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lieux communs (et autres fadaises)
28 février 2022

deux gg pour le prix d'un

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MAIGRET
de Patrice Leconte

L'affiche est claire : un fond gris-verdâtre sur lequel se découpe une silhouette reconnaissable, un nom, MAIGRET, (mais ç'aurait pu tout aussi bien être DEPARDIEU) pour ce nouveau film de Patrice Leconte, lancé à grand renfort de battage publicitaire. (On en a parlé par-tout!). Adaptation de Maigret et la jeune morte, le film installe au centre de son dispositif un Maigret démesuré mais tout en retenue, face au cadavre ensanglanté d'une jeune fille en robe de soirée que personne ne semble vouloir (re)connaître, dans une ambiance délicieusement surannée (années 50 ?), au sein de décors aux couleurs tristounettes, atones. Tout est joliment en place, joliment reconstitué, les dialogues joliment ciselés, l'intrigue joliment chantournée, et donc on est en droit d'être, nous spectateurs, joliment satisfaits. Depardieu nous la joue placide, en retenue, à demi-voix, et on ne peut pas s'empêcher d'être impressionné par la bête... On a plaisir aussi de retrouver Elizabeth Bourgine, André Wilms, Aurore Clément, de noter des répliques plaisantes ("Quand on commence une enquête au blanc, on la finit au blanc..."), de se dire que, plus que Maigret, on voit Depardieur qui joue (à) Maigret, et qui réussit, en jouant a minima, oui qui réussit encore à nous toucher... (mais à savoir s'il apporte une valeur ajoutée à ce Maigret, c'est une autre paire de manches, hein...)

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ADIEU PARIS
d'Edouard Baer

Les hasards de la programmation font qu'on aura vu consécutivement deux films avec Depardieu : un film où il est au centre, et l'autre à la périphérie...) Dès le début on a le sentiment de quelque chose qui ne va pas. On dirait que le film n'est pas projeté au bon format, tant certains cadrages sont problématiques, et coupent, par exemple, le haut de la tête des personnages (gênant) surtout dans les scènes au bar, puis on se dit que ça a peut-être été filmé comme ça...).
Les personnages, ensuite. Benoît (Poelvoorde), qui interprète un acteur belge prénommé Benoït (lui-même donc ?) est convié à un repas à la Closerie des Lilas, qui se tient rituellement chaque année avec le même groupe de vieux amis plus un "nouveau", et cette année c'est lui le nouveau.  Avant lui sont arrivés d'autres invités (on reconnaît Jackie Berroyer, Bernard Lecoq, Daniel Prévost, Pierre Arditi, François Damiens, (face au patron du lieu interprété par Jean-François Stévenin), qui eux portent d'autres prénoms que le leur "vrai" (et font autre chose que le métier qu'on leur connaît, ce sont donc des personnages de fiction). Qui se retrouvent et discutaillent au bar (en étant ,je l'ai ditplus haut, plus ou moins bien cadrés). Finit par arriver Benoît, un peu alcoolisé, qui fait une entrée fracassante qu'il pense drôle mais qui laisse les autres sans voix (ce qui pourrait être reposant), excepté Pierre Arditi qui se met à lui hurler dessus en refusant absolument qu'il déjeune avec eux dans ce même restaurant...
Et on commence à penser à un mot : "embarrassant". C'est non seulement filmé -et raconté- à la va-comme-je-te-pousse, mais ça l'est également joué. Excepté Jackie Berroyer qui compose un personnage déboussolé et joliment lunaire, les autres vocifèrent éructent ricanent en font des tonnes...
Le spectateur, lui, se dépite. Au bout d'une demi-heure de ronchonnements (internes) divers, on envisagerait presque de se lever et de quitter la salle tant on se dit qu'il n'y aura décidément rien à tirer de ce salmigondis. Non seulement ça n'est pas drôle, mais ça en deviendrait même presque pathétique. Voire gênant. On pourrait être dans un genre (très) daté de théâtre de l'absurde (puisque huis-clos il y a), mi-Beckett (puisqu'on attend un certain Michael -joué par Depardieu- qui jamais ne viendra) et mi disons Ionesco, puisque les acteurs jouent et parlent chacun pour soi, comme s'ils venaient de tirer chacun dans un chapeau un thème pour une joute d'improvisations (et chacun en roue libre dans son histoire, ça fait beaucoup de roues pour un seul -et cahotant- attelage...), et n'avaient  pour mission que de clouer le bec à leur(s) partenaire(s). Et les rebondissements de l'action eux-aussi semblent participer du même tirage aléatoire de thèmes dans un chapeau.
Pendant un assez long moment la consternation va croissant, on en est même doublement désolé, eu égard au capital-sympathie qu'on a pour le réalisateur, on sortirait presque son téléphone pour savoir combien de temps il reste, on soupire, on renâcle, et soudain  -oh!- on a sous les yeux une jolie petite scène qui fait mouche, qui tombe juste, qui tombe un peu le masque, et on en est d'ailleurs tout surpris, mais la grosse artillerie repart tagada tagada sur ses ses grands chevaux de vieux cons, jusqu'à ce que ting! en voilà encore une autre, de petite scène qui non seulement est juste mais nous touche... et ce sera comme ça jusqu'à la fin, un vaste torrent de n'importe quoi(s) où le tamis apportera régulièrement à la lumière quelques pépites... Des étincelles (bienvenues) dans l'obscurité d'un magma narratif... Au sein duquel apparaît même le réalisateur (qui interprète un personnage nommé Edouard qui donc doit être aussi, comme pour Benoît, au début, peut-être lui-même), qui s'amuse au bar quelques instants avec, justement Benoît, avant de décider d'aller manger ailleurs... (ce qu'on avait un peu envie de faire...)
Il y aurait dans tout cela comme des airs de Blier (celui, misogyne et pas finfin -excessif- de Calmos)  mais pas vraiment bien assimilé. Régurgité.  Et ce pauvre japonais (Yoshi) au centre du dispositif ne semble pas vraiment savoir ce qu'il est censé y faire... Bref, peut-être ne serait-on pas si loin d'une version "bis" de Maison de retraite (que je n'ai pas voulu aller voir à cause de Kev Ad*ms)...

