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lieux communs (et autres fadaises)
9 octobre 2014

en suivant le patron

SAINT LAURENT
de Bertrand Bonello

Saint Laurent(s).
On a passé le "premier", dans le bôô cinéma. Ouais, bon... Performance de Pierre Niney, ok, mais tout ça était bien "sage"... (et assez vite oublié). Le deuxième, on a cru qu'on le passerait, et en sortie nationale même,  mais non, le dstrib'a pas voulu, et j'ai donc du aller à Besac pour le voir... Bonello fait partie des cinéastes pour qui j'ai énormément de respect, mais avec les films desquels j'ai toujours un peu de mal (ceux que j'ai réussis à voir, en tout cas) et j'appréhendais un peu, tout de même.
Mais non, pas du tout, j'avais tort.
(oui oui ça m'arrive de temps en temps je le reconnais...)
J'aime cette façon destructurée d'aborder le sujet, les scènes les plans qui se succèdent se juxtaposent s'entrechoquent, le temps qui passe qui va et qui vient les années 70 surtout, les fragments de l'histoire (en éclats) de cet homme fatigué qui revient sous pseudonyme à l'hôtel "pour dormir" et qui est prêt à donner une mystérieuse interview (scène qui ouvre et clôt la boucle du film, comme une boutonnière qu'on ouvrirait et refermerait)...
YSL : Yves Se Lâche... couture et création, certes, mais aussi vie mondaine, night-clubs, champagne, drogues diverses, mais encore drague, bosquets, regards, chantiers, baises nocturnes, mais toujours cachetons, dégringolade, décomposition à vue d'oeil presque pourrait-on dire.
Gaspard Ulliel y est  magnifiquement magnifique, c'est vrai, et tout aussi magnifique est l'idée de faire jouer le Saint Laurent "de la fin" par Helmut Berger  (les interférences et les résonances entre les deux personnages deviennent alors presque comme des plaies doublement à vif.) Pour qui a vu le "premier", on retrouve des choses communes (normal, ce sont des biopics et donc forcément on y a des passages obligés, des événements, des lieux, des personnages qui reviennent) même si elles sont traités (plus ou moins) différemment), on n'est donc jamais désarçonné (quoique j'avoue que cette scène de légionnaires m'a laissé un peu perplexe, et je ne suis pas le seul...)
C'est un film extrêmement élégant. Il serait facile de filmer la métaphore avec la haute-couture, ou même la couture (j'avais écrit la coupure hihi) tout court : modèle original, étoffes choisies, matières luxueuses, couture minutieuse et discrète - rien ici ne serait cousu de fil blanc, c'est certain-, tombé à tomber, ou bien simplement avec les défilés -de haute-couture, vous suivez ? - la succession des mannequins parfaits -et numérotés- sur une musique choisie, les démarches, les poses, les attitudes, le parterre des spectateurs conquis et enthousiastes, bien sûr le clou du (défilé, eh oh!), etc.
Mais non, Bertrand Bonello n'a pas conçu son film comme un catalogue quadrichromie sur papier glacé qu'on feuilletterait presque distraitement, un coffee table book comme disent les zaméricains. S'il est oversized (les livres de table à café se doivent d'être énormes, -et à ce propos je placerais bien un clin d'oeil à mon amie Zabetta, qui m'avait laissé entendre que lors de la projection à Cannes, pas mal de réactions d'adimration incrédule s'étaient produites lors de l'exhibition de certain appendice saintlaurentesque justement hors d'assez commune mesure fermons la parenthèse) par la durée -et je vous promets que, hormis les discussions financières un poil ennuyeuses (où ça fait plaisir de retrouver, à quelques jours d'intervalle, dans le rôle d'un financier, justement, le jeune homme mimi qui jouait le metteur en scène dans Sils maria et dont le nom m'échappe, ici blondement -et joliment- barbu) on ne voit pas le temps passer- il n'est jamais ni pesant ni complaisant ni relou, et on ne peut prendre à son visionnement qu'un plaisir sans cesse incontestable et renouvelé.
(quand je pense que Pépin ne verra pas ça parce qu'il ne va pas voir "les films de mode"...)
On le savait depuis le premier (film) la vie d'YSL n'a pas été simple (mais une vie d'artiste ne peut être ni simple ni rectiligne) et j'admire la façon dont Bertrand Bonello a fait oeuvre de créateur pour aborder (j'avais écrit abordel, et c'est assez juste...) le portrait de cet autre (créateur, justement).
Et j'adore la façon dont le film se clôt sur ce sourire-caméra, aussi énigmatique que sublime, (comme un Chat du Cheshire version haute-couture) qui resterait encore là, magique, flottant sur l'écran alors que tout le reste a disparu depuis longtemps...

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