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lieux communs (et autres fadaises)
2 janvier 2018

le papier dans la fente du mur

220
A GHOST STORY
de David Lowery

Vu à Clermont, au Capitole, dans une petite salle (la 4) et on y est allé à 5. Choisir un film à plusieurs n'est pas une mince affaire, mais ici le deal avait été conclu assez facilement : proposé par Dominique et moi, le film avait été accepté sans problème (gentiment) par les autres. Un film que j'avais indéniablement envie de voir, et que je suis très content d'avoir vu (ce qui n'était pas le cas de toutes /tous).
Une histoire de fantôme, donc, le titre annonce la couleur et ne ment pas. Le fantôme d'un jeune homme, dans une maison, qui regarde sa copine vivre sans lui, puis s'en aller... Le pitch semblait léger pour tenir les quatre-vingt-dix minutes réglementaires, d'auyant plus que, au début, on a le sentiment que le réalisateur étire la durée de ses plans fixes au-delà des limites du raisonnable (mais ça, personnellement, j'adore). Mais -on n'est ni dans Ghost (ah la poterie) ni dans Truly madly deeply (ah le violoncelle et le piano, celui-là je l'avais adoré)- c'est surtout l'histoire du fantôme, du fantôme tout seul et tristounet (on le suppose, puisqu'il est ne parle pas) sous son petit drap avec deux trous pour les yeux, (comme dans ses représentations les plus basiques), qui doit se débrouiller tout seul pour passer le temps comme il peut (temps qui ne passe pas exactement pour lui comme pour les autres, les vivants je veux dire -remarquez, dans la salle, c'était un peu pareil, entre les deux ados de devant qui gigotaient, allumaient et éteignaient leurs téléphones, et ont fini par se lever et sortir d'assez peu discrète façon, les deux autres donzelles un peu plus loin qui boulottaient je ne sais quoi, quelqu'un à ma droite (que je ne nommerai pas) qui ronflotait, le temps ne passait visiblement pas pour tous de la même façon, et chacun l'appréciait -ou pas- à son rythme...-)- et on reste donc en sa compagnie tout le temps, qui passe d'ailleurs dans un sens ou dans l'autre.
Le temps, il en est justement beaucoup question, au fil d'un scénario malin (au bout d'un quart d'heure, on se demande vraiment comment le réalisateur va pouvoir "tenir la distance", mais il le fait, et d'assez brillante façon). mais je ne peux pas trop en dire.
C'est un film "de festival" (trois prix à Deauville 2017, tout de même) plus qu'un film à pop-corn, c'est incontestable (mais que faisaient donc là tous ces ados popcorneux ?) Et si on est en droit de trouver agaçants certains choix (écran carré arrondi dans les coins, comme un vieux projecteur, plans-séquences étirés, absence de dialogues, absconsité du propos)  on est tout aussi en droit de les accepter, ces tics (ou ces joliesses), de les savourer (ce fut mon cas) et de se laisser porter (dériver, troubler, chavirer) par ce  très joli film (très très triste aussi). C'est un équilibre très délicat que le réalisateur a trouvé, précaire par instants, car il s'en faudrait de peu pour que certains détails (le choix du drap avec des trous pour les yeux, par exemple) tombent dans le ridicule.
Mais le film se tient, et d'ance dignement.
J'avoue qu'il s'en est fallu de (très) peu qu'il ne figure aussi, in extremis, dans mes films de l'année (à cause d'un scène, peut-être la seule, que je trouve maladroite, et maladroitement démonstrative, parce que sortant de la réserve et du minimalisme avec lesquels le film avait jusque là -et merveilleusement- fonctionné). Mais c'est vrai aussi que je continue d'y penser.
Et que, tiens, celui-là me revient, il vaut mieux a priori être fantôme chez Burton (Beetlejuice et ses facéties post mortem) qu'ici, chez David Lowery. Ça a l'air bien plus rigolo. A priori, je répète.
Mais que ce fantôme ici est touchant, dans son mutisme et son inexpressivité, dans sa simplicité. Qui permet d'autant plus à chaque spectateur de mieux s'y projeter.
Plus j'y pense et plus je m'y attache...

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la version américaine est juste un poil plus sobre...

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