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27 février 2022

ukraine

"La guerre que la Russie mène contre l’Ukraine est un acte de folie suicidaire, qui entraînera inévitablement l’effondrement du régime russe criminel. Ce à quoi nous assistons actuellement est le Combat du Bien et du Mal, ou de la Vérité et du Mensonge, une lutte véritablement biblique. L’Ukraine vaincra ! Je suis par ailleurs profondément choqué par le manque évident de réactions dont font preuve de nombreuses institutions, personnalités publiques et gouvernements, qui sont en mesure d’aider la cause du peuple ukrainien non seulement par leurs paroles, mais aussi par leurs actions rapides et décisives. Le terrible drame qui se déroule actuellement est, dans une large mesure, le résultat des politiques hypocrites visant depuis trop longtemps à calmer le monstre, notamment en faisant du business avec la Russie. Depuis des années, les politiciens occidentaux détournent le regard des crimes commis par le régime russe en Tchétchénie, en Géorgie, en Crimée, dans le Donbass et dans d’autres régions d’Europe et du monde, et font des compromis au nom d’une politique du "pragmatisme". Je pense qu’il est temps pour la communauté internationale de se réveiller, de tirer les leçons qui s’imposent et de vaincre le monstre russe." (Serguei Loznitsa/ Libé)

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(Rothko, 1954, Yellow and blue)

 

 

24 février 2022

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la famille Stévenin, dans un touit qui a, ensuite, mystérieusement disparu

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(critique dégueulasse)
"Le come-back cinéma de XXXX après, pfiou, sept ans d’absence (XXXX, fin 2014) sans que ça nous ait manqué, est paré de la tonalité crépusculaire du «style tardif» (le cinéaste – qui fut un temps, entre autres fait d’armes, chroniqueur chez ­XXXX sur Europe 1 – a 74 ans). XXXX est adapté de XXXX, comme l’était hier son cireux XXXX en 1989. L’auteur des XXXX embarque XXXX dans le rôle-titre et neutralise dans la naphtaline de l’adaptation surdécorée et accessoirisée la véhémence résiduelle de la star en roue libre et totalement désinvestie (ou bourrée…)." (Didier XXXX, Libé, ce jour)
Rien que pour ça, tiens, j'irai voir le film...

