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lieux communs (et autres fadaises)
19 mai 2011

trois frères cosmiques

THE TREE OF LIFE
de Terence Mallik

(billet à lire très fort, et plutôt en plongée qu'en contre-plongée, pour être dans le ton)

Il y a au moins deux films dans ce Tree of life, vu lundi soir en avant-première, en VO, et dans d'assez mauvaises conditions qui plus est (pendant deux heures, l'image fut de qualité plus que moyenne : dès qu'il y avait un peu de contraste, ça bavait sur les bords en rose fluo d'assez désagréable façon comme une vieille vidéo pourrave des familles... puis le film s'est arrêté, pas "a cassé" puisque c'était du numérique, et au bout d'un certain temps, quelqu'un s'est tout de même préoccupé du sort des spectateurs, et, comme avec une télécommande de lecteur de salon, nous a remis le film à l'endroit où on voulait, et cette fois -miracle !- l'image était parfaite. Heureusement ce monsieur, à la fin de la séance, s'est excusé platement "pour tous les problèmes lors de la projection" et a remis à chacun des présents une place gratuite.) : l'histoire d'une famille américaine, avec trois fils, dont l'un meurt / va mourir / est mort (on se déplace dans le temps, entre brad pitt / p comme passé et sean penn /p comme présent) , et, d'autre part, tout ce qu'il a fallu d'évolution pour en arriver là (en gros, pour faire simple, l'histoire de la vie, depuis son apparition sur terre), avec, en plus une petite post-face "au-delàtesque".
Ça a l'air énorme (c'est survendu comme ça) et, en ce qui me concerne, ça l'est, dans une certaine mesure (pendant un certain temps ?). Dès le début, c'est comme si la mâchoire m'en tombait, d'admiration, de béatitude (comme on serait béat d'admiration) ou de je ne sais quel mot exactement. Des images insensées, insensément belles, incompréhensibles parfois, chiadées souvent,  fascinantes toujours. Un maelström ? Un tsunami ? Une apocalypse now ? Il y a de tout ça (la première partie, la "mise en route" m'a évoqué les sentiments qu'on avait pu éprouver devant les vingt dernières minutes de 2001 Odyssée de l'espace, de Tonton Kubrick -auquel le réalisateur ne peut pas ne pas faire penser : fascination, perplexité, admiration,incompréhension, émerveillement, et la consigne passe à ton voisin que c'était encore mieux à voir avec un petit pétard dans le nez...)
Donc beaucoup d'images sublimes, accompagnées de voix off chuchotées (ne s'adresserait-on pas d'ailleurs directement à God himself ?) pour qu'apparaisse -enfin! diront certains- la deuxième couche du film (le praliné au coeur du chocolat, si vous voulez) celle de trois frères young americans, dans une amérique rurale des années cinquante, entre un père autoritaire et une mère attentionnée (ce sont d'ailleurs surtout ces scènes-là qui bavochaient rose fluo à la projection), et le grand écart entre les deux sujets, les deux angles d'attaque ( les éléments cosmiques déchaînés / le quotidien des frangins ) est -à mon avis- un (tout petit ?) peu  gênant,  malaisé (genre "tout ça pour ça ?"). Oui, cette intégration des deux peut sembler artificielle et presque illogique (quoique.)
C'est très élégiaque (zut Libé m'a piqué mon adjectif), très mystique, très cosmique, très démesuré, très démiurge ("démiurge" peut-il être adjectivé ?),très emphatique, très amphigourique (si, si!), très "très", très... "trop", très "vous voyez, vous avez bien fait d'attendre une année supplémentaire que j'ai fini mon montage -le film a usé cinq monteurs successifs-, le résultat en valait bien la peine, non ?", pour ne pas éviter que  les réactions (des spectateurs) soient variables et variées. Déjà qu'on nous a pilonné le cerveau suffisamment depuis des mois (que dis-je des années) en nous enfonçant le clou du film génialissime, chef-d'oeuvre ultime, joyau sans pareil au firmament de la cinématographie pour qu'on n'aie pas un peu envie de répliquer eh oh j'ai mon libre-arbitre à moi laissez-moi donc décider ce que je pense... (même si c'est un leurre).
