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lieux communs (et autres fadaises)
5 février 2021

poulailler 34

"Refus d’asile

C'était au mitan des années 90, au pire moment de la guerre civile en Algérie. On escortait jusqu'à Marseille un ancien policier algérien à qui la France avait refusé l'asile. Il devait être expulsé de l'autre côté de la Méditerranée. On était trois collègues et lui dans le break Mondeo blanc de la PAF. Sur "l'autoroute du soleil", comme on dit. Tiens, c'était un jour de soleil blanc d'hiver, comme aujourd'hui où je vous écris. De ma vie de flic, je n'ai jamais été aussi mal à l'aise. Pire que quand on croisait la "faucheuse" sur une scène de crime. On savait tous qu'on emmenait au casse-pipe cet homme, qui n'en finissait pas de contempler les paysages de la Provence. Le silence était plombant comme celui d'une morgue. Le collègue conduisait pied au plancher, sur la file de gauche de l'autoroute. Il m'avait soufflé "Plus vite on ira, plus vite ce sera terminé". Sur le coup, je lui aurai bien foutu mon poing dans la gueule. Mais à sa façon d'épier nerveusement notre homme dans le rétroviseur, j'ai bien compris que le collègue était salement emmerdé.

Cafés

Je ne sais plus sur quelle aire d'autoroute nous nous sommes arrêtés. Nous avons pris de l'essence. Notre "débouté du droit d'asile", comme on disait, a demandé s'il pouvait faire quelques pas. Machinalement, bêtement, je lui ai soufflé : "Tu fais pas le con." Puis les deux collègues l'ont accompagné, tandis que j'allais chercher des cafés. J'ai commandé une crêpe aussi. Avec beaucoup de Nutella. D'emblée, je savais que c'était pour lui. Ne me demandez pas pourquoi, je ne sais toujours pas, et pour tout dire, je n'ai pas envie de savoir. J'ai posé la crêpe sur le bout de la table en bois de l'aire de pique-nique. Notre homme ne m'avait pas vu venir car il me tournait le dos. Il était debout, fumait face à la garrigue que faisait frissonner le vent. Quand il s'est retourné et qu'il a vu la crêpe à sa place, j'ai soigneusement évité son regard et je me suis carapaté pour aller pisser.

Gosse

Quand on est remonté dans la bagnole, il a murmuré "merci". Quelques semaines plus tard, quand on a appris qu'il avait été tué en Algérie, mon collège m'a juste soufflé : "Il avait mangé ta crêpe comme un gosse." Alors oui, je vais faire des crêpes. Mais pas sûr que j'en mange."

(j'aurais dû vous la mettre le 2, pour la Chandeleur, cette belle histoire de crêpe qui m'a mis les larmes aux yeux, dûe à la plume de ce toujours très cher Jacky Durand, in Tu mitonnes / Libé, mais j'ai oublié, alors la voici, juste avec un peu de retard)

*

ce matin Manue est passée boire le café "sur ma terrasse" (= dans ma cuisine), et elle a de plus permis d'entrer à un très joli facteur rebeu qui m'apportait deux paquets : un coffret de 7 dvd de Hang Sang-Soe et un colis en provenance des Ducs de Gascogne, contenant quelques terrines apéritives (comme résumait Manue "comment se faire plaisir...". Merci gentil joli facteur, rapportez-moi donc des paquets chaque fois que vous avez envie...

*

Clermont : aujourd'hui, vu

F2

SOGNI AL CAMPO
de Mara Cerri et Magda Guidi

Capture d’écran (1513)

Un film à l'animation que j'ai trouvée magnifique (pastels ?), l'histoire d'un gamin et d'un chat roux...

LES MAUVAIS GARCONS
d'Elie Girard

Capture d’écran (1519)

En quarante minutes, une histoire de trois potes (dont on verra deux beaucoup plus que le troisième) quie est sans doute le film que j'ai préféré de la journée. Les copains d'abord, en version plus intime. Cyprien et Guillaume se consolent de voir Vincent moins souvent. Leur point de ralliement : Les Mille et une nuits, dont ils semblent être les seuls clients... C'est simple, fort, pudique, touchant, même si ("en principe") très hétéro-normé (clic clic Pépinou) et les deux acteurs principaux sont juste parfaits.