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"Plus de 1 000 P*rsche, quelque 200 B*ntley, des A*di et des Lamb*rghini… Environ 4 000 voitures haut de gamme du groupe V*lkswagen se promènent dans l’Atlantique nord, au large de l’archipel des Açores, dans un cargo en feu, vide de toute présence humaine. Jeudi, la marine portugaise a récupéré sains et saufs les 22 membres de l’équipage, des marins russes et philippins." (Libé, ce même jour)

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maladresse (gaucherie) de la camaraderie virile

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c'est... attendrissant

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l'extraordinaire coïncidence de la baisse quotidienne du nombre des contaminations et du rapprochement de la date des prochaines élections... C'est ahurissant, non ?

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je ne me lasserai jamais du couple Tintin / Haddock

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❝La valeur des choses n’est pas dans la durée, mais dans l’intensité où elles arrivent. C’est pour cela qu’il existe des moments inoubliables, des choses inexplicables et des personnes incomparables.❞ (Fernando Pessoa, retouité chez Rithy Panh)

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ça m'a tellement plu que j'ai acheté l'album en version numérique sur bandcamp

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23 février 2022

robert's box

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J'apprends la mort de Gary Brooker le chanteur (et pianiste) de PROCOL HARUM groupe  (rock prog ?) des années 70, vu live à Besac au Palais des Sports en avril 76 (j'en parlais encore récemment par mail avec ce cher J-P...).

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(le concert coûtait 25f, et un margoulin revend le ticket 30€ sur eb*y!)

                                                              
PROCOL HARUM, découvert un peu par hasard, dont j'avais acheté (et adoré) l'album GRAND HÔTEL (que j'aime et que j'écoute toujours, d'ailleurs), avec dedans, notamment, SOUVENIR OF LONDON qu'on chantait souvent avec Babeth dans les dortoirs de l'E.N (elle jouait de la guitare et je m'époumonnais).
J'aimais nettement moins le disque live avec le Edmonton Symphony orghestra, je n'ai jamais aimé WHITER SHADE OF PALE (dont je n'ai jamais été fichu de savoir exactement ce que ça pouvait bien dire), et j'ai continué à acheter encore quelques albums de Procol harum (BROKEN BARRICADES, EXOTIC BIRDS AND FRUITS, et PROCOL'S NINTH, que je me souviens encore très précisément avoir découvert, à mon grand étonnement, en fouillant dans les bacs du Drug'Tone, à BESAC (ce qui ne nous rajeunit pas, je le reconnais...)
Je les ai écoutés, mais rien n'a égalé  GRAND HÔTEL, que je trouve parfait... J'ai beaucoup écouté (et je continue de le faire encore avec grand plaisir, NOTHING BUT THE TRUTH (sur EXOTIC BIRDS AND FRUIT, album que j'ai quand même pas mal écouté), particulièrement pour les "Oooooh Yeah" de Gary Brooker, justement...

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une photo récente

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Procol Harum (Brooker est sur la gauche, et je le trouve très mimi...)

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Grand Hôtel (front)

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Grand Hôtel (back)

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Encore un morceau de mon adolescence qui s'en va...

23 février 2022

ferry

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OUISTREHAM
d'Emmanuel Carrère

