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lieux communs (et autres fadaises)
comedie
11 avril 2010

pierre, paul ou jacques

LA REINE DES POMMES
de Valérie Donzelli

Failli rater la séance pour cause de sieste prolongée, mais, rétrospectivement, c'eut été dommage...
Un titre comme une chanson de Lio (chanson que j'adore, d'ailleurs, et qui accompagne le générique de fin), et, visuellement, qui (au générique de début) rappelle (clic clic!) le très beau clip de Michel Gondry pour Jean-François Coen (la Tour de Pise)
Un "film de dame", se dit-on, au départ, avec son charme et sa fraîcheur comme atouts ; pas beaucoup de moyens, pas très bien éclairé, mais on ne sait pas pourquoi, dès le début justement, on adhère, on pardonne tout et vogue le navire, on continue avec la demoiselle en question (Adèle, qu'elle s'appelle) qui vient de se faire plaquer par  Mathieu et qui se retrouve malheureuse comme tout. On feuillette avec elle son catalogue de la déroute.
Hébergée par une cousine au début un peu revêche (et à l'oeil en méduse) sur les conseils de qui elle va rencontrer successivement trois hommes (l'étudiant, le bourgeois le loubard) qui vont la faire avancer dans sa guérison. sans oublier une femme blonde qui interviendra deux fois dans le film, et qui est jouée par la sublimissime Laure Marsac (qui réalisa il n'y a pas si longtemps un "Quatrième morceau de la femme coupée en trois" d'aimable mémoire, et dont ce film-ci ne serait d'ailleurs pas un parent si éloigné...)
Adèle est donc malheureuse (mais les scènes d'ouverture nous l'ont présentée comme un peu destinée à ça, dans la famille pas de bol persiste et signe. Comme dit la chanson-titre "celle-là elle leur court derrière, les catastrophes elle en a fait une carrière...", et donc oui, elle les collectionne... mais dans la bonne humeur cinématographique (on serait ici quelque part du côté de Sophie Fillières (par exemple), mais pas si loin de chez Rohmer, à Demy chez Mouret, voyez un peu le genre... On se pose des questions, on fait des rencontres, on épilogue sur la conduite à tenir, on hésite, on suppute, on chante même, et on convoque même une voix off qui survole tout ça de ses petits apartés.
Une mise en scène sans tape-à-l'oeil (!) mais sans ascétisme non plus, et un ton très personnel donc  qui font qu'on sourit à peu près continuellement au récit des malheurs de cette (finalement pas si) nunuche (que ça) dont les péripéties ressemblent quand même drôlement à la vraie vie, mis juste irisée, acidulée par le filtre d'un humour pince-sans-rire qui fait vraiment mouche. La vraie vie, justement, qui fait valoir  ses droits : j'adore ces scènes en extérieur où à chaque fois intervient un élément d'"imprévu" (une main à une fenêtre ouverte, une bagnole qui s'arrête dans le champ, un pigeon qui vient passer par là) qui vient comme pour rappeler que tout ça est presque vrai. 
Ajoutez le fait que la réalisatrice a eu l'excellente idée de faire jouer l'ensemble des mecs (Pierre Paul et Jacques, donc) par le même acteur (Jérémie Elkaim) et que certains cinéastes appréciés (Dominik Moll, Serge Bozon) y font juste une apparition complice.
Oui, décidément : charmant.

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10 avril 2010

stupéfiant ?

ENSEMBLE, NOUS ALLONS VIVRE UNE TRES, TRES GRANDE HISTOIRE D'AMOUR
de Pascal Thomas

Celui-là je l’ai vu avant Ajami (je devrais écrire "en attendant Ajami") et je dois dire que j’en suis sorti un peu… perplexe.
C’est comme si le réalisateur avait décidé de faire un film, une comédie, en utilisant tous les clichés, ficelles, stratagèmes des "films d’amour". Sur un canevas de conte (la rencontre / le coup de foudre / la passion / la séparation / les retrouvailles / happy end) il a donc mis en place en quelque sorte un récit, sa parodie et le commentaire de celle-ci.
Et l'exercice est périlleux.
Comme souvent, le film est à l’image de sa première scène, (un festival de danse folklorique où nos deux tourtereaux vont faire connaissance), qui lui sert aussi de générique : un joyeux bordel, un aimable fouillis, une sympathique pagaille… Ca part un peu dans tous les sens, ça flotte un peu, on ne sait pas trop où regarder, ni comment… On se dit où suis-je où cours-je un peu inquiet et on se dit encore attendons voir la suite. On attend en souriant.
Nos deux tourtereaux, au fait, sont joués par Marina Hands (idoinement blonde et écervelée) et Julien Doré (dont c’est le premier rôle au cinéma -mais fallait-il vraiment lui coller cet accent du midi ?-). Ils composent un agréable couple de comédie (elle est plus grande que lui, c’est rigolo), même si, sans trop savoir pourquoi, on n’y croit pas tout à fait… (le fantôme peut-être de Lady Chatterley ?) Dans le dernier tiers du film, le duo se complique, justement, d'un tiers, Guillaume Galienne, en souriant sourd-muet.On sourit aussi.
On est dans une attraction foraine, dans un magasin de farces et attrapes, dans un manuel de décalage cinématographique, dans un catalogue du burlesque et du saugrenu, on ne sait plus trop.
Plus qu’une comédie, je dirais qu’il s’agit d’une fantaisie. On a le sentiment que Thomas s’est vraiment amusé à réaliser ça, les acteurs aussi ont l’air de s’amuser, et le spectateur moins (enfin, pas autant). C’est très sympathique a priori l’option "roman-photo" "folklorique" "distancié" mais hélas on a toujours un peu le sentiment que ça ne tombe pas juste : les scènes sont toujours trop, ou pas assez, je ne sais pas, en tous cas  les gags ne tombent pas pile poil où il faudrait, et du coup on sourit toujours mais bon des fois on est un peu embêté, ou juste un poil à contretemps… Peut-être c'est fait exprès ?
Oui, drôle d’impression.