SALEM
de Sophie Beaulieu

Capture d’écran (1520)

Un court grinçant avec des "vedettes" (qui ont leur nom au générique avant les "autres") pour une histoire de famille où deux femmes, "pièces rapportées",  foutent le bordel dans une famille bourgeasse et s'emploient à secouer un peu les vieilles habitudes et les conventions, justement, familiales...

DIEU N'EST PLUS MÉDECIN
de Marion Le Corroller

Capture d’écran (1522)

Un film surprenant, centré sur une jeune stagiaire aux Urgences : au début on croit voir venir un constat sur la surcharge de travail et le manque de moyens en milieu hospitalier, et le film dévie soudain sur autre chose, un genre de fantastique un peu inattendu dans ce mileu médical traité de façon hyper reéaliste (la fameuse 'inquiétante étrangeté"), on pourrait penser, d'assez loin, à Grave, (et on est content, en tout cas, de retrouver Maryline Canto en chef de service...)

L5

SANTIAGO 1973 2019
de Paz Corona (France)

Capture d’écran (1525)

Documents d'archive en split-screen qui tendraient à prouver que, de 73 à 79, de Pinochet à Piñera, c'est toujours la merde au Chili, et les méthodes de la police, ici comme ailleurs, n'ont pas changé non plus...

THE UNSEEN RIVER
de Lân Phạm Ngọc (Vietnam)
Dormi / Pas de photo / à revoir

Capture d’écran (1562)

(Revu ce matin et j'ai bien fait, un film à l'ombre de Bouddha, au fil de la rivière, comme un petit cousin un peu tatoué d'Apichatpong... Hypnotique et méditatif, et véritablement immersif... Fascinant)

PUSH THIS BUTTON IF YOU BEGIN TO PANIC
de Gabriel Böhmer (Royaume-Uni)

Capture d’écran (1535)

Une animation de papier canson, qui, même si virtuose,  m'a laissé un peu froid

MENSCHEN AM SAMSTAG
de Jonas Ulrich (Suisse)

Capture d’écran (1529)

Juxtaposition / Cohabitation de saynètes minuscules mettant en scène des gens. Très "Suisse".

K'S ROOM THE CREATION AND DESTRUCTION OF THE WORLD
de Wei-Lin Hung (Taiwan)

Capture d’écran (1532)

Un intriguant -et très réussi- vrai/faux manuel de conversation, en split-screen aussi. Plaisant.

EMPTY PLACES
de Geoffroy de Crécy (France)

Capture d’écran (1539)

La perle de ce programme, une animation "en boucle" (lignes claires et couleurs franches),  qu'on ne se lasserait pas de regarder sans fin, sur "la mélancolie des objets", partant du détail pour reculer jusqu'au plan d'ensemble. Acidulé et attendrissant.

F1

ABADA
de Jean-Benoît Ugeux

Capture d’écran (1543)

Retrouvailles (et rapprochement) entre père et fils, autour d'une BD réalisée par le fils et qui parle de son père, qu'il lui a envoyée et que son père n'a pas voulu lire

EVA VOUDRAIT
de Lisa Diaz

Capture d’écran (1545)

Le plus long (56', mais on ne voit pas le temps passer) des films vus jusqu'ici en compèt', dont l'héroïne, Eva,  doit aller à Bruxelles faire congeler ses ovules, et va rencontrer des gens sur son trajet, avec une escale conséquente à Boulogne, en fanfare. Très réussi,avec une actrice magnifique, Caroline Ferrus.

JEUNESSE PERDUE
de François Zabaleta

Capture d’écran (1546)

Sur des images qu'on suppose d'époque le réalisateur évoque en voix-off ses vingts ans, quand il est parti à San Francisco... Touchant  mais un peu court.

MARTIN EST TOMBE D'UN TOIT
de Matias Ganz

Oups j'ai dormi. Pas de photo. Je revois c'est promis

Capture d’écran (1556)

(Voilà je l'ai revu et j'ai bien fait (enfin, plutôt "vu" puisque il m'en manquait quasiment les trois quarts, de ce joli film), Martin avec son plâtre et sa copine Jeanne enceinte de beaucoup dans un genre de comptine ironiquement affectueuse (affectueusement ironique) rythmée par des souffles de bandonéon.)

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