C'est grâce à Emma que j'ai fini par y aller. J'appréhendais, pour des raisons "éthiques", et en fin de compte je crois que  j'avais tort. Emmanuel Carrère a vraiment bien goupillé son affaire (le mensonge c'est un peu son fond de commerce) et Juliette Binoche réussit à gagner sur tous les tableaux, à être aussi vraisemblable en écrivaine parisienne qu'en femme de ménage qui nettoie la merde des autres. Le film est l'adaptation du livre Le quai de Ouistreham, de Florence Aubenas, qui n'a accepté d'en vendre les droits qu'à la condition que ce soit Emmanuel Carrère qui le réalise.
Binoche incarne, le film nous l'apprend assez vite, une écrivain (c'est ainsi qu'elle se définira) Marianne Winckler, qui déménage à Caen et s'inscrit à Pôle Emploi pour trouver un job tout en bas de l'échelle, et va devenir femme de ménage, dans un camping d'abord, puis des bureaux, pour passer ensuite à "l'enfer", sur le ferry, avec un nombre invraisemblable de chambres à nettoyer, à raison de 4 minutes par chambre (pas le temps de chômer).
Elle va s'intégrer dans un groupe de femmes qui font le même job, se rapprocher de quelques-unes d'entre elles en particulier, qui lui servent en quelque sorte de "sujets d'étude" pour le livre qu'elle est en train d'écrire, avec lesquelles elle va nouer des liens particuliers, d'amitié, rendant de plus en plus inconfortable sa position de vraie-fausse travailleuse (tandis que les autres le sont "en vrai", et le sont même doublement puisqu'il s'agit d'actrices non professionnelles qui re-jouent leur propre rôle (et qui sont d'ailleurs toutes tout à fait bluffantes. Mais qui à la fin du film, dans la vraie vie, sont retournées à leur boulot de merde.).
Le film nous la joue quasiment documentaire (il en a la sècheresse et l'apparente objectivité), il reste presque toujours très près de ses personnages, avec juste ce qu'il faut de voix-off au début (de Binoche) pour nous "mettre dans le bain", et l'intervention, in fine, sur le ferry, de Louis-Do de Lencquesain, dans son propre rôle, comme deus ex machina par qui la fin de l'histoire (la révélation) arrive...
Les conditions de travail de ces femmes sont dures, voire épouvantables, elle sont payées une misère (et leurs employeurs sont des gros cons), et le réalisateur les filme à juste distance (ni trop d'affect ni trop de pathos), tandis que le personnage joué par Binoche  les observe et vit "un peu" la même chose qu'elles (avec la certitude, terrible, et qui fait toute la différence que pour elle ce n'est que provisoire, elle le sait bien, qu'il n'est question que de jouer -le mieux possible- un rôle, et c'est là qu'Emmanuel carrère est très habile...) et c'est le vivre ensemble (comme on disait autrefois dans les projets d'école) qui fait la différence, qui compense -un peu- la dureté de ces vies précaires, les scènes "entre filles" (hors taf) et on a même droit à une très jolie scène d'anniversaire (dans un genre différent, mais aussi émouvante que celle de La jeune fille qui va bien, décidément, les scènes d'anniversaire...).
Mais, tel que, le constat est amer, ("Que veux-tu qu'j'y fasse c'est un problème de classe..." chantait Patrick Juvet, qui ne voulait pas du tout dire ça, mais qui résume pourtant assez bien le film...) et nous laisse -sur le quai- avec un certain malaise ("Surtout ne dis pas "à bientôt"..." dira Christelle en montant dans la navette qui l'emmène au taf sur le ferry à Marianne qui ne peut que la regarder partir, impuissante...)

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22 février 2022

supplément ouiqinde du mardi

Dans le Lot-et-Garonne, un couple souhaitant protéger la faune et la flore de son terrain a signé une «obligation réelle environnementale». Créé en 2016 mais très peu utilisé, ce type de contrat permet d’associer à un patrimoine un engagement de préservation écologique pouvant aller jusqu’à 99 ans.

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rafraîchir le vin au congel

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un film que j'ai envie de voir

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je kiffe Robert Pattinson

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no comment

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Liberté la nuit de Philippe Garrel

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ça fait pile cinquante ans qu'est sorti le premier album de Véronique Sanson

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Je tremble, ô matador

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en anglais, cock peut se traduire par bite et handler par manipulateur

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le coup du révolver

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le vertige

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j'adore cette image tellement elle est improbable

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"face-à-face" (!) Haddock / Alcazar

