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lieux communs (et autres fadaises)
8 avril 2023

les mains dans l'eau la nuit

076
AMORE MIO
de Guillaume Gouix

C'est vrai, j'ai un peu insisté pour l'avoir, pour qu'on le programme. Avec en même temps un léger frisson : quand on projette le premier film réalisé par un/une acteur/actrice qu'on aime beaucoup, on risque la désillusion, la douche froide, le tombage de haut (je me rappelle avec tristesse le ratage catastrophique du pourtant très attendu MERVEILLES A MONTFERMEIL de la très aimée Jeanne B.)
Bon, mais là, il s'agissait de mon Guigui d'amour, Guillaume Gouix  (comme acteur, je l'ai à chaque fois beaucoup aimé, pour ne pas dire adoré : GASPARD VA AU MARIAGE, LES CONFINS DU MONDE, ATTILA MARCEL, ALYAH, MOBILE HOME...) donc j'étais plein d'espoir, d'autant plus que les critiques lues caressaient plutôt dans le sens du poil...
Un film "de filles", de soeurs plutôt, Alysson Paradis et Elodie Bouchez. Pourquoi donc Alysson ? je n'ai pas eu à googler très loin pour avoir la confirmation de ce que mon petit doigt m'avait soufflé : parce que c'est sa copine, voilà! Et la paire qu'elle consitue avec Elodie Bouchez (qu'on vient juste de voir en tandem avec Adèle Exarchopoulos, dans le très beau JE VERRAI TOUJOURS VOS VISAGES) fonctionne du feu de dieu. Deux soeurs qui se retrouvent à l'occasion d'un enterrement (auquel elles n'assisteront d'ailleurs pas) et qui vont partir en vadrouille, dans la voiture de l'une des deux, avec le fiston de l'autre (la blonde avec les racines, jouée par Alyssa P.) après que son jules soit parti ( "avec la participation de" Félix Marithaud, qqu'on verra juste deux fois). Avec une vague destination : "vers le sud"... Se barrer pour (peut-être) se retrouver.
Le film est tout de suite fascinant (j'ai pensé à Cassavetes, que je ne connais pas très bien, mais au Cassavetes dont se réclamait Jean-françois Stévenin) : parce que filmé dans  ce format presque carré comme pas mal de films qu'on aime (1.33 précise Guigui en interview),  parce que filmé très près, voire très très près, avec une caméra très mobile, pour essayer de coller à ce qui se passe, parce que dialogué de façon assez brute ("nature"), parce que filmé aussi à toute vitesse, jusqu'au bout, sans prendre de gants ni souvent le temps de respirer... C'est une virée, et le réalisateur nous entraîne avec lui, à sa suite (on serait les casseroles attachées à une voiture de mariés, ça roule vite, ça saute, ça s'entrechoque, mais on reste toujours accrochés, même si des fois déstabilisés. Caméra embarquée, voilà, c'est ça.
Un film aussi loin des films de deuil habituels que des road-movies tout aussi habituels. Guillaume Gouix prend le contrepied, sale gosse, fait à sa façon et on aime ça. Le film zizague, déjante, éclabousse, freine parfois brutalement. Mais jamais ne nous perd. Et finit par abandonner ses personnages presque "en lieu sûr". Au soleil. Une magnifique scène de pâtes à l'encre de seiche, avant que de les (nous) laisser sur la plage.
Une très belle réussite. (pourtant, avec mon oreille gauche défaillante, il y a plusieurs scènes où je n'ai pas tout à fait saisi les paroles -ç'aurait été du moldave que je n'aurais pas compris mieux...- sans que ça nuise pourtant à l'immense plaisir que j'ai pris au film.)
Une très belle claque.

 

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