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lieux communs (et autres fadaises)
2 juin 2011

polar circle

ROBERT MITCHUM EST MORT
de Fred Kihn et Olivier Babinet

Un road-movie avec un budget (de poche) franco-belge-polonais-norvégien, un voyage de cinéma (dans le cinéma ?) organisé par deux réalisateurs conjointement, dont on se dit que peut-être l'un a fourni le véhicule et le second le carburant.
Où un "manager", Arsène (Olivier Gourmet, grandissime comme d'hab) miteux et son "protégé" Franky (Pablo Nicomedes, au visage vraiment étrange, mais dont les réalisateurs parviennent à transcender la beauté singulière -les cheveux longs lui vont bien-), un obscur acteur en lequel il croit, prennent la route,  dans une caisse volée, (puis d'une autre) en direction d'un improbable festival de cinéma au Pôle Nord où ils espèrent rencontrer un non moins improbable réalisateur mythique. Ils voyageront de concert (!) avec Douglas (Bakary Sangare) un grand black musicien à la coiffure d'Eraserhead avec des gants comme l'Etrange créature du lac noir (avec les griffes qui dépassent...)
Il ya des acteurs qui sont celui d'un seul rôle, Franky est encore mieux, il n'est l'acteur que d'une seule scène, qu'il se joue pour lui tout seul, puis qu'il rejoue filmé "en vrai" par les etudiants de l'école de Lodz, puis qu'on reverra projetée sur un drap, une scène de rupture entre un gangster et sa fiancée, extraite d'un film (imaginaire) et enregistrée sur microsillon, qu'il se rejoue sans fin...
De France, ils passent en Belgique, puis en Pologne (on suit les investisseurs du film...) avant d'atterrir effectivement au delà du cercle polaire, où tout, bien sûr, ne va pas se passer comme espéré... Belles images, cadrages léchés (un "film de photographe"...) rencontres diverses, amicales ou pas, troquets, stations-services, oui, l'univers du road-movie on the road again dans toute sa simplicité rustique et sa clinquance cinéphilique un peu glauque.
On se déplace, on avance, mais c'est un peu comme si on courait sans fin derrière l'horizon. Le but de la quête n'est qu'une illusion qui fuit, qui se dérobe, et seuls les gens qu'on y rencontre permettrent d'entretenir la flamme de cette illusion, de la faire perdurer.
Le film démarre vraiment très fort, le plein est fait, la mécanique turbine, les chromes rutilent, on se régale, c'est fort, c'est poétique, c'est original, c'est déglingué, c'est touchant, mais, bon, plus on avance et plus le rythme se ralentit (comme si les réalisateurs avaient, justement, ... réalisé qu'ils n'auraient pas assez de combustible fictionnel pour aller jusqu'au bout et coupé alors le moteur, pour finir comme qui dirait en roue libre, profitant jusqu'à la dernière minute de l'énergie cinétique impulsée au début, au prix peut-être hélas d'une décélération narrative tout aussi progressive, en s'arrêtant finalement à l'entrée d'un faux-plat.) Non, au Pôle Nord, il n'y a rien, ou presque...
Restent des rêves, des regards, des illusions, mais, finalement, une sacrée belle énergie. Mythologique ?

 

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