non, toujours pas. Une chanson n’est ni un cours de gym,  ni une démonstration mathématique. Vous devez prendre une claque et pas une leçon.
Dernier exemple : une chanson vous touche. Mieux, elle vous émeut. Summum de l’émotion, vous êtes même en larmes. Vous êtes sur le bon chemin. Mais posez-vous deux questions : n’êtes-vous pas seulement fatigué(e) ? Depuis quand cette chanson vous touche ? (exception notable : la chanson coup de foudre, celle dont vous savez immédiatement, au fond de vos tripes, qu’elle va rester dans votre vie parce qu’elle bouscule votre rapport au monde, votre rapport à l’autre. C’est le moment où vous êtes convaincus que oui, merde, la magie ça existe. Et vous avez une chance folle de vivre ça.)
En somme, la chanson retenue sera un doux mélange de tout ça. Elle devra faire exploser la digue entre votre cœur et votre cerveau. L’un et l’autre doivent se rejoindre pour créer cet attachement si particulier qui unit un artiste à son public. Elle ne craint pas la répétition. Elle affronte tout contexte. Elle relève de l’intime. Et parce qu’elle ne quittera plus votre vie, elle constitue une toute petite parcelle de votre âme. Elle est la bande-son de ce que vous, pas l’être humain mais l’être qui ne saurait vivre sans musique, avez vécu de plus intense. Ces chansons ne sont pas les meilleures. Elles sont bien plus que ça : elles sont vos préférées. Vous ne tombez pas toujours amoureux de la personne à la fois la plus brillante, sexy, drôle et intelligente, si ? Non, vous tombez amoureux de celle qui fait résonner en vous quelque chose de spécial, celle qui vous fait être en phase avec vous-même. En face d’elle, vous vous sentez simplement dans le vrai. Cette chanson retenue dans votre Top 42, c’est pareil. Elle doit avoir la force de l’évidence. Ce n’est pas tant un choix qu’une reconnaissance.

42 chansons, très bien, j’y suis. Mais comment je les classe ?
Plusieurs méthodes s’offrent à vous. Un classement par ordre supposé d’écoutes aurait du sens mais c’est un réflexe de fainéant. Concentrez-vous dans un premier temps sur votre Top 10 et uniquement là-dessus. Chacun de nous connaît au moins 10 chansons qu’il estime absolument impensable de ne plus jamais écouter au moins une fois dans sa vie. C’est le fameux coup de l’île déserte. Les chansons classées Top 18, Top 29 et Top 36 sont certainement importantes pour vous mais n’allez pas nous faire croire que votre vie sera altérée à jamais si on vous prive d’elles. Alors que celles du Top 10, oui. Sinon, vous n’avez rien à faire ici, retournez sur MinuteBuzz.
C’est la seule étape de ce travail que vous devez mener à contre-cœur : après avoir soigneusement sélectionné ces mêmes chansons, éloignez-les de vous-mêmes, repoussez-les en simulant le fait que vous pourriez ne jamais les réécouter. En psychologie, on appelle ça la prescription paradoxale. De fil en aiguille, vous faites ainsi le ménage jusqu’à la 42ème place.
Autre conseil pour le classement : les chansons associées à un moment de votre vie, et seulement à ce moment là, doivent être reléguées au fond du classement. L’écoute des chansons les mieux classées doit être UN moment à part entière, provoqué, répété jusqu’à l’absurde.

C’est tout bon ?
Non, pas tout à fait. Quatre dernières remarques :
- Faites de la place pour 42 artistes/groupes différents. Choisissez donc une seule chanson de vos cultes sur pattes. C’est comme ça, c’est la règle.
- Oubliez les prétendus incontournables et des singles qu’il faudrait caser. C’est votre Top 42, pas le Top 50.
- Ne cherchez pas à caser un artiste à tout prix. Un Top 42 de vos artistes ultimes peut différer légèrement.
- La bande FM déborde de chansons aux accents putassiers. Vous avez le droit de les intégrer. Celui qui vous jugera et sa présumée intelligence est, en réalité, plus étroit d’esprit que vous.

Et là, c’est tout bon ?
Oui."
(Ronan / sourdoreille.net)

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"Merci Niels Arestrup. De sa voix lointaine, calme et grave, qui nous ensorcelle, l’acteur a eu des mots très justes sur le plateau de Laurent Delahousse sur France 2, dimanche soir. Il a dit: "Je suis choqué par la façon dont on nous parle, et là je parle à la fois des scientifiques et des politiques. Je crois que les Français sont drôlement gentils, depuis un bon moment, depuis pratiquement une année. Ils font tout ce que l’on demande, ils font tous les efforts qu’ils peuvent. Et quand j’entends hier une information qui venait de l’Académie de médecine, je crois, proposant aux gens qui sont dans un métro à sept heures du matin de ne pas parler, parce que ça risque de faire des postillons alors qu’on est dans une situation proche… Je trouve que quand on dit ça aux gens, il faudrait leur parler avec respect, leur expliquer pourquoi on le fait et ne pas leur donner des ordres brutaux. […] Ce n’est pas une vie quoi. Il faut être gentil avec les gens qui vivent ça et qui acceptent ça. Ce ne sont pas des procureurs, ce sont surtout des victimes."

