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lieux communs (et autres fadaises)
23 avril 2023

stylo quatre couleurs

080
DE GRANDES ESPÉRANCES
de Sylvain Desclous

C'est Emma, finalement, qui m'a convaincu. Les films qui traitent de politique politicienne, tactiques, manoeuvres, candidats, premier ministre, Elysée, projets de loi, ENA, magouilles et contre-magouilles, en général ça ne me passionne pas... Là, on est en plein dedans, et pourtant je m'y suis intéressé. Pourtant l'histoire n'est pas a priori follement originale : une jeune fille brillante, pleines d'idées (et sans doute, aussi, d'ambition(s), d'où les grandes espérances du titre) est prise sous son aile par une ancienne secrétaire d'état (ambitieuse elle-aussi), intéressée par son cursus et ses idées, qui l'embauche dans sa garde rapprochée (qu'on pourrait situer, politiquement, plutôt à gauche) devenue députée "Madame la Députée", fait-elle préciser), avec un poste de Madame la Ministre  au bout de la lorgnette.
La jeune, c'est Rebecca Marder, la plus agée c'est Emmanuelle Bercot (toutes deux impeccables), avec, au centre du débat, une usine dont les ouvriers réclament le contrôle plutôt que le démantèlement et les licenciements envisagés. La jeune fille est très forte, et redoutablement pugnace. tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes de la politique politicienne (et on commencerait d'ailleurs un peu à baîller) s'il n'y avait une toute autre histoire qui se mettait en place : celle entre la jeune fille et son cher et tendre (lui aussi, ENA et compagnie, avec en plus un papa très riche, ce que la jeune fille n'a pas) : tout allait bien  dans la politique politicarde jusqu'à ce que, suite à un incident en Corse, qui s'est soldé par la mort d'un autochtone (son copain s'est comporté comme une chiffe molle, c'est elle qui s'est emparée du fusil de l'autochtone, et, un peu par hasard, lui a tiré dessus. Et l'a tué) tout n'aille plus si bien que ça. On met ça dans s poche et son mouchoir par-dessus ? On est deux, on se serre les coudes et on va s'entraider ? Tut tu pouet pouet, que nenni... Et on va suivre les trajectoires soudain divergentes de ces deux tourtereaux politiques, lui incarnant (c'est Benjamin Lavernhe qui s'y colle pour ce rôle peu gratifiant) tour à tour la lâcheté, la couardise, la veulerie, jusqu'à basculer dans la saloperie pure et simple... La blanche colombe et le noir corbeau.
On suit Rebecca Marder de a jusqu'à z, depuis les roucoulades corses du début jusqu'à l'affrontement final, corse lui-aussi... Et elle crée un personnage fascinant, parfaitement ambigu, (elle passe son temps à mentir, c'est une seconde nature chez elle, mais toujours de la plus naturelle -et exquise-des façons), adans ses relations complexes avec son entourage (celle avec son ex-petit ami, celle avec la députée, et, last but not least, celle avec son père (Marc Barbé y est comme d'hab', excellent).
Un film agréable, habile, manipulateur, à l'image de son héroïne, dont on est sûr qu'elle ira loin, la bougresse, avec ses grands yeux candides...

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