oui, la vacance
Peter Handke a, lui, entre autres, écrit un Essai sur la fatigue. j'aurais pu essayer aussi, tant cet état me fascine (et me caractérise ?). Non, si j'en avais le courage, j'écrirais plutôt un Essai sur la vacance.
Oui, la vacance. (Vous avez noté l'élégance de ce singulier ?), ce "concept", cette notion, qui commença à me plaire au début disons des années 80 (quand je faisais partie -hi hi- d'une maison d'édition, et d'un collectif d'artistes grosso-modo pluricul/multimed (termes ronflants pour désigner juste une poignée de jeunes gens qui avaient envie de faire quelque chose). Pour les gens intéressés (ou curieux) je précise qu'en ce temps-là il n'y avait ni ordinateur, ni internet, ni publisher et autres logiciels : c'était tout à la main, lettrasets, markers, et photocopieuse, si si! Chacun vait son domaine de prédilection, sa spécificité : tel cartographiait le paysage, tel autre s'essayait à la poésie sonore, telle autre dansait sous les feuilles, tel autre encore photographiait en noir et blanc sous les auspices de Raymond Depardon et autres Salgado... moi je faisais un peu tout (j'avais du mal à me définir : le mot et l'image, ça me convenait comme champ), mais m'étais spécialisé pourrais-je dire, dans deux domaines précis : le "corps des hommes" (comme quoi, on engouement remonte à loin), et, justement, "la vacance", cet état indéfini, nébuleux, que je tentais de délimiter, de cerner, comme on avancerait à travers un marécage...
La vacance, que Michel, apte à récupérer les mythologies individuelles et à les agréger, avait à l'époque habilement annexé dans cette formule "notre combe à nous c'est la vacance", que, si je me donnais la peine de chercher, je pourrais retrouver en exergue à un des deux "recueils collectifs" que nous avons signé(s) à quatre mains, il y a fort longtemps.
Cette idée de vacance me plaisait tellement que je m'étais amusé à aller chercher dans divers dictionnaires, , les différentes définions possibles, et les synonymes envisageables...
J'en vins rapidement à (me) préciser qu'il ne sagissait ni de la vacance d'un poste,ni d'un appartement, ni de celle du pouvoir, non, ma vacance à moi était une vacance tout court, "la" vacance, la seule et l'unique, la grande... ce que me suggéraient des définitions comme :
vacance nf :
- Situation d'une charge, d'une place, d'un poste momentanément dépourvus de titulaire : La vacance d'un siège au Sénat.
- Temps pendant lequel une fonction, un poste est sans titulaire.
autant qu'économe dans ses propositions de synonymes :
...tandis qu'un dictionnaire analogique m'avait davantage ouvert le champ des possibles
(je me souviens qu'à l'époque, en en ouvrant un, dans une librairie, j'étais tombé sur une liste proprement stupéfiante, que je n'ai d'ailleurs plus jamais retorouvée par la suite... lequel était-ce donc ?)
la vacance serait un état, un non-état plutôt (me revient en mémoire cette définition homoristique de l'antimatière : un trou sans rien autour)
lavacance, ce n'est pas seulement quand on ne fait rien, ni quand on n'a rien à faire, c'est plutôt quand on pourrait éventuellement faire quelque chose, et qu'on ne le fait pas forcément. il y a à la fois de l'inactivité réelle et de l'activité potentielle dans la chose
on avance...
(to be continued...)