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lieux communs (et autres fadaises)
31 octobre 2020

RCC1

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Pour faire un clin d'oeil amical à Erri de Luca (vous comprendrez pourquoi le 1er novembre ei vous lisez mon calendrier d'octobre) il ne sera question que de petits bonheurs, à chaque jour suffira le sien, hein...
Aujourd'hui il sera question de l'inauguration du CDADR (calendrier d'avent du reconcon)

20201030_141947

Quand j'aurai fini la boîte (à raison de 1 par jour, n'est-ce pas, Dominique ?) quatre semaines seront passées...
Le chocolat d'aujour'hui était blanc à la noix de coco... (celui que vous voyez au-dessus sur la photo), je l'ai savouré en buvant le premier café fait avec ma nouvelle petite cafetière (ils recommandaient de sacrifier les premières tasses, je ne l'ai pas fait, mais bon ça n'était pas si terrible...)

*
Malou a cuit ce jour son premier gâteau, moi ce fut ma première quiche, dans mon nouveau four (merci encore Manue!), pour lequel j'ai inauguré une cette de pâte à tarte sans matière grasse (200g de farine / 1 yaourt / un jaune d'oeuf et hop!) pas mal du tout...

*

et je ne pouvais pas ne pas vous faire profiter de ce texte beau et juste de Philippe Lançon, aujourd'hui dans le supplément culture de Libé, sous le titre LES LIVRES DANS LA JUNGLE :

"Lorsqu’elle est, à tort ou à raison, considérée comme peu légitime ou mal justifiée, l’autorité a toujours des relents de jésuitisme, autrement dit, de casuistique et d’hypocrisie plus ou moins consciente. La casuistique par temps viral consiste par exemple à décider quels commerces sont essentiels à la vie des citoyens-enfants et lesquels ne le sont pas. Elle apparaît aussitôt pour ce qu’elle n’est pas forcément. D’une part, un bricolage montant les uns contre les autres, comme en cours de récré, sur le thème: «Pourquoi lui il a le droit d’ouvrir et pas moi?» D’autre part, et contradictoirement, un rouleau compresseur cohérent reconduisant chacun vers un durcissement de l’increvable slogan (travail, famille réduite au plus strict noyau, patrie en danger), et, puisque l’économie de guerre doit rester plus que jamais libérale et de masse, vers ce banal eldorado industriel qui fit rêver et continue de nourrir la plupart d’entre nous : les grandes surfaces.

Nous savions depuis mars que, pour les contremaîtres affolés qui gouvernent les démocraties mal en point, les librairies appartiennent à la catégorie des commerces dispensables en temps de guerre (virale). L’homme travailleur et confiné, cette fourmi nerveuse, doit pouvoir se passer de livres, ou, plus exactement, de cette curiosité propre à qui entre dans une librairie avec une idée en tête, mais l’esprit assez flottant pour suivre un conseil ou ce que le hasard lui met sous les yeux. On n’ose plus dire: sous la main, alors même que toucher un livre, le feuilleter, le flairer, lire sa quatrième de couverture, en apprécier le format, la mise en pages, tout ce travail propre à l’objet qu’effectuent encore tant de «petits éditeurs», annoncent le plaisir de lire qu’ils enveloppent et enluminent.

Après une réunion de crise et une journée de protestations des librairies indépendantes, Bercy a choisi non de rouvrir ces dernières mais de corriger la distorsion de concurrence en demandant aux grandes enseignes comme la Fnac d’interdire l’accès de leurs clients au rayon livres. Un mauvais esprit dirait qu’une vertu secondaire de la Covid est qu’en fermant les librairies, elle tue enfin les prix; mais les prix s’adaptent, et plusieurs jurys (Goncourt et d’autres) ont annoncé qu’ils reportaient leurs distributions à des jours meilleurs. Ils savent que leur survie dépend autant des librairies que celles-ci dépendent d’eux.

Il ne faut pas être grand clerc, ni bien original, pour conclure de tout ça que si ce virus darwinien n’existait pas, le capitalisme culturel et le bon sens propre au poujadisme auraient pu l’inventer. Il semble accentuer le glissement, en chacun de nous, vers les écrans, les commandes en ligne, les produits de consommation de masse, tous phénomènes qui contribuent, entre autres, à dissoudre cet individu autonome, silencieux et récalcitrant: le lecteur. On parle beaucoup du respect dû aux minorités. Le lecteur reste un être minoritaire. Il est toujours seul quand il lit. Grâce aux libraires, il l’est aussi quand il choisit. Non pas seul face au vide et dans le vide que cette société effroyablement bruyante fait en lui, mais librement, intensément, richement seul. Il a aussi une petite chance d’y échapper à la brutale caricature de lui-même que ce monde ne cesse de lui renvoyer. Ces petits océans de mots, de nuances, d’images fixes et de papier sont désormais fermés." Philippe Lançon

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Et voilà pour ce J1 (et c'est déjà pas mal, eh oh)

 

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