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lieux communs (et autres fadaises)
16 juillet 2020

bachi-bouzouks et antéchrist

059
MALMKROG
de Cristi Puiu

N'y allons pas par quatre chemins : une énorme déception.
D'autant plus que venant d'un cinéaste que j'adore (La mort de Dante Lazarescu, Aurora, Sieranevada). Avec en plus le sentiment désagréable de ne pas avoir vu le même film que les critiques, tellement les articles sont dithyrambiques (le mot de chef-d'oeuvre revient même régulièrement).
Je l'ai déjà dit : la dialectique*, ça m'emmerde. (Mon cerveau n'est pas configuré pour ça).
(*Larousse : Méthode de raisonnement qui consiste à analyser la réalité en mettant en évidence les contradictions de celle-ci et à chercher à les dépasser. / Suite de raisonnements rigoureux destinés à emporter l'adhésion de l'interlocuteur : Une dialectique implacable.)
Le film est l'adaptation (la "mise en images") de Trois Entretiens (sur la guerre, la morale, et la religion) de Vladimir Soloviev (un grand philosophe russe) auxquels est  adjoint, wikipédioche me l'apprend, son appendice, un quatrième, en guise de coda, la Courte relation sur l'Antéchrist.

"Les Trois Entretiens, imprégnés de philosophie et de théologie, ont l'attrait d'un exercice littéraire fort élégant, très dégagé et aussi, dans le meilleur sens du mot, mondain. Ils donnent l'idée la plus exacte de l'imprévu et du charme que présentait la conversation du grand philosophe russe." (extrait de la notice de présentation de l'ouvrage sur un site marchand).
Six personnages (en quête de hauteur hihihi) qui piapiatent, donc (pour la petite histoire, Puiu en a modifié plusieurs du manuscrit original pour les accommoder à sa sauce), dans une maison ma foi plutôt cossue, pour ne pas dire luxueuse, qu'a mise à leur disposition le maître des lieux, six beaux parleurs entourés par un ballet de serviteurs, dans un dispositif très académique ... et très statique.
Comme si les personnages de Tchekhov se mettaient soudain à déclamer le Tractatus Logico-Philosophicus de Wittgenstein (que je n'ai jamais lu non plus, je vous l'avoue -je vous rassure-) ou Le Discours de la Méthode. Bref, je me suis copieusement ennuyé (autre version : prodigieusement fait chier) et j'en étais attristé, pour moi, pour les personnages, pour Puiu, bref pour le monde entier... D'autant plus qu'il y a pas mal de moments, ici là-bas, ailleurs, que j'aime beaucoup dans le film : tout ceux où justement, les personnages cessent de gloser. Ces moments deviennent comme des respirations bienvenues au milieu de cette apnée dialectique (et, curieusement, j'ai omis de le préciser, en français : les personnages ont des prénoms français et s'expriment en français (même si on entend aussi, ça et là, de l'allemand et du russe me semble-t-il...), et les choses auraient sans doute été plus faciles s'ils l'avaient fait en roumain (Quoique... Le fait de ne pas avoir à lire les sous-titres nous permet aussi d'apprécier les cadrages et la mise en scène (car Cristi Puiu a fait un sacré beau travail, il faut le reconnaître, et les regrets sont encore plus profonds quand on lit la façon dont il en parle, et qui donne vraiment envie de voir le film... Arghhhh!)
Pour me changer les idées, je suis allé farfouiller sur Netflixmuche, où on peut trouver le -passionnant- Aurora, dont il dit (dans une de ses interviews) qu'il lui a, pour l'occasion, rajouté dix minutes (3h10, donc...), et j'ai commencé à le re-regarder et à me re-régaler (c'est un film que j'aime énormément...)

 

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les piapiateurs, dedans

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 les mêmes, dehors

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