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19 février 2022

RR

EN ATTENDANT DOGO
de Jean-Bernard Pouy

Mmmmmh je viens de le reposer, fini, et j'ai eu un peu de mal à le lâcher, à m'en séparer...
Le dernier roman de l'ami J-B, à La Noire (nrf) (c'est la même chose que la Série Noire ou c'est autre chose ? faut que je me renseigne...*). L'ai trouvé à prix réduit ("incitatoire")chez gibertuche, et donc hop illico dans l'escarcelle, et je l'ai même commencé dans la foulée (mais bon j'avais commencé plusieurs autres livres aussi,  dans la foulée, et j'avais du mal à les continuer...).
Pouy, j'éprouve une grande tendresse pour lui (depuis le temps!). J'ai assisté à sa naissance, en 1984, avec Nous avons brûlé une sainte (Série Noire n° 1968, ça ne s'invente pas...) et je lui suis resté indéfectiblement fidèle (même si parfois un peu plus de loin en loin), mais, ce qu'il y a de bien avec lui, c'est qu'il écrit, qu'il écrit beaucoup, comme une poule pond (cloc! cloc! c'est le bruit d'une poule qui pond...) et donc, en fouinant un peu,  c'est toujours un plaisir d'en trouver un que je ne connaissais pas (dernières acquisitions, pas encore lues : LA MERE NOIRE, co-écrit avec Marc Villard, en Série Noire, et le grandiose (par le titre) L'ANGOISSE DU BANC DE TOUCHE AU MOMENT DU COUP D'ENVOI).
Je l'ai commencé (et poursuivi) par fragments, le soir, avant de dormir, et c'est une très mauvaise idée. oui, une très mauvaise idée de fractionner n'importe quel bouquin de la sorte... Et j'avais du mal, je trouvais donc que ça patinait un peu, cette histoire de Simone, infirmière, qui recherche son frère Etienne qui a disparu, et ne lui a laissé que quatre-vingt-dix-huit débuts de romans en guise de piste à suivre. Piste qu'elle va suivre, en guise de dernier espoir...
Je dois dire qu'au début (fragmenté) je n'étais pas enchanté, mais je me suis entêté : je n'allais pas abandonner un bouquin de Pouy, diantre! Et j'ai foutrement bien fait. Ce qui a suivi m'a confirmé que ce qui coinçait, ce n'était pas son écriture, mais mon mode de lecture! Je l'ai continué de jour, d'après-midi plus tôt, en blocs beaucoup plus conséquents, et là miracle! ça fonctionnait!, je ne pouvais plus le lâcher, et je l'ai fini en deux jours...
Enchanté.
C'est absolument, parfaitement, merveilleusement, délicieux. Qu'il parle des tribulations de Simone à la recherche du frangin, des aventures de trois zozos marionnettistes (mais pas que) nommés Guignol Gnafron et Madelon, ou de l'état de notre beau cocorico! pays avant les élections (tiens donc), plus ça va, plus on avance, et plus on se délecte (il y a, en plus, beaucoup de clins d'oeil littéraires, de complicités, de connivences), et comme tout ça est construit avec beaucoup d'intelligence; selon une pente ascendante (qui monte, qui monte, comme la bébête), qui va culminer, vertigineusement, dans une série de scènes dont je ne vous dirai rien pour ne pas gâcher votre plaisir, et plus on a le sourire...
Un gros bonheur de lecture, anar, libertaire, extrême-gauchiste, zadiste, anti-systémiste, altermondialiste et que sais-je encoriste... Bref, tout pour plaire!

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* La Noire et la Série Noire sont deux choses distinctes : La Noire a été créée en 1992 (Premier volume paru : Un pour marquer la cadence, de James Crumley, le 10 avril 1992). Sa couverture était un clin d'oeil à "La blanche", même maquette, sauf que le fond est noir. La Série noire, créée en 1945, est passée au grand format (et a abandonné la numérotation) en 2005, (avec photo n&b), avec un dernier changement de maquette pour fêter les 70 ans de la collection (avec liseré blanc et photo couleur)

*

sans rapport avec ce qui précède (quoique...) un petit cadeau pour vous :

(il s'appelle Roman Frayssinet)

et, tiens, un autre encore,

18 février 2022

ghosts

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RÉPERTOIRE DES VILLES DISPARUES
de Denis Côté

Oh oh c'est MUBI qui m'a gentiment prévenu ce matin que ce film que j'avais souhaité voir était désormais disponible, et je suis donc allé le regarder. Mais dimanche après-midi n'est pas un très bon moment, surtout quand on n'a pas la fibre, et les vingt dernières minutes ont été très pénibles à regarder, l'image se figeant sans cese (et j'ai carrément dû attendre le soir pour voir "normalement" les cinq dernières minutes!
Le film est sorti en salles au Québec en 2019, il est d'ailleurs en québecois pur jus dans le texte (ce qui est plus ou moins facile à décrypter, surtout moi qui suis un peu sourdingue), et j'ai dû donc opter pour des sous-titres pour pouvoir tout comprendre (sauf que il n'y a pas de sous-titres français, et donc je me suis rabattu d'abord sur des sous-titres anglais -mais ça faisait bizarre, éthiquement parlant-, et j'ai basculé ensuite en español, et là tout allait bien, ça rajoutait même un petit aspect décalé pas du tout désagréable.)
Le film débute par un accident de voiture, à Irénée-les-Neiges, petit patelin québecois (218 habitants), la mort d'un jeune homme, Simon, et des répercussions qu'elle va avoir sur les membres de sa famille, mais aussi sur l'ensemble de la communauté, d'autant que font leur apparition des silhouettes bizarrement masquées (ou pas).

