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lieux communs (et autres fadaises)
4 février 2022

la lectrice

019
LA PLACE D'UNE AUTRE
d'Aurélia Georges

Evénement et soirée de gala dans le bôô cinéma : on y recevait Aurélia Georges, venue y présenter son nouveau film (et c'est toujours beaucoup plus intéressant de pouvoir échanger "en live" avec une réalisatrice...). Aurélia Georges, connue sur la place pour être intervenue, avec sa co-scénariste Maud Ameline, dans un projet de "film d'école", dans le cadre d'Ecole et Cinéma, et qui pour cette raison avait demandé à venir ici (dans le bôô cinéma), parce qu'elle "nous" connaissait. La soirée a été mise en place avec délicatesse et précision (entre deux soirées spectacles dans notre cher théâtre local) , a manqué capoter pour cause de grève générale à la SNCF, mais ouf! à la fin du film elle était là, et la quarantaine de spectateurs enchantés par le film ont pu lui poser toutes les questions qu'ils souhaitaient. (Comme Hervé allait à la gare, c'est Zabetta qui a fait la présentation (et a lu le sms envoyé par Aurélia G., disant qu'avant un film elle avait l'habitude de ne rien dire, pour ne pas gâcher le plaisir de la découverte du spectateur) ce qui fut donc fait par Zabetta...).
Le film est, d'abord, ce que j'appelle (pas du tout péjorativement) un "film de femmes" (à la réalisation et au scénario, mais aussi devant la caméra : Lyna Khoudri, Sabine Azéma, et Maud Wyler, chacune d'elles déjà aimée dans d'autres films (citons Papicha, 2 automnes 3 hivers,  Smoking/No Smoking, un chacune pour ne pas faire de jalouses) se partagent les rôles principaux dans cette sombre (et victorienne) histoire d'usurpation d'identité. Laurent Poitrenaud, vu récemment dans Les promesses, change de costume et d'époque pour devenir pasteur, proche ami de la grande bourgeoise qui vient d'engager une jeune demoiselle de compagnie / lectrice sur la bonne foi de sa lettre de recommandation, sans savoir tout à fait à qui elle a affaire (mais sans vouloir non plus se poser trop de questions...) et moins dupe qu'elle (la patronne) sur la bonne foi de la jeune lectrice, puisqu'il va mener sa propre enquête...
Le film est l'adaptation du roman de Wilkie Collins The New Magdalen (1873, quand même) qu'il transpose (qu'Aurélia Georges et Maud Adeline transposent) en France, et pendant la guerre de 14... Toujours des longues robes et des corsets, donc, et de grandes capelines, du personnel de maison, et des voitures à chevaux (quand ce ne sont pas de belles "vraies" guimbardes, comme montrée à la fin du film). Un film en costumes donc, revendiquant un certain classicisme, tout comme le récit qu'il adapte (et accompagne).
Cette usurpation d'identité a été faite "de bonne foi", sans penser à mal quasiment, et le retour inopiné à la vie de la vraie titulaire de cette identité (l'un des titres français du roman était La Morte Vivante) va singulièrement compliquer la tâche de l'usurpatrice, qui s'est trouvé là un nid douillet et accueillant, et une protectrice au grand coeur qui ne veut que son bien...
Jusqu'où peut-on aller pour prétendre au bonheur ? C'est la question que semble poser la réalisatrice, avec une certaine insistance sur le statut (et la position) des femmes, selon qu'elles sont plus ou moins bien nées... Et le spectateur se trouve lui-aussi devant un genre de dilemne moral entre deux personnages : la pauvre qui a pris la place de la riche et la riche a qui on a pris sa place, qui aimerait bien la récupérer (et on la comprend, la vie à l'asile a tout de même l'air assez rude...) et qu'on veut faire passer pour folle... Entre les deux son coeur balance (je veux parler du spectateur), mais il est apparu, lors de la discussion avec la réalisatrice, que, si dans le bôô cinéma, une grande majorité des spectateurs défendaient l'usurpée, en général les réactions étaient beaucoup plus partagées (cinquante / cinquante).
Mais bon (attention spoil) ça finit bien pour tout le monde... Oui, l'amour est aveugle (et les paysages embrumés au petit matin sont vraiment magnifiques...)

4455043

 

Commentaires
Z
J'étais bien contente de n'avoir qu'à lire les mots d'Aurélia Georges...
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