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lieux communs (et autres fadaises)
7 octobre 2013

docteurs(s) pizarski

TIREZ LA LANGUE, MADEMOISELLE
d'Axelle Roppert

J'ai enchaîné, après le Woody Allen, sur le film d'Axelle Roppert (dont j'avais beaucoup aimé La famille Wolberg). Et si j'ai beaucoup aimé le premier film de l'après-midi, j'ai encore plus aimé celui-là. Encore un beau portrait de femme (Louise Bourgoin, vraiment excellente) mais cette fois-ci prise entre deux feux : elle est désirée en même temps par deux hommes, deux frères, tout deux médecins (Laurent Stocker et Cédric Khan, tout aussi magnifiques), qui soignent sa fille.
Un film simple, tendre, chaleureux, humain trop humain, quoi... Tous les rôles sont traités avec le même intérêt, la même attention, le même respect. (est-ce juste possible que deux médecins travaillent ensemble, dans le même cabinet, assis côte à côte, et se déplacent, de même, sensemble pour les visites , dans la vie réelle ? en tout cas, ici, c'est comme ça que ça se passe, ça fonctionne, et on y croit, ou on a envie d'y croire...)
La fillette est souvent seule, car sa mère est barmaid, et c'est au cours d'une visite nocturne (la petite est diabétique, mais "elle gère"...) que les deux frangins vont faire sa connaissance, puis celle de sa mère, séparément, mais avec le surgissement du même sentiment : chacun tombe amoureux de cette demoiselle, ce quasi chaperon rouge (quand elle marche dans la nuit pour rentrer chez elle, dans son petit manteau de la même couleur -avec gants et ongles assortis-...) et va, dans un premier temps, tenter d'assumer ça tout seul comme un grand, avant que de s'en ouvrir à l'autre, car la situation n'est pas exactement simple, mais va, encore, du coup, se complexifier...
Le jour, il y a les clients du cabinet médical, la secrétaire, le "quotidien", et la nuit, tout un ballet de gens qui marchent dans les rues, seuls ou à deux, se croisent, se rencontrent, parlent, se rapprochent, s'envisagent... C'est aussi touchant que juste, ces déambulations, ces conversations, ces fenêtres dans la nuit dont on attend qu'elles s'allument pour être rassuré (les deux frères ont des appart' en vis à vis).
Oui, tout est d'une justesse et d'une tendresse confondantes. Louise Bourgoin rayonne, et si Laurent Stocker est un peu en retrait (c'est son personnage qui veut ça), Cédrick Khan, par contre, est lui vraiment superbe (je le connaissais réalisateur, il me semble que je le découvre acteur, et je le trouve beaucoup plus convaincant dans ce rôle. -Je viens de vérifier, et je l'avais déjà vu jouer, c'était lui le frère chiant de Pio Marmaï dans Alyah- mais, je le répète, il est ici, parfait, dans la retenue, le quant-à-soi, l'intériorité).
La dignité. Oui, c'est un mot qui lui convient bien, et qui conviendrait tout aussi bien pour définir le film.

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4 octobre 2013

i want the passed passed

BLUE JASMINE
de Woddy Allen

L'automne amène son Woody Allen rituel... Au fil des ans, avec plus ou moins de bonheur il faut bien le reconnaître. Des déconvenues, des bonnes surprises, des films bof, des vite oubliés, d'autres vraiment aimés... qu'allait-il en être de celui-là ? La bande-annonce n'en avait pas été spécialement alléchante, et pourtant voilà que les sirènes de la critique se mirent en choeur à fredonner de laudatives antiennes (mon dieu qu'est-ce qui me prend à lyriciser ainsi ? je me ressaisis, parlons normalement) , relatives surtout, à la présence, et au jeu de Cate Blanchett au sein du Blue Jasmine en question (la vache! non seulement elle est seule sur l'affiche, mais c'est elle qui donne son titre au film)
Dès la première scène, on reste coi : elle parle vraiment beaucoup (on dirait un Woody Allen au féminin), saoulant sa voisine dans l'avion puis à l'aéroport, mais, plus grave, elle parle toute seule. On apprend ainsi qu'elle va chez sa soeur "pour y passer quelques jours", et on apprend aussi très vite qu'elle était pétée de thunes avant et qu'elle a tout perdu, tandis que sa petite soeur serait plutôt du genre aimable et simple prolétarienne, et que les relations entre les deux (soeurettes) n'ont pas toujours été au beau fixe. Par une habile succession de flashes-back successifs, en même temps qu'on suit ce qui se passe au présent, on va reconstituer petit à petit  tout ce qui s'est passé auparavant, depuis l'appart sublime avec vue sur la 5ème avenue, la upper class et le shopping de luxe, jusqu'à la "dèche" actuelle (mais comme dit sa soeur "Si tu n'as plus un rond , pourquoi avoir voyagé en first class ?") pour essayer de comprendre comment elle en est arrivée là...
Dès le début, je me souviens m'être posé la question "peut-on choisir comme personnage principal -et tenir sur la durée du film - une bonne femme assez antipathique ? Car cette Jasmine-là a tout pour énerver, a priori : égoïsme, orgueil, suffisance, hypocrisie, arrogance, mépris, bref tout ce qui fait le charme et le caractère des membres de la jet-society. Ce monde que visiblement Woody connaît bien. Et auquel il oppose celui des "pauvres", enfin, les gens comme vous et moi, qui ne pensent qu'à la galipette, aux matches de base-ball et à boire des coups (en mangeant des pizzas réchauffées), mais, semble rajouter le réalisateur, regardez comment au moins eux ils savent s'amuser et ils ont le sens de la vraie vie!!!
Alors, d'accord Kate Blanchett est sublime dans la blonditude gémissante et martinisée, mais en face, Sally Hawkins en brune les pieds sur-terre ne désarme pas. Et tous les autres "pauvres" aussi d'ailleurs.
Woody Allen nous livre ici un conte cruel, autour de deux (même s'il n'y en a qu'une sur l'affiche) beaux personnages féminins (c'est drôle que toute l'expression soit au masculin...) l'une qui dégringole, ne l'accepte pas, et tente de se raccrocher aux branches, tandis que l'autre  qui fait avec ce qu'elle là, qui tient bon, et réussit à se remettre à flot (ou sur pied).
Ah, ces pauvres, finalement, quelle belle vie ils ont! Les riches, eux, resteront toujours pareils à eux-même, doués d'une incapacité fondamentale à accepter la "réalité" et à s'intégrer "simplement" (les images finales sont d'autant plus fortes qu'elles sont glaçantes et sans appel, mais certains détails, antérieurement, -je pense aux taches de transpiration visibles- avaient déjà commencé à sonner l'hallali...)

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(oh que l'affiche est trompeuse...)

 

 

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