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(j'adore ces masques)

L'accent québécois, la neige, les paysages, les apparitions, tout cela crée un univers singulier, attirant, un film choral hivernal qui vire progressivement vers le fantastique (chacun des personnages gère le problème à sa façon), jusqu'à une dernière partie qui hélas ratatine un peu maldroitement (sans prendre de gants) toute la tension que le récit avait progressivement mise en place, comme si le réalisateur ne savait plus vraiment quoi faire de ses revenants... Ils ne sont pas violents, Ils n'ont pas les yeux rouges qui s'allument, ils ne sont pas pourris, ils ne veulent ni tuer ni manger les humains (ça s'est vu par le passé), ils ne parlent pas, ils ne demandent rien, ils sont juste là. Juste là. Et c'est un peu juste comme ressort dramatique. Et un peu dommage (un peu frustrant aussi...)
Peut-être juste le considérer comme un documentaire romancé sur les petits patelins québecois du trou du cul du monde en hiver ? Dans cette optique-là, ça fonctionne...
(mais bon, c'est vrai, il est très mignon ce jeune barbichu à casquette, hein, et ça fait que du coup on reste intéressé jusqu'au bout...)

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17 février 2022

robots

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BIG BUG
de Jean-Pierre Jeunet

Tiens donc! Netflixmuche me prévient que vient d'y sortir le nouveau film de Jean-Pierre Jeunet. Ah bon ? Je vais donc y jeter un oeil (samedi soir à la maison, canapé, rien de mieux à faire), négligent au début, voire suspicieux, mais voilà, bien qu'en me trouvant plein de bonnes raisons de zapper et d'aller voir ailleurs, je suis quand même resté jusqu'au bout (jusqu'au bout du bout même, car je voulais savoir qui était cet acteur incarnant le méchant très méchant robot et dont le visage m'était (si) familier, et j'ai fini par le savoir, ouf!).
Premier constat, d'abord, visuellement c'est très laid. Un univers dystopique (2040) en couleurs saturées flashy où on a vite mal au coeur (et  aux yeux) devant cet empilement polychrome.
Il s'agit d'un huis-clos (une "famille" se retrouve piégée dans son propre appartement, dont les issues ont été bloquées par leurs propres robots domestiques, inquiets du risque potentiel généré -en cas de sortie, justement- par des nouveaux robots méchants très méchants qui veulent remplacer l'homme, où il sera question, pendant presque tout le film, de savoir comment faire pour en sortir... Chacun gamberge et y va de sa solution...
Le synopsis est mince, mais la distribution est sympathique (Isabelle Nanty, Elsa Zylberstein, Stéphane de Groodt, Youssef Hajdi, Claire Chust pour les humains, Claude Péron et Alban Lenoir pour les robots (une robote intendante qui voudrait devenir humaine -et éprouver des sentiments-) et un robot coach sportif et romantique -que sa propriétaire considère déjà (a déjà programmé) comme tel -humain- ou presque-), et François Levantal (numériquement multiplié, comme dans Matrix) en robot méchant très méchant, plus ça et là (à la télévision, surtout) quelques brèves apparitions amies que je vous laisse le plaisir de découvrir), les effets spéciaux sont chiadés (cette phrase est un peu complexe, vais-je réussir à m'en dépétrer ?), la variété robotique plaisante (tout ceux qu'on voit sur l'affiche), sans oublier une louchette d'humour, et voilà quoi, on passe un (très) bon moment de cinoche du samedi soir devant sa téloche (manquaient le popcorn et le soda...)

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16 février 2022

payer votre voyage

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LA FIEVRE DE PETROV
de Kiril Serebrennikov