Merci Niels Arestrup de rappeler que les Français souffrent, physiquement et mentalement. Lui-même le reconnaît: il est en dépression. Alors qu’un confinement numéro 3 est dans l’air et que le gouvernement joue avec nos nerfs, entre fuite dans les journaux et sortie inquiète du président du conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, sur BFM, une question risque une nouvelle fois de passer à l’as: jusqu’à quand les Français vont-ils l’accepter? Jusqu’à quand vont-ils se dire que le jeu en vaut la chandelle? Le premier confinement, ça allait (presque): c’était du jamais vu, du jamais vécu. Une expérience de société, avec de vrais moments de solidarité et d’entraide. Ça paraissait sacrément utile, surtout en l’absence de connaissances sur la dangerosité du virus et ses modes de contamination. On sauvait le monde en prenant des kilos sur son canapé : super. Le deuxième, déjà, on avait moins envie. Tout le monde cet été répétait "plus jamais ça". C’est finalement reparti pour un tour. Au moins, c’était plus light. On avait moins peur. On avait compris qu’on allait peut-être mourir, mais pas tous. Les écoles restaient ouvertes, ça soulageait les parents. Les restaurants un peu aussi. Ils servaient des bières à emporter et ça soulageait les animaux sociaux. On allait les siroter dans le froid sur les marches des escaliers de Montmartre, comme des bandits. Le troisième… c’est dur. Allez, un dernier effort avant le vaccin? On voudrait y croire, même si les variants cassent l’ambiance.

Merci Niels Arestrup de rappeler que ce n’est pas de notre faute puisque c’est toujours l’angle d’attaque de la majorité. C’est le préfet de police Didier Lallement, en avril, qui déclare que ceux qui se retrouvent en réanimation sont ceux qui n’ont pas respecté le confinement (avant de s’excuser sous la pression). Ce sont quelques danseurs en plein air du XVIIIe arrondissement qui passent pour de dangereux apaches de la Belle Epoque. C’est Richard Ferrand, président de l’Assemblée, qui ajoute en octobre que si on est malade, c’est qu’on n’a pas fait "aussi attention que nécessaire" (une petite pensée pour Macron et ses "dîners de travail"). C’est "la bamboche qui est terminée" d’un préfet, montrant tout son mépris de classe pour les amusements triviaux, les trucs de pauvres qui ne savent pas se tenir. C’est "l’effet fête de fin d’année". Ce sont les teufeurs de Bretagne qui méritent la prison. C’est "l’effet apéro". C’est, désormais, "l’effet galette". C’est la partie médiatique des scientifiques et des médecins, bruyante, qui a la culpabilisation facile, alors qu’ils se sont eux-mêmes tant trompés. Et ce n’est pas grave de se tromper, c’est normal, ça arrive, surtout face à un nouveau virus qu’on ne connaît pas. Il faut faire simplement attention à ne pas tout asséner du ton docte de la vérité. D’autant plus quand on est dans une position de pouvoir et de sachant.
(…)
Merci Niels Arestrup d’oser se demander si ce sont les bonnes méthodes qui sont mises en place, si cette demi-vie que l’on nous impose ne fait pas toujours que retarder le problème. Il est légitime de se demander si tous nos efforts servent à quelque chose, tant que les écoles seront ouvertes, tant que les transports seront blindés, tant que les magasins seront pleins. A quoi cela sert-il d’écoper à l’arrière, quand le bateau prend l’eau à l’avant?
(…)
Là, certes, on est encore vivant, mais on est maintenu dans un état semi-comateux. Certes, si nous sommes en guerre depuis mars 2020, nous n’avons pas encore perdu, mais nous ne gagnons pas non plus. Et, comme pour toute guerre, quand la défaite pointe, ce ne sont pas les troupes qu’il faut vilipender.
Merci donc aux Français de continuer de tenir la tranchée, en râlant et en se demandant, avec raison, si c’est la bonne tactique, mais en la tenant quand même. Et merci à Niels Arestrup de rappeler qu’ils sont bien gentils de le faire." (Libé)

L'article entier (beaucoup plus long est (mais peut-être ne peut-il être lu que par les abonnés)

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