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lieux communs (et autres fadaises)
7 mai 2013

bondieuseries

CAMILLE CLAUDEL, 1915
de Bruno Dumont

Bon, bon, ok ok, je reconnais, je dois avoir -définitivement- un problème avec le bonhomme et ses oeuvres, vu l'unanimité des spectateurs à la sortie de la salle, qui semblaient tous auréolés d'une douce lumière divine et ceints d'une large sourire béat, me répétant combien ils avaient a-do-ré, tandis que j'étais le seul à lever les yeux au ciel et à soupirer.
Je crois que ça m'arrive quasiment chaque fois que je sors d'un film de Bruno Dumont (je lève les yeux plus ou moins haut, et je soupire plus ou moins bruyamment. Pour l'Humanité, par exemple, j'avais failli quitter la salle tant j'étais exaspéré, mais c'est l'extrême extrémité). J'y suis donc allé, parce que Binoche, parce que soyons objectif, parce que curiosité, etc.
Certes, Juliette Binoche est excellente (c'est sans doute un de ses meilleurs rôles ?), certes, c'est elle qui en a fait la demande à Dumont (de jouer dans un de ses films), et là voilà donc, Camille Claudel, dans un asile d'aliénés où sa famille l'a faite enfermer. Déjà, faire jouer le personnage par une star, c'est "déjà" la singulariser, mais la faire jouer au milieu des véritables aliénés occupants du lieu, c'est encore plus la mettre en avant. Elle a beau jouer sans maquillage et simplement ("réalistement"), elle n'en reste pas moins Juliette Binoche en train d'être malheureuse au milieu des fous (dont le réalisateur reproduit les grognements et les chicots avec empressemement et presque, dirait-on, convoitise. Dumont se délecte des pauvres, des moches, et des déshérités.) Mais la folie, comme l'ivresse, est quelque chose de complexe à jouer.
Et lorsqu'arrive son frère, Paul (Claudel, donc, l'écrivain) en plein trip mystico-machin (il vient de rencontrer la foi dans une église, et il parle à Dieu, que ce soit en écrivant, torse-nu, assis à sa table, en se baladant dans la montagne avec un abbé benoit au sourire de chat du Cheshire), on bifurque sur une autre histoire (décidément il est beaucoup question chez Dumont de religion, de foi, d'engagement et de mysticisme, et autre poil à gratter illuminant) qui ne m'intéresse pas, mais alors pas du tout.
Heureusement, les deux se rencontrent dans une belle scène ultime (la visite de Paul à Camille), qui se conclut, encore plus heureusement, par un superbe plan sur Binoche/Camille, simplement assise sur un banc, prenant le soleil, et là, soudain, c'est inexplicablement et extrêmement beau. Et juste. Parce que juste ce visage, ce mur, cette lumière, ce sourire. Ni folie, ni asile, ni Jésus.

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