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5 avril 2010

cas de conscience

LES INVITES DE MON PERE
de Anne Le Ny

Oh le fort agréable film que voilà! Curieusement en ce dimanche de Pâques ensoleillé, le bôô cinéma était tout plein (mais heureusement Marie avait acheté les billets et je n'ai même pas eu à faire la queue!), et, re-curieusement, il y avait pas mal de monde dans la salle aussi!
Le générique de début est graphiquement au diapason du ton du film : il joue sur le net et le flou : la mise au point, c'est ce que fait exactement l'histoire d'Anne Le Ny (et de Luc Béraud... Vous souvenez-vous de La tortue sur le dos ?). Il s'agit d'une comédie, certes, mais pas une grosse rigolade à se taper sur le cuisses (même si les dialogues sont "au rasoir" et que certains échanges font vraiment mouche), plutôt un truc doux-amer, parfois tendre et parfois vachard.
Une histoire de famille (grosso modo : le frère et la soeur qui soudain se rapprochent alors que leur papa -la quatre-vingtaine bien sonnée- vit une histoire d'amour, peut-être pas si désintéressée,de part et d'autre d'ailleurs, avec une" sans-papiers" Moldave qu'il héberge...) où chacun (Fabrice Lucchini, Karin Viard, Valérie Benguigui -pour les frère, soeur et belle-soeur-, Michel Aumont -en papy reverdi-, et Veronika Novak -la bimbo Moldave-) est confondant de justesse et de naturel, dans le parcours de son personnage, avec ses hésitations, ses inquiétudes et ses atermoiements -ou pas-. Car personne ici n'est tout noir ou tout blanc. Le frère n'est pas si veule, la soeur pas si larguée, le père pas si bonhomme, la demoiselle pas si salope, Juste humain(s).
Le sous-titre du film pourrait d'ailleurs être "En avoir (ou pas)" : des papiers, du fric, de l'amour, de la reconnaissance, des scrupules, une légitimité, une conscience politique, une conscience tout court, puisque chacun cherche (et que quelques, d'ailleurs,  trouvent)
Et qu'il est compliqué de prendre une décision, dégueulasse ou pas, sans pouvoir en maîtriser/mesurer complètement toutes les conséquences. Et d'être ainsi confronté à ses responsabilités.
Et le film, tout du long, réussit à tenir son cap, nous faisant successivement et alternativement, rire, sourire, avoir la larme à l'oeil, sympathique funambule sans lourdeur, vulgarité ou démagogie. Drôlement humain.

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26 mars 2010

on se fait un turc ou un grec ?

SOUL KITCHEN
de Fatih Akin

Pour son premier soir dans le bôô cinéma, on était bien peu dans la salle. Tant pis pour les autres.
On était prévenu : Fatih Akin avait délaissé sa noirceur habituelle et nous livrait ici une comédie. Et tout ça est ma foi fort sympathique, même si le film ne laissera pas un souvenir impérissable, c'est vraiment très agréable, De la comédie le film emprunte le faux naturalisme, la simplicité de l'intrigue et des ressorts "basiques" (l'amour, la spéculation, les idéaux, la fraternité, sans oublier la cuisine, l'addiction au jeu, le mal de dos) et l'entassement des rebondissements (il faut bien que l'intrigue progresse), tout ça enrobé d'une musique aux petits oignons, faisant un chouette écrin pour cette brochette de personnages attachants (avec un -gros- faible pour les deux frangins, bien évidemment), touchants, agaçants, imposants (c'est selon).
Success story d'un restaurant donc,, (de gargote infâme à restau bobo  branchouille), qui va passer de mains en mains au fil de  hasards divers et successifs (ce qu'on appellera les aléas), qui suit plus ou moins en parallèle celle de son propriétaire, Zinos, tiraillé entre son amour pour la belle Nadine qui part en Chine, son frangin qui sort de prison en pointillés, un nouveau chef aussi tatillon qu'ombrageux,et un mal de dos aussi  inopiné qu'inopérable (le pauvre Zinos n'a pas de sécu) qui ne fera qu'empirer tout au long du film...
Jusqu'à la fin, ou, bien sûr, tout s'arrange. mais vraiment tout tout (on est dans une comédie, donc tout ça reste léger et joyeux.)
Le film, en fin de compte, ressemblerait à son (superbe) générique de fin, une suite de cartes postales arty (entre flashy, destroy, trash and fun : graphisme chiadé, couleurs pétantes, mise en page agressive juste ce qu'il faut...), une par personnage et par technicien quasiment, avec une musique gentiment déménageuse  qui s'amuse derrière tout ça : hyper agréable, plaisamment graphique,"facile", sans prise de tête...
Printanier, quoi! Et on aurait bien tort de s'en priver!

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