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lieux communs (et autres fadaises)
20 juin 2022

les fourmis

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INCROYABLE MAIS VRAI
de Quentin Dupieux

Me voici réconcilié avec Quentin Dupieux (depuis quelques films mon amour pour lui battait de l'aile, depuis Réalité (2014), ma passion -et ma patience- se sont peu à peu émoussées, au fil de Au poste!, Le Daim, Mandibules, où à chaque fois quelque chose m'empêchait d'applaudir comme il se doit : à deux mains et me faisait un peu faire la grimace).
Mais là, déjà, le fait de retrouver le Chabat de, justement, Réalité, qui plus est entouré de Léa Drucker, Anaïs Demoustier, et un Magimel en super forme remonté à bloc (chacun d'eux doté d'une coquetterie capillaire plus ou moins visible) fait qu'on boucle la ceinture pour s'installer dans cette attraction de fête foraine qui démarre pour notre plaisir. Dès le début, Dupieux s'amuse à emberlificoter une narration pourtant au départ très simple et naturaliste, pour mieux se rapprocher (s'imprégner) de ce qui se trouve dans la cave de la nouvelle maison (et dont je ne parlerai pas pour ne pas gâcher le plaisir, si si, enfin non non plutôt).

Disons qu'on a affaire à un dîner entre deux couples amis (enfin, dont les deux maris sont potes) et où chaque couple à une nouvelle sensationnelle à annoncer à l'autre : l'un le fera et l'autre pas... (vous voilà bien avancés) et le film va continuer ainsi, sautillant d'un couple à l'autre (la musique, c'est comme dans un film des années 70, du Bach réinterprété au synthé de façon plutôt guillerette), chacun/chacune avec ses problèmes personnels et ses obsessions (il y a même, au milieu, un chat qui pourrait presque, soyons fou, être celui de Schrödinger, en tout cas qui lui fait vaguement un clin d'oeil). Comme dans une équation d'Einstein il est question de temps et d'énergie (enfin, de vigueur plutôt), mais ce n'est pas du tout aride et désespérant comme une équation, il y a vraiment une narration, une histoire presque "normale", pour peu qu'on en accepte les surprises, et au terme des soixante-quatorze minutes du film (c'est assez court mais c'est suffisant...), on se dit qu'allo-cinoche s'est encore une fois trompé de catégorie et que ce n'est pas finalement tant une "comédie" que ça (bien que ça soit pourtant très drôle...). en tout cas, pas que. Sous l'absurdité apparente, sous le vernis non-sensique, se tapit une pointe de gravité, un peu surprenante chez Quentin D., et une profondeur (comme la grotte d'hier, dans Il Buco) qu'on n'aurait pas soupçonnée...

Bon, on n'est pas chez Bergman quand même, hein, mais tout de même ça donne du grain à moudre pour qui le veut bien (le temps qui passe, l'usure du couple, l'obligation de performances, la folie...). Et in fine ça nous ravit par le clin d'oeil ultime (peut-être n'a-t-il construit cette histoire que pour ça) de cette très belle (et angoissante) image  surréaliste venue de L'Âge d'or, de ce cher Bunuel... Du vraisembable jusqu'au fauxsemblable...

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malin, les deux versions de l'affiche...

*

Capture d’écran (1891)

Capture d’écran (1890)

on ne voit qu'eux deux dans la bande-annonce...

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