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lieux communs (et autres fadaises)
9 avril 2020

supplément au CCCC24

(recopié -à ma demande - en 22 minutes par Pépin, je ne me souvenais que des derniers mots -en rouge- de la tirade de Florence)

L’Ainée

 

J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie

vienne.

Je regardais le ciel comme je le fais toujours, comme

je l’ai toujours fait,

je regardais le ciel et je regardais encore la campagne

qui descend doucement et s’éloigne de chez nous, la

route qui disparait au détour du bois là-bas.

 

Je regardais, c’était le soir et c’est toujours le soir que

je regarde, toujours le soir que je m’attarde sur le pas

de la porte et que je regarde.

J’étais là, debout comme je le suis toujours, comme

je l’ai toujours été, j’imagine cela,

j’étais là, debout, et j’attendais que la pluie vienne,

qu’elle tombe sur la campagne, les champs et les bois

et nous apaise.

 

J’attendais.

 

Est-ce que je n’ai pas toujours attendu ?

 

(Et dans ma tête, encore, je pensais cela : est-ce que

Je n’ai pas toujours attendu ? et cela me fit sourire, de

me voir ainsi.)

 

Je regardais la route et je songeais aussi, comme j’y

songe souvent, le soir, lorsque je suis sur le pas de la

porte et que j’attends que la pluie vienne,

je songeais encore aux années que nous avions vécues

là, toutes ces années ainsi,

nous, vous et moi, toutes les cinq, comme nous

sommes toujours et comme nous avons toujours été,

je songeais à cela,

toutes ces années que nous avions vécues et que nous

avions perdues, car nous les avons perdues,

toutes ces années que nous avions passées à l’attendre,

celui-là, le jeune frère, depuis qu’il était parti,

depuis que son père l’avait chassé,

 

aujourd’hui, ce jour précis, je pensais à cela, en ce

jour précis, je pensais à cela,

 

toutes ces années que nous avons perdues à ne plus

bouger, à attendre donc

 

(et là encore, peut-être, je me mis, une fois de plus, à

sourire de moi-même, de me voir ainsi, de m’imaginer

ainsi, et de sourire ainsi de moi-même me mena

vers le bord des larmes, et j’eus peur d’y sombrer)

...

(J'étais dans ma maison et j'attendais que la pluie vienne / Jean-Luc Lagarce)

 

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Commentaires
C
... non seulement Pascal, mais, je dirais même plus, Dominical<br /> <br /> :o)
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D
Aujourd'hui, miracle Pascal, le texte de Lagarde m'est apparu en français...
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C
Thierrychounet, je ne comprenais pas pourquoi tu me parlais de cyrillique, c'est Dominique qui m'a expliqué que le texte était effectivement apparu en cyrillique! Telle n'était pas du tout mon intention! Ach Archi désolé, j'espère que dorénavant c'est plus lisible! Signé : Le lapin de pâques
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B
Les Slaves et les Grecs je les apprécie moyen en cyrillique.<br /> <br /> C'est mon côté beauf.<br /> <br /> Quant à Duras je regrette qu'elle ne se soit pas noyée beaucoup plus tôt dans une cuve de vinasse. Ca nous aurait épargné bien des conneries !<br /> <br /> Un alcoolique anonyme anti-toux
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C
Eh Oui Mimi... Et toi, au fait, que deviens-tu ? Comment te confines-tu ?
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