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lieux communs (et autres fadaises)
16 décembre 2007

"les gens sont méchants"

NOUS LES VIVANTS
de Roy Andersson

Certain(e)s vont encore dire que je vais beaucoup au cinéma. Certes, certes, j'avoue je reconnais et je bats ma coulpe. Encore cet après-midi, tiens, justement j'en sors.

Après La graine et le mulet, ça vous fait comme qui dirait un genre de choc thermique. On va encore dire que je suis un cinéphile facile, mais bon, j'ai beaucoup aimé ça. J'assume. Un genre de Bunuel avec quelques degrés de moins, le même genre d'humour absurde et coq-à-l'ânesque qui fit les beaux jours de la "période française" (années 70) du vieux maestro. Un Fantôme de la liberté plongé (brrr) dans les glaces de la Baltique.
Roy Andersson nous livre, sans mode d'emploi ni modèle, un puzzle, quasiment en vrac, un tas de pièces, de toutes tailles et formes, certaines qui s'emboîtent et d'autres pas, certaines qui font sourire et d'autres pas.  L'ensemble est assez intrigant, même si on ne sait pas quelle est l'image finale qui pourrait  se reconstituer à la fin, si éventuellement toutes les pièces s'étaient magiquement emboîtées à la perfection. Mais non.
Un joueur de tuba, une alcoolique dépressive, un psychiâtre lucide, une fanfare, un coiffeur de mauvaise humeur, une groupie énamourée, des gens qui racontent leurs rêves...
Comme un album qu'on feuilletterait, peut-être. On retrouve parfois d'une scène à l'autre un lieu, une situation, une phrase, un personnage, mais chaque segment est à la fois indépendant des autres mais peut aussi communiquer. Des gens, donc, de tous ages, taille, sexe : ils, vous, moi, nous, quoi..., avec leurs problèmes de gens, absurdes, dérisoires, mesquins, existenciels..., filmés soit en train d'agir, soit simplement en train de fixer (oui, quelques très belles images fixes) immobiles, un hors-champ situé au-delà du spectateur, qui ne nous sera révélé que dans l'ultime scène (la seule, si j'ai bien compris, qui n'ait pas été tournée en studio.)
Avec pour liant une identité chromatique forte : toutes les couleurs sont comme assourdies, les contrastes atténués,  et l'image en est comme très adoucie (beaucoup de verts pâles, c'est reposant pour les yeux) comme si un voile léger (brouillard ? nuages ?) s'interposait entre le film et nous.
On aimerait que ça dure davantage (on ne voit pas le temps passer). La condition humaine, vue à travers le prisme de l'ironie, de la poésie, de l'humour, de la tendresse désespérée...
Bien plus rigolo que Malraux, quoi!

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