Je suis en admiration devant ce film parce qu'il me dépasse, ce film qui m'a ravi (dans tous les sens du terme, notamment comme une soucoupe volante embarquerait un humain dans son rayons lumineux pour le transporter jusqu'à son bord). Je l'avais, un peu par bravade, mis a priori dans mon top 21 de 2021, sans l'avoir vu (exprès, en compagnie de ce très cher Memoria qui était dans le même cas), et je me dis que j'ai eu le nez creux (comme on dit par ici)...J'ai déjà, toujours a priori, pour le cinéma russe les mêmes sentiments quasi que pour son confrère  roumain : je sais que ça va être plus ou moins inconfortable, alcoolisé, violent, nihiliste, polaire, rentre-dedans, désespéré, bordélique, amer, mais déjà je les aime, ces films, et j'ai rarement été déçu (même si, des fois, un peu quand même... mais pas souvent) de la façon dont ces réalisateurs (couillus) parlent de leur(s) pays (merdiques).
Bref je l'attendais de pied ferme.Alors, ce Petrov, de quoi souffre-t-il ? Qu'est-ce qu'il nous raconte ? Et hop avant que le film démarre, déjà on remarque qu'il y a plein de producteurs/distributeurs associés, chacun avec sa petite animation (je me dis toujours qu'il faudrait que j'écrive un truc là-dessus), et que donc le sieur Serebrennikov a de l'entregent -est multi-partenaires- (j'ai même repéré le nom d'Olivier Père et entendu in fine que ce film était né sous une bonne étoile, ce dont je n'avais jamais douté...), et bon ça pique encore un peuplus notre curiosité.
Il s'agit donc d'un certain Petrov, qui tousse (puisque c'est celui du titre, qui doit aussi avoir de la fièvre), qui au début  a pris le bus (le bus en Russie, c'est quelque chose), pour une grande scène d'ouverture bien cracra, par la lumière verdasse, par les tronches, par les dialogues, c'est vraiment le "Vous qui entrez ici perdez toute espérance...", c'est clair -enfin, plutôt c'est glauque-, (on est prévenu...), puis, toujours toussotant, va changer de monture, et monter dans un corbillard, où il a été invité par des potes, de beuverie bien sûr, pour la tournée (des grands ducs)...
Mais très vite ça va se compliquer avec une bibliothécaire, entraînée aux arts martiaux et spécialement irritable (on apprendra plus tard que c'est Madame Petrov), puis un enfant (Petrov Junior, mais pas toujours), puis une fête de Noël, et hop, et hop, ça tourne et ça flonflonne (il y a beaucoup d'accordéon dans le film, comme il y avait déjà beaucoup de musique dans Leto) et -toujours- ça biberonne, direct à la bouteille (ils ne sucent pas de la glace)), et on réalise qu'en une dizaine de minutes on a déjà traversé, sans aucun panneau de signalisation, plusieurs univers différents (disparates), et qu'il ne faut pas résister, juste se laisser emporter dans cette /ces histoire(s), rouler par ces vagues successives qui déferlent, de ces univers fragmentaires et superposés qui coexistent -probablement- dans le cerveau surchauffé de Petrov : le présent, le passé, l'ailleurs, le nulle part, l'onirique, le sûrement et le peut-être, dans un récit tumultueux aux enchâssements baroques... (Il faut absolument que je me procure le bouquin dont le film est l'adaptation, mais, actuellement, Gibertuche ne veut pas en baisser le prix, alors, embusqué, j'attends...).
On pourraît être dans une fête foraine déglinguée (celle de Nightmare Alley, avec des couleurs criardes, des attractions, peut-être des monstruosités, mais en version russe, c'est à dire encore pire), sur un manège (celui de l'inconnu du Nord-express, qui a pété les plombs et tourne comme un fou, mais, encore une fois, à la russe, et donc encore plus vite) où, heureux et fasciné comme un gamin, on se cramponne énergiquement, histoire de ne pas se casser la gueule, et ça tourne et ça tourne, on a toutes ces images qui en mettent plein les yeux, qui désorientent, qui chamboulent, au fur et à mesure des déambulations mentales de ce cher Petrov. Comme en rêve (un rêve de fièvre, justement) où on est égaré, où on ne comprend pas tout, où des éléments sont parfois répétés, se répondent, avec insistance, reviennent, comme des variations sur le(s) motif(s), sans qu'on en comprenne forcément le sens...
La Fièvre de Petrov foisonne (il est comme en expansion) au fil(m) de séquences qui possèdent leur cohérence propre, leur (des)équilibre interne, La Fièvre de Petrov, donc, devrait pouvoir se visiter, posément, à tête reposée, tant il est difficile (voire inconcevable) d'être capable d'appréhender au premier coup d'oeil toute la richesse  (la complexité) de ce qui nous est montré  (suggéré) pendant ces cent-quarante-six minutes...
Serebrennikov en a les clés, les notices explicatives de chacune des salles (et/ou personnages) mais il nous laisse nous débrouiller tout seuls, au milieu de ces (ses) histoires et de ces métaphores sibyllines... Quel édifice! Quelle ampleur ! Quel vertige! Quelle sidération!
Et je n'ai pas d'autre choix donc que d'y revenir dès que possible...
Top 10, donc, je (re)confirme!