Donc on en prend plein la vue, c'est incontestable, même si on ne comprend pas toujours ce dont à quoi auquel il est question.  C'est vrai qu'on ne peut pas s'empêcher de se sentir quelque peu dépassé (c'est fait pour), comme naguère Pascal avec ses deux infinis, avec  le droit parfois comme qui dirait de sourire -eh eh je ne suis pas dupe...-  (pour certains ce sera devant les dinosaures, pour d'autres devant le paradis, pour d'autres encore devant l'utilisation presque pompière de La Moldau à grand fracas et autres classiqueries...) et que de grandiose à grandiloquent la frontière est fragile. N'empêche, il y a dans la boursouflure intrinsèque de la forme un effet de sidération incontestable, et dans cette démesure mégalo-wagnérienne (non, non, on n'en entend pas dans le film, c'est juste une image) une maestria qu'on ne trouvera pas chez un tout-un-chacun réalisant.
Prêchi-prêcha ? un peu de ça, aussi, quand même. La religion étant un sujet qui m'inintéresse (après m'avoir longtemps révulsé), je n'ai pas trop envie de me creuser pour savoir si Dieu c'est la nature, ou bien l'inverse, ou bien encore autre chose... Je suis un esprit simple, je veux pouvoir m'émerveiller, faire oh et faire ah, être ému (quoiqu'ici, bizarrement, il me semble me rappeler qu'à aucun moment à mes yeux la moindre larmichette ne perla), fasciné, sans forcément poser dix milliards de questions et savoir si ça provient plus de ceci ou de cela (ou si c'est cela qui provoque ceci, ou bien le contraire).
Le film s'ouvre sur une citation du livre de Job et presque finit sur la situation d'un homme qui se retrouve peu ou prou dans la même... situation justement, que le susdit (en gros "my god qu'ai je fait pour mériter ça ?") mais ce n'est pas obligatoire de passer par la case "La Bbible (ou la Rreliggion) pour les Nuls" pour l'apprécier (le film, pas la situation!). Ca c'est plutôt habile et bien fait.
Mais (je reviens aux "deux films pour le prix d'un") c'est peut-être juste une question de regard, de point de vue (ça m'est venu hihi devant l'affiche de Pirates des Caraïbes 4) plus exactement de façon de regarder, ou plus exactement de façon de voir les choses : la longue-vue ! la lorgnette! ("par le petit bout, par le petit bout"... air connu). Je ne parle pas ici de la façon dont le spectateur regarde le film (quoique) mais de celle dont le réalisateur regarde son (ses) sujet(s). On peut voir ça de très près ou de très loin, avec un énorme agrandissement ou en prenant de la distance, rikiki / maousse costo... c'est la même chose, mais on ne la voit pas pareil, quoi! La disparition des dinosaures et la prise de conscience de Brad Pitt ("je vous ai élevés à la dure, mais c'était pour vot'bien...") du pareil au même, le cosmos et la famille, kif-kif, la voie lactée et l'assiette de petits pois, idem, la division cellulaire et le pétage de vitres avec des cailloux tout pareil... Z'avez compris ? (ah... fait mollement -timidement ?- le lecteur visiblement pas convaincu et soudain inquiet que le chroniqueur ne soit subito en train de péter les plombs grave.)
A film démesuré, post destructuré, n'est-il pas , (et encore, je pourrais vous mettre de la musique, hein!) Bon, je plaisante, mais  je vais y retourner dès que possible dans le bôô cinéma (ce n'est pas là que je l'ai vu en avant-première et en vo, vu que l'avant-première en question, elle avait-lieu le mardi à 16h15... Mais qui peut se payer le luxe d'aller voir Tree of life en VO à 16h15 ? d'heureux retraités , des rentiers nantis , des oisifs cacochymes ??? cessons là l'épanchement de bile) pour en apprécier pleinement les -indéniables- qualités visuelles esthétiques plastiques graphiques, et peut-être vous en ferai-je un nouveau compte-rendu ?

(et pour finir,hihihi,pour vous, qu'est-ce que dieu ?)

19704054

Commentaires
C
j'ai relu le post, je ne me souvenais pas d'avoir utilisé l'adjectif en question, mais c'est vrai, t'as raison...
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L
les inrocks t'ont aussi piqué l'utilisation de "pompière" !
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M
OH? AH!!!!
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