docteurs(s) pizarski
TIREZ LA LANGUE, MADEMOISELLE
d'Axelle Roppert
J'ai enchaîné, après le Woody Allen, sur le film d'Axelle Roppert (dont j'avais beaucoup aimé La famille Wolberg). Et si j'ai beaucoup aimé le premier film de l'après-midi, j'ai encore plus aimé celui-là. Encore un beau portrait de femme (Louise Bourgoin, vraiment excellente) mais cette fois-ci prise entre deux feux : elle est désirée en même temps par deux hommes, deux frères, tout deux médecins (Laurent Stocker et Cédric Khan, tout aussi magnifiques), qui soignent sa fille.
Un film simple, tendre, chaleureux, humain trop humain, quoi... Tous les rôles sont traités avec le même intérêt, la même attention, le même respect. (est-ce juste possible que deux médecins travaillent ensemble, dans le même cabinet, assis côte à côte, et se déplacent, de même, sensemble pour les visites , dans la vie réelle ? en tout cas, ici, c'est comme ça que ça se passe, ça fonctionne, et on y croit, ou on a envie d'y croire...)
La fillette est souvent seule, car sa mère est barmaid, et c'est au cours d'une visite nocturne (la petite est diabétique, mais "elle gère"...) que les deux frangins vont faire sa connaissance, puis celle de sa mère, séparément, mais avec le surgissement du même sentiment : chacun tombe amoureux de cette demoiselle, ce quasi chaperon rouge (quand elle marche dans la nuit pour rentrer chez elle, dans son petit manteau de la même couleur -avec gants et ongles assortis-...) et va, dans un premier temps, tenter d'assumer ça tout seul comme un grand, avant que de s'en ouvrir à l'autre, car la situation n'est pas exactement simple, mais va, encore, du coup, se complexifier...
Le jour, il y a les clients du cabinet médical, la secrétaire, le "quotidien", et la nuit, tout un ballet de gens qui marchent dans les rues, seuls ou à deux, se croisent, se rencontrent, parlent, se rapprochent, s'envisagent... C'est aussi touchant que juste, ces déambulations, ces conversations, ces fenêtres dans la nuit dont on attend qu'elles s'allument pour être rassuré (les deux frères ont des appart' en vis à vis).
Oui, tout est d'une justesse et d'une tendresse confondantes. Louise Bourgoin rayonne, et si Laurent Stocker est un peu en retrait (c'est son personnage qui veut ça), Cédrick Khan, par contre, est lui vraiment superbe (je le connaissais réalisateur, il me semble que je le découvre acteur, et je le trouve beaucoup plus convaincant dans ce rôle. -Je viens de vérifier, et je l'avais déjà vu jouer, c'était lui le frère chiant de Pio Marmaï dans Alyah- mais, je le répète, il est ici, parfait, dans la retenue, le quant-à-soi, l'intériorité).
La dignité. Oui, c'est un mot qui lui convient bien, et qui conviendrait tout aussi bien pour définir le film.