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lieux communs (et autres fadaises)
25 octobre 2014

escamotage d'éléphant

MAGIC IN MOONLIGHT
de Woody Allen

Le nouveau film de Woody Allen, c'est comme la Foire aux livres de Belfort : on y va une fois par an, on y entre plein d'espoir, et on en sort plus ou moins déçu... Les derniers m'ont laissé sur des sentiments variés, allant de l'ennui le plus plombant à l'enthousiasme le plus sautillant. Celui-ci ? Je l'ai trouvé... fatiguant, surtout à cause de la quantité incroyable de sous-titres qu'il fallait déchiffrer sans prendre le temps de cligner des yeux, tellement c'est un film bavard (c'est en tout cas la première fois que je ressens ça aussi fort : peut-être le couscous de midi avait-il été trop copieux ? Peut-être était-ce plutôt l'heure d'une sieste digestive ? Toujours est-il que j'ai souffert, de devoir ainsi rester tout le temps les yeux écarquillés, attentif, aux aguets, à l'affût.
Une histoire de magicien donc (vous avez dû voir déjà 50 fois la bande-annonce qui  est tout aussi bavarde), un hyper-fort magicien (hyper-fat aussi), invité par un autre pote magicien chez des gens chicos et richissimos où s'est incrustée (avec sa mère qui lui sert d'imprésario) une jeune médium (dont le fils -de la famille- s'est entiché), avec pour mission de démasquer impitoyablement ladite intriguante lors des séances psychiques et mediumniques qu'elle organise régulièrement, pour mettre en contact la maîtresse de maison avec son défunt mari, s'attirant ainsi les bonnes grâces de la dame en question (qui en pose beaucoup à son ectoplasme de mari, justement, des questions).
Sauf que, bien entendu, rien ne va aller comme prévu : on sait déjà, d'après la bande-annonce, qu'ils sont tomber dans les bras l'un de l'autre (et c'est généralement d'ailleurs comme ça que ça se passe à la fin des Woody Allen) mais, heureusement, il y manque (heureusement) deux ou trois détails, rebondissements, et demi-tours au frein à main (bon, avec une voiture de 1928, ça n'est pas bien méchant) et autres -justement- incidents mécaniques, mais bien pratiques pour la, justement, mécanique de précision (d'orfèvrerie diront certains, d'horlogerie, préciseront d'autres) qui fait tictaquer -joliment- le scénario comme une bombe à retardement de terroriste d'opérette, pour que (je finis la phrase commencée en début de paragraphe) pour que donc, le spectateur n'ait pas trop le temps de s'ennuyer, de bailler, ou de penser à ce qu'il va manger plus tard, ou boire.
Beaux personnages, belle lumière, beaux sentiments, beaux discours, un rien datés comme un hot jazz d'époque, ou un verre de sherry servi par une vieille tante (tss qu'allez-vous imaginer c'est celle du héros) en robe verte et rangs de perles assortis. Bien que très concentré pour ne manquer aucun sous-titre, je reconnais que j'ai plusieurs fois gloussé, voire éclaté de rire, on reconnaît bien là les qualités de dialoguiste de Woody Allen, et j'ai pu prendre au film un certain plaisir, même si j'étais à la fin si exténué que je n'en eus pas la force de me relever immédiatement.

 

(un blanc)

 

Mine de rien, quelques heures ont passé. je rentre du bôô cinéma (quelle surprise!) où je viens de voir "en vrai" Chaînes conjugales, de Joseph Mankiewicz. Quelle merveille! Je pourrais presque effacer tout ce que j'ai écrit ci-dessus, tant il n'y a pas photo si on compare les deux films. C'est glamour, c'est intelligent, c'est spirituel, c'est impeccablement mené.  Portrait brillant de trois femmes, parties pour la journée  en pique-nique scolaire, qui apprennent par courrier de la part d'une quatrième (en voix-off) qu'elle vient de partir avec le mari de l'une d'elles, et les voici chacune à introspecter successivement et à se demander si elle reverra le soir à la maison, en rentrant, son cher et tendre. Trois portraits, trois couples, trois façons d'envisager la vie maritale et trois états des lieux de la "guéguerre des sexes". Ici aussi, on parle beaucoup, mais sans qu'à aucun moment pourtant on ne ressente la moindre fatigue. Ça étincelle ça scintille ça effervesce ça palpite... Du grand art, de la dentelle hollywoodienne, que ce film de 1949, oscarisé en 1950 (dialogues et scénario si je me souviens bien) à côté de qui son successeur allenien (son petit-fils cinématographique en quelque sorte) paraîtrait presque vieillot et compassé. Le film est en noir et blanc, mais encore une fois c'est le Woody Allen qui semble bien pâlichon en comparaison.
Une merveille, vous dis-je, tant pour ce qui s'y dit (une critique du mariage n'est jamais pour me déplaire) que la façon dont c'est fait (les trois portraits successifs sont agencés (cadencés) comme trois facettes de la féminitude, avec une incontestable et subtile gradation à la fois dans le langoureux  le cruel et le sublime.) Carrément. Comme pour les cocktails dans le film, tout est une question de dosage entre l'alcool de la vacherie et le soda de la tendresse. Et les glaçons du glamour. Cheers!

CHAÎNES CONJUGALES
de Joseph Mankiewicz

artoff1547 595346

 

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