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lieux communs (et autres fadaises)
11 décembre 2015

kelly

LES COW-BOYS
de Thomas Bidegain

Jean-Luc m'en avait chanté les louanges, ce qui me laissait un peu sceptique (et comme il est dit dans la bande-annonce de Mommy "Les sceptziques seront confondzus..."), Marie aussi m'en avait dit grand-bien, j'avais un peu plus confiance. J'y suis donc allé cet après-midi au Beaux-Arts.
C'est vrai que c'est vraiment bien.
Je ne savais rien du film,à part François Damiens, la titre, et, me semblait-il un certain rapport avec l'intégrisme, mais pas plus que ça. Surtout que ça commence à une convention de musique country en 1994 et que je me suis dit que j'avais dû confondre. mais pas du tout. Il s'avère que la petite famille de François Damiens va rentrer incomplète de cette joyeuse journée stetson et square dance, puisque Kelly, la fille aînée y a disparu. Enlèvement ? Fugue ? Le papa prend les choses en main, et en découvre assez rapidement de belles sur sa fille : elle sèche la piscine depuis un certain temps, elle a un petit copain, il s'appelle Ahmed, et, surtout, elle a dans sa chambre un cahier où elle s'est visiblement et studieusement exercée à apprendre l'écriture arabe. Aïe! Le papa tombe des nues mais continue à retourner ciel et terre, malgré les avertissements et les recommandations des gens plus ou moins louches qu'il est alors amené à fréquenter, dans ce jeu de piste qui l'entraîne de ville en ville à la recherche de traces éventuelles ou d'indices à propos de sa fille, (qui est devenue sa seule et unique préoccupation.)

Jusqu'à ce que...

(Bon là il faut que j'arrête de raconter précisément pour ne pas trop spoiler). Le film a recours a une ellipse (dont je l'avoue j'ai mis un tout petit peu de temps à réaliser...) pour continuer son histoire, et la poursuite de la traque de Kelly par son papa...

Jusqu'à ce que... (là il faudrait que je m'arrête de raconter tout à fait). Dire quand même que le film subit à nouveau un rebondissement (c'est le cas de le dire) inattendu (un clivage, cette fois plus spatial que temporel) où se continue la même histoire mais avec de nouveaux enjeux et/ou d'autres moyens, jusqu'à ce que se produise enfin ce qu'on attendait/espérait/supposait depuis le début, sans que ça soit finalement si démesurément larmoyant qu'on aurait pu le craindre.

Puis vient le générique de fin, qui pourrait à lui seul justifier de voir le film, puisqu'on y entend une relecture country banjoïsée de Small Town Boy (de Bronski Beat) chanté par Thomas Bidegain lui-même, (où, tiens c'était peut-être fait pour, j'ai tout à coup senti poindre et s'écouler quelques apaisantes larmichettes.) doublement intriguant, à la fois par sa relecture, et aussi peut-être par le soudain SSSSTG (sous-sous-sous-sous-texte-gay) qu'elle semblerait soudain supposer (et que, chose plutôt rare je n'aurais soupçonné à aucun moment), les paroles de la chanson ne sont pas anodines, et l'auteur a bien dû les choisir en connaissance de cause, non ?

Dire aussi que la distribution est à couvrir d'éloges (François Damiens impressionnant de rigueur -même si je le trouve parfois moins juste dans les scènes de colère-, le jeune Finnegan Oldfield tout autant, sinon plus, à complimenter, et des seconds rôles qui m'ont spécialement ravi (John C. Reilly, même si ça devient un peu banal ces derniers temps, et Jean-Louis Coulloch' dans juste deux ou trois scènes, Antoine Chappey dans pas beaucoup plus, et Djemel Barek que je ne connaissais pas mais que j'ai trouvé grandiosement juste -oui, je sais je sais je ne parle que des rôles masculins, c'est sans doute maladroit et partial, mais je dois bien reconnaître que les rôles féminins (la mère, la fille, l'épouse) ne sont pas autant exposés en première ligne (le réalisateur a choisi pour les interpréter des actrices peu ou pas connues).- Les Cowboys est sans conteste "un film d'hommes", même si le personnage central, le plus important, celui qui justifie tout le film, est un personnage féminin : celui de la fille (et de la soeur), et y figure en négatif, "en creux".

Les hasards de la programmation ont fait que le thème du film retentit d'une façon particulière, mais il serait sorti plus tard ou plus tôt que ça ne lui aurait rien ôté de sa force. La scène finale est magnifique d'économie et vient (trop?) parfaitement boucler la boucle (de ceinturon de cowboy) sans effusions ni dialogues superflus, tout se joue dans les regards et le silence. Et on quitte le film comme celui qui sort de la boutique, un peu furtivement et le coeur battant.

Les Cahiaîs décrochent pour le coup la palme de la critique salope (je pense que je vais finir par me désabonner)...

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