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lieux communs (et autres fadaises)
16 mars 2015

sixième de malher

LE DERNIER COUP DE MARTEAU
d'Alix Delaporte

J'avais bien aimé son précédent Angèle et Tony, surtout sans doute pour la présence tendrement massive de Grégory Gadebois, et le joli couple qu'il finissait par y composer avec Clothilde Hesme. Et bien là, c'est drôle, la réalisatrice a repris les deux mêmes acteurs, sauf qu'ils ne finissent pas par  constituer quoi que ce soit (la rencontre a eu lieu bien avant le début du film) : il est chef d'orchestre, elle a le cancer, et, entre les deux, un jeune homme : le fils qu'ils ont eu ensemble (il y a longtemps) et qui est en passe d'être sélectionné pour intégrer un centre de formation footballistique, et qui se trouve un peu chamboulé par le "retour" de son père en ville, la maladie de sa mère, le fait de devoir annoncer son recrutement, le manque de fric pour réparer la caravane dans laquelle ils vivent, les problèmes de bilinguisme du jeune fils des voisins, la féminité surchauffante de la "grande soeur" dudit fils, bref, il doit affronter tout ça en même temps, et c'est compliqué.
Lui qui ne jurait que par le foot, les maillots avec  les noms des stars, les jongles, l'entraînement, le voilà qui va se cogner frontalement à la "grande musique", via les répétitions de la Sixième de Malher, que son père dirige, et où il va s'insinuer comme le ferait un coin têtu (buté) dans un tronc énorme (Gadebois est vraiment imposant, en quasi-ogre barbu), au mileu d'une forêt qui le dépasse et le fascine progressivement de plus en plus.
Le film est plein de trajets, ceux du gamin, en stop le plus souvent, quelquefois dans la voiture des flics, et même, à la fin, dans celle de son père, d'allées et venues (de contre-allées en déconvenues...) de trajectoires aussi, la familiale (disjointe, avec son père, avec sa mère), l'affective (être grand frère ou presque, tomber amoureux, ou presque) la professionnelle (faire des choix pour l'avenir, les assumer), l'individuelle (affronter les choses en petit taureau les poings serrés), la collective (tableau sociétal : l'argent, la maladie, l'amour, etc.), toutes pistes que la réalisatrice suit plutôt bien, mais dont la multiplicité, le foisonnement, risquerait d'égarer un peu le spectateur lambda (que j'étais, à cette séance : imaginez, pas un film depuis quinze jours!).
Le début du film, formé d'une succession de plans très elliptiques le force d'ailleurs (le spectateur lambda) à être attentif, pour reconstituer les choses (qui est qui, et où est où), après ça s'arrange un peu, et on suit les différents fils en se posant quand même de temps en temps quelques questions. Portrait d'un adolescent, à ce moment particulier où on n'est déjà plus assez petit, mais pas encore assez grand, ce moment délicat où il faut savoir regarder de tous les côtés à la fois, et gérer tout ça aussi du mieux qu'on peut (mais fallait-il charger autant la mule du récit ? était-il indispensable que la maman soit cancéreuse ? et le papa chef d'orchestre ? et le fiston futur Zidane ?)
Un film sympathique, donc, (pour ce retour au monde du cinéma après quinze jours d'arrêt), d'autant plus que la réalisatrice a le tact (et l'intelligence) d'éviter les précipices gros comme une maison qui lui tendaient les bras : ni mort de la maman sur fond de soleil couchant et de Malher aussi, ni reconstitution de la cellule familiale à la dernière seconde et youp la boum, juste une chronique compliquée et simple comme la vraie vie, même si elle risque de ne pas me laisser grand-chose au bout du compte (à part la sympathie massive que je ressens pour G.G), mais n'est -ce pas le lot de presque tous les films ?

050571

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