La bande-annonce française est (et une autre, en v.o, -plus "musclée"?- est )

Et un bel article de BANDE A PART, sur le film et son réalisateur

0535380

 A la deuxième vision (je viens d'y retourner, avec Catherine et Isabelle -et Manu son fils-), le film n'apparaît pas si complexe que ça (mais me procure toujours autant de plaisir (et je viens de me rendre compte qu'une partie du premier post, au-dessus de l'affiche, a mystérieusement -et involontairement- disparu, lors de ce qui devait être juste une minimale correction de routine (saleté de souris, saleté de canalbl*g, où les modifications prennent effet sur le champ, toutes affaires cessantes... partie où j'évoquais Sokourov et Guerman, et la notion de "film-univers" (en précisant qu'elle n'était pas de moi...) voilà je suis complètement perdu dans ma phrase c'est malin...
J'en étais presque un peu déçu, c'était finalement plus "sage" que ce que j'avais cru à première vue, une fois l'effet de sidération passé... Il y a d'abord une très longue partie en scope ("chronologique", avec, oui oui des séquences très hétéroclites, dont ce fabuleux plan-séquence sur l'histoire de Sergey l'écrivain) où s'insèrent les séquences en format 4/3 (celles relatives à la fête de Noël, et donc à l'enfance de Petrov), mais on repart chaque fois au format scope et à la couleur, sans que ce soit forcément chronologique, avant cette très belle partie en noir et blanc (intitulée au générique de fin "1971" me semblait-il,  tandis que, dans le dossier de presse, le réalisateur évoque plusieurs fois 1979...), l'histoire de "la fille des neiges"), avec, au milieu, cette coquetterie stylistique (que j'adore) de télescoper (de fusionner) deux visions différentes de la même scène (la fille au téléphone), cette fois en noir et blanc et en scope, du point de vue de la fille (qu'on a déjà vue avant  en couleurs et en 4/3, du point de vue cette fois de la mère de Petrov petit), coquetterie, oui, qui me ravit.
Avant de revenir sèchement à la couleur (Petrov qui revient dans son appartement (avec ce plan surprenant de la maison de poupées), avant que la télévision ne nous ramène à l'histoire du corbillard (et du cadavre qui ne veut pas revenir dans son cercueil malgré les appels de l'ambulancier), avant l'épilogue, le -splendide- rap du générique final, encore un plan-équence ébouriffant, où le mort-pas mort finit par monter dans un bus dont il est l'unique passager, et où la contrôleuse du début lui demande de payer son voyage (contrôleuse à propos de laque Isa a émis l'hypothèse qu'elle pourrait bien être la "fille des neiges", ce qui ne m'était absolument pas venu à l'esprit, mais je pense qu'elle a raison...)
J'étais donc, à cette seconde vision du film, toujours aussi enthousiaste, même si subistent encore des dizaines de questions sans réponse (mais c'est fait pour...).

"En ce qui me concerne, réaliser La Fièvre de Petrov, c’était travailler avec un auteur incroyable, dont l’univers faisait écho en moi, comme j’espère en nous tous. J’ai pu collaborer avec des acteurs exceptionnels. C’était une tentative d’exprimer ce que la Russie est pour nous à travers l’empathie, le partage de nos souvenirs d’enfance, de nos peurs, de nos joies, en racontant au public ce qu’on aime et ce qu’on déteste, ce qui nous fait enrager, ce qu’on adore, en partageant notre solitude et nos rêves... Je voulais que ce film soit très sensuel, et plein d’amour. Je n’avais pas prévu de le tourner. C’est lui qui est venu à moi, qui m’a happé, et j’ai été très heureux de me laisser emporter par ce projet. C’était pendant une période sombre de ma vie, et ce film m’a donné le moyen de me changer les idées et de me concentrer sur la source principale du bonheur. Il a même peut-être été, dans une certaine mesure, ma bouée de sauvetage. Tout ce contexte l’a rendu d’autant plus sincère et franc." (Kiril Srebrennikov, Dossier de presse du film)

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