ah qu'en termes galants...

NE TOUCHEZ PAS LA HACHE
de Jacques Rivette

Un Rivette en costumes ? Ca n'est pas si courant, et j'avais le souvenir d'un Rohmer idem qui fort m'ennuya... Une adaptation de Balzac, en plus ? Ciel... mais bon, avec Jeanne Balibar, tout de même, alors costume ou pas, tentons! Je n'ai jamais lu Balzac (je sais, je sais, je suis une huître pour la littérature dite "classique") alors je ne peux pas vraiment comparer, si c'est fidèle au bouquin et tout ça, et d'ailleurs, tout le monde s'en tape un peu, non ?
Au début, je me suis presque un peu... ennuyé (clic clic dominique!) : La "belle société", les bals mondains, où une duchesse belle et gracieuse comme un arum (Balibar, bien sûr) et un général bonapartiste aussi tendu et souriant qu'un sabre d'abordage (Guigui Depardieu, parfait dans le rôle), vont se livrer jusqu'au bout - on sait (presque) la fin (presque) dès le début -au jeu de l'amour (et du bazar ?) : je t'aime, je ne t'aime pas, mais si mais non, vas-t'en reviens, ni avec toi ni sans toi, dans l'esprit de la métaphore du titre (ne touchez pas la hache = faut quand même pas pousser le bouchon trop loin, ou grand-mère dans les orties) Bref, un amour hélas qui n'est jamais synchrone...
C'est beaucoup plus galant, charmant, élaboré, subtil que ce que j'en dis, bien sûr :  fiacres, redingotes, baise-mains, quadrilles, domestqiues, billets cachetés,  poses pâmées à la Madame de Récamier, rhétorique alambiquée du discours amoureux. On s'y croit.
Et (si ça peut vous décider) c'est un "petit" Rivette : à peine 2h17 ! et il y a aussi, outre nos amants a contrario, rien de moins que les chers Michel Piccoli et Bulle Ogier, vieux beau et vieille belle, qui visiblement roucoulent d'aise dans cet aristocratique pigeonnier. C'est précieux, c'est grâcieux, c'est parfait.
(Et ça finit mal, évidemment, ça ne pouvait que, puisqu'elle a touché à la hache, la sotte!).