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lieux communs (et autres fadaises)
3 juin 2016

a.s.e

THEO & HUGO DANS LE MÊME BATEAU
d'Olivier Ducastel et Jacques Martineau

Le nouveau Ducastel et Martineau, qu'on a programmé sans même savoir de quoi il retournait (il me semble qu'Hervé l'avait vu au GNCR). Trois séances prévues dans le bôô cinéma, et à la première nous étions trois (avec notamment le gentil monsieur de Lons-le-Saulnier déjà évoqué par ici précédemment...)
Ducastel et Martineau sont pour moi, en tant que pédé de base, strictement inattaquables, pour leur engagement vis-à-vis de la cause LGBT (surtout le G) et dans leur lutte par rapport au SIDA.
Je pensais avoir vu tous leurs films depuis Jeanne et le garçon formidable jusqu'à Nés en 68 (qui est celui qui m'a le moins convaincu), amis je vois sur all*cinépoint freu que j'en ai manqué deux : L'arbre et la forêt et Juste la fin du monde (de Lagarce Jean-Luc, dont on prononça le nom sur la grand-scène Cannoise grâce à / à cause de Xavier Dolan et de l'adaptation qu'il vient d'en faire) que je viens donc de commander illico (puisqu'on ne peut se les procurer autrement...)
Il est souvent question de messieurs dans les films de D&M, et celui-ci ne va pas faillir à la règle. Ca démarre par une scène très hot, dans une boîte gay (un sauna ?), où les messieurs se promènenet zigounette à l'air, et ne cherchent visiblement qu'une chose : une autre zigounette (ou plus si affinités). Tout le monde à poil, musique techno, éclairages bleus et rouges comme dans un film de Dario Argento (ou l'affiche d'un Almodovar), bref chacun cherche son chas, et il y a vraiment beaucoup d'aiguilles dans cette botte de foin. (FAQV). Jeu des regards, puis on se touche, on se caresse, on se goûte, avec toujours la perspective d'autre chose, ailleurs, plus loin. Le fameux "quelqu'un d'autre" qu'on cherche, l'idéal, le suivant, celui qui serait forcément mieux que celui qu'on a sous la main (ou sous autre chose).
Hugo et Théo se rencontrent, se regardent, se rapprochent, se caressent, et finissent par baiser furieusement (façon de parler, c'est juste très sensuel, même si le "très sexuel" n'a provoqué qu'une interdiction aux moins de 16 ans). Ils font l'amour, et ça leur a visiblement plu à tous les deux, et ils se nettoient, se rhabillent, sortent de là, et on sait précisément l'heure qu'il est, puisque le temps nous est conté (on a eu l'heure de début, on aura 1h39 après celle de fin) oui il s'agit de temps réel (oui oui les critiques l'ont dit comme avec Corinne Marchand dans Cléo de 5 à 7). Sauf que Corinne Marchand attendait de savoir si elle avait le cancer ou pas, tandis que, pour nos deux gay tourtereaux, il s'agit de savoir s'il y aura séropositivité ou pas. Car, dans le feu de l'action, l'un a , quelle insouciance, pénétré l'autre sans capote, et l'autre était séropositif.
Le film bascule alors dans sa deuxième partie, une déambulation nocturne dans Paris, (c'est beau une ville la nuit, et c'est beau deux mecs qui se roulent une pelle au beau milieu d'une rue parisienne) d'abord aux Urgences, (questionnaire, protocole, trithérapie), puis dans les rues, et d'autres lieux, avec la palette (l'arc-en-ciel serait ici tout LGTBesquement approprié) des sentiments découlant de cette boulette d'inconscience. La roucoulade initiale vire d'abord à la colère, puis à la réconciliation, puis à la dispute, tandis que ces deux jeunes gens se rapprochent, s'apprivoisent, s'évaluent, pour se dire si ça vaut vraiment la peine (et entendent-ils une petite voix qui leur chuchote "Tu vas encore te faire du mal..." ?)
Cette deuxième partie (la troisième, surtout, celle après les urgences) est parfois moins convainquante, les dialogues en sont quelquefois maladroits, mais, midinet un jour midinet toujours, on prend le temps de les suivre, avec une bienveillante attention, jusqu'au petit matin (et une très jolie scène qui m'a semblée quasiment pompée sur Ida, mais on a déjà vu plus mauvais sujet d'inspiration).
Je m'interroge juste sur la portée du film dans nos lointaines (et bourbeuses) provinces : à quelle réalité peut-il, dans la majorité des cas, faire référence ? (Il n'y avait qu'à voir le nombre de spectateurs, à cette première séance : une dame, le gentil monsieur de Lons et moi...). En ces temps où même les cinéastes roumains craignent que le "cinéma d'auteur ne devienne un cinéma de niche", on peut craindre que le film puisse avoir du mal à trouver son public, que l'aspect "prophylactique" apparaisse trop pédagogique pour certains, et la partie fornicatoire beaucoup trop démonstrative pour d'autres. (Ce qui semble hélas s'être produit).
Je le souhaite pourtant vraiment de tout coeur, que cela puisse faire du bien à quelques-uns, de part et d'autre (le rapport sexuel pour les uns / le centre Info sida service pour les autres), et que le message d'amour soit globalement bienfaiteur pour tous les troisièmes (car c'est bien d'amour dont il est question avant tout...).
Les deux acteurs m'étaient inconnus, et ne font justement que renforcer l'aspect "ça peut arriver à tout le monde" de l'histoire (à la fois l'amour et la contamination), ils sont tout mimis, comme leur histoire d'amour naissante, comme le soleil se lève, à la fin, sur un nouveau jour, de nouveux espoirs, de nouvelles perspectives. De grandes espérances.

301770

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