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lieux communs (et autres fadaises)
3 décembre 2012

bédouins

SHARQIYA
d'Ami Livne


Un film formellement superbe (film de lumière et d'espace, le désert est toujours aussi parfaitemement cinégénique) et foncièrement humain. Une combinaison qui force à la fois le respect et l'admiration. Encore une fois, Hervé avait raison, qui nous l'a chaudement recommandé. et encore un témoignage sur les abysses que peut atteindre la connerie humaine.
Il ne s'agit pas ici de génocide comme dans Le sommeil d'or, non, juste de bureaucratie et d'inhumanité. Où l'on s'acharne sur des bédouins, vivant dans le désert depuis la nuit des temps (bien avant 1948), parce qu'ils n'habitent pas dans des villages répertoriés mais dans des campements de bric et de broc, de planches et de tôles ondulées, qu'on s'entête à raser au bulldozer (sous l'observation d'une forte présence policière) et qu'ils (eux, les bédouins) s'entêteront à reconstruire à chaque fois, il le faut bien, puisque leur vie est là...
Le film se développe autour d'une de ces démolitions, d'un de ces "villages", en s'attachant parallèlement aux portraits de deux frères qui y vivent, avec l'épouse du premier, un pur et dur qui refuse l'"intégration" et préfère rester sur place, à l'écart, tandis que l'autre fait, matin et soir des kilomètres et des kilomètres à pied et en bus pour aller "en ville" exercer son job d'agent de sécurité dans une gare routière et ramener ainsi un peu d'argent.
Intégration ? désintégration ?
On marche dans le désert, le ciel est implacablement beau (ces plans-séquences solitaires et superbes, béants et répétitifs, fascinants,  m'ont fait venir, au début,  comme un goût de Gerry -film que je place extrêmement haut dans mon ciné-musée perso -). Mais Sharqiya n'est pas que ça, beau et contemplatif. Il se pose en observateur, en témoin, en défenseur de ces existences dont bien peu parlent (et j'avoue que, jusqu'à ce film, j'en ignorais l'existence),  de ces gens qui ne gênent personne mais dont on s'obstine à vouloir faire semblant d'améliorer le sort.
Et le dernier regard de Kamel est, à cet égard, extrêmement troublant...

(Top 10 ?)

